Chronique de Concert
Gil Scott-Heron (Jazz à la Villette 2010)
Véritable légende du spoken word et de la funk 'n soul blues jazz, Gil Scott-Heron est de retour sur le devant de la scène, et en cette belle soirée du mois de septembre 2010, il est à nouveau en concert à Paris, après avoir enchanté le New Morning en mai... Le festival Jazz à la Villette a effet eu la très bonne idée de l'inviter à se produire dans la très impressionnante salle des concerts de la Cité de la Musique. Juste avant lui, un de ses disciples, Saul Williams, lui rend longuement hommage, ce qui est tout à fait normal, l'homme méritant assurément un énorme respect pour ses disques (samplés par tout le monde et inspirateurs du rap), pour ses courageux engagements et pour les épreuves qu'il a traversées.
Dès le début de son concert - complet ! - à la Cité de la Musique, Gil Scott-Heron apparait certes usé, fatigué et broyé par la vie et ses aléas (drogue, prison etc etc, ce qui l'a fait " disparaître " du circuit) mais malgré cela on ressent la très vibrante flamme de vie qui l'anime toujours : son humour est vif et prévis, ses discours sont enlevés et mettent le doigt sur des problèmes brulants, enfin, sa voix et son jeu de Fender Rhodes sont très poignants. En solo pendant deux titres et demi (Blue Collar, Winter in America, We Almost Lost Detroit) l'auteur du récent et hyper réussi I'm New Here emmène l'auditeur dans son univers passionnant : entre soul langoureuse, blues jazz sobre et spoken word bien senti. Quelques notes de piano électrique et des interventions vocales graves, chaudes, gorgées de vécu et dégageant une multitude d'émotions contrastées suffisent à remplir de bonheur... Le public, un peu guindé, semble être aux anges.
Puis le groupe de scène de Gil Scott-Heron (des fidèles parmi les fidèles !) fait son apparition : un percussionniste, un claviériste harmoniciste et un saxophoniste pianiste flutiste. Les trois hommes savent parfaitement s'intégrer au set, même si l'on regrette certains sons de synthés trop datés et des solos souvent longs. La tonalité est clairement jazz, ce qui ne permet pas de présenter plus d'un titre du nouvel album, truffé de sons électro rap aussi recherchés qu'actuels. Dommage ! Nonobstant ce petit désagrément, qui n'a pas l'air de déranger le public de Jazz à la Villette, tout à son plaisir de communier avec un mythe vivant, l'on passe un très beau moment en compagnie de l'interprète de Three Miles Down (où le public est mis à contribution pour les choeurs), Work For Peace (qui est introduit par quelques phrases anti guerre remplies de poésie et de bon sens... ), I'll Take Care of You (seul extrait de I'm New Here) et autres morceaux marquants, tous présentés avec foi. Après le génial mais trop étiré par les percus The Bottle, le concert prend fin, avant de reprendre brièvement pour un unique rappel sur Better Days Ahead...
Conformément à ce que nous avait demandé la star de la soirée en début de concert, on a pensé " à se faire plaisir et à prendre du bon temps " pendant l'heure et demi passée en sa charismatique compagnie. Même si l'on aurait aimé des arrangements plus conformes au dernier disque et une petite prolongation de la durée du set, le conseil de ce grand monsieur n'a pas été bien difficile à appliquer !
Liens : www.myspace.com/gilscottheron, https://gilscottheron.net, www.citedelamusique.fr.
Critique écrite le 09 septembre 2010 par Pierre Andrieu
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