Chronique de Concert
Giant Sand feat. The Desoto Caucus, Lucie Idlout & Lonna Kelley
Faire la liste des gens avec qui il a collaboré pour ses albums serait trop long. Mais cette liste comprend la crème des musiciens, chanteur et auteurs anglophone (qui apparaissent toujours discrètement, dans les crédits des albums)... N'oublions pas qu'Howe Gelb est également le "papa" de Calexico, puisque John Convertino et Joey Burns ont fait leurs classes en étant bassiste et batteur de Giant Sand... Bref, autant dire qu'aller voir Giant Sand, que se trouver en face d'Howe Gelb revenait, pour moi, à se retrouver en face d'un mythe, d'une montagne de sable du désert de l'Arizona qui devait me foutre une claque sonore et m'ensevelir.
S'attendre à ça, c'était oublier qui est Howe Gelb, oublier que les albums de Giant Sand, contrairement à ceux de ses autres groupes, aiment jouer au yoyo, nous faire prendre des douches écossaises, nous emportant parfois pour des voyages dans les nuages d'altitude, nous laissant aussi souvent sur notre faim au fond des abîmes de l'ennui. C'est donc sans doute avec trop d'enthousiasme et d'attente que j'ai pris la route de Rognes ce mercredi soir pour rejoindre cet Espace Doun (rempli) à la programmation décidément impeccable.
Les premières parties sont assurées par les membres qui forme actuellement le groupe Giant Sand: The Desoto Caucus (Anders Pedersen, Thøger T. Lund et Peter Dombernowsky), et les chanteuses qui accompagnent Howe Gelb pour cette tournée : Lucie Idlout, puis lonna Kelley. Chacun chante environ trois chansons, avec plus ou moins de réussite, plus ou moins d'énergie, plus ou moins de personnalité. Celle qui s'en sort le mieux est sans aucun doute Lucie Idlout, surtout quand elle chante seule, accompagnée par un jeu de guitare sommaire mais efficace et énergique (comme sa voix).
Tout s'enchaîne vite, et le passage à Giant Sand se fait en moins de temps qu'il n'en faut pour se griller une cigarette dehors (il est vraiment temps d'arrêter de fumer !).
Howe Gelb commence au piano... Deux ballades peu convaincantes à mon goût. Il faudra attendre qu'il prenne une de ses deux guitare, hausse ses sourcils inquiétants et chante en alternant entre ses deux micros (un des deux réverbérant sa voix) pour que je commence vraiment à entrer dans le concert. Pas trop longtemps cependant puisqu'une paire des chansons suivantes me fera redescendre sur terre, au milieu d'un public dont les morceaux précédents m'avait fait oublier la présence. Puis ce sera le retour de deux ou trois chansons fabuleuses, scotchantes et enivrantes... qui laisseront à nouveau la place à un ou deux titres moins habités, plus entendus... Howe Gelb et ses comparses passent la soirée ainsi, à m'emporter vers la félicité pour me ramener peu de temps après vers la lassitude. Les interventions de Lucie Idlout sont, de même, contrebalancées par celles d'Ionna Kelley. Les riffs de guitare subtils d'Anders Pedersen alternent avec ses numéros de guitare héro qui en fait trop... Douche écossaise permanente.
Avec le recul, je me dis que tout ça a une certaine logique, une cohérence avec les albums de Giant Sand, avec le foutoir jouissif et désappointant qu'on y retrouve : un très très bon album, un moins bon, puis un tout à fait inutile... Et surtout, sur un même album, un titre époustouflant qui en suit un autre qui laisse indifférent. Giant Sand c'est tout ça, Howe Gelb est tout ça : une présence charismatique, une voix profonde, des guitares à la hauteur du mythe, des mélodies millimétrées, mais aussi parfois des sons étranges, crades, à la limite de la dissonance. Des chansons tellement immédiates qu'on a l'impression dés leur première écoute qu'elles ont toujours fait partie de notre culture, et d'autres tellement évidentes qu'on a l'impression que le grand Howe n'a fait que nous redonner sa version d'airs déjà trop entendues...
Voir jouer Howe Gelb était un fantasme. Le voir jouer dans une salle à dimension humaine comme l'espace Doun correspondait à l'idéal de ce rêve. Si on prend Giant Sand pour ce qu'il est, c'est-à-dire un atelier expérimental, ce concert était parfait. Si on s'attendait, comme je m'y attendais bêtement, à voir une légende parfaite sur scène, on est forcément un peu déçu par la performance (un peu bancale). Le temps passant, je me dis "merde ! c'était quand même Howe Gelb", et il y avait quand même des moments magiques, comme cette version épurée de Can Do Girl en toute fin de set... Et si il repassait demain à moins de 100 km de chez moi, j'y retournerais sans aucune hésitation... Rien que pour le voir coller son médiator avec sa salive sur le devant de sa guitare, pour voir les lumières qui jaillissent de ses yeux quand il sent que le morceau est réussi, pour entendre la bonne moitiés des titres qui prouvent que ce monsieur est un très très grand. Au dos d'un de mes disques préférés, il est écrit : "If you get the chance, destroy your myths by meeting them.". Howe Gelb n'est plus un mythe pour moi, je l'ai rencontré... Mais il reste un géant.
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Critique écrite le 07 décembre 2008 par Chlorophil
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> Réponse le 11 décembre 2008, par Francois
Bonne chronique vu que j'ai le même point de vue sur Howe Gelb et ressenti les mêmes choses. Cela aurait été plus facile si le public et les gens de Doun, avaient été plus RESPECTUEUX, s'étaient sentis plus concernés par ce qui se passait sur scène. Apparemment beaucoup n'écoutent plus la musique qu'en fond sonore pour agrémenter leur soirée ou augmenter leur collection de concert. Réagir
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