Chronique de Concert
Graham Nash
Voir Graham Nash sur scène en 2023 s'assimilait à une sorte de pari. D'un côté il est difficile d'occulter l'âge de celui qui était à Woodstock avec ses acolytes Crosby, Stills et Young, et d'un autre côté la perspective d'entendre les grandes chansons de CSNY et leurs fabuleuses harmonies vocales était une rare et superbe promesse.
Alors, bien sûr, au Casino de Paris, Nash était en solo. Crosby est mort il y a quelques mois, Neil Young ne prend plus l'avion et ne tourne plus en Europe et Stills ne donne plus que de très rares concerts isolés. Et s'il n'est pas le plus fringuant ni le plus charismatique de la bande CSNY, il n'en reste pas moins un chanteur compositeur et un interprète d'exception renforcé d'une expérience et d'un savoir-faire sans équivalent.
A l'heure de la dictature du rap, du vocoder et des musiques urbaines, le public qui avait rempli le Casino de Paris était peuplé d'aimables sexagénaires et septuagénaires tout acquis à la cause de Graham Nash. Il était à peine plus de 19H30 (il y aura de nombreux retardataires...) quand Graham Nash accompagné de 2 musiciens chevronnés, se présentèrent sur scène.
En attaquant par les classiques "Wasted on the way" et "Marrakech Express", Nash place la setlist sous le signe de la nostalgie et des grandes heures de son immense répertoire. Malheureusement, très vite on se rend à l'évidence : le poids des années se fait douloureusement sentir. La voix de Nash donne quelques signes de faiblesses et toutes les versions des titres proposés semblent manquer de vitalité, de relief et paraissent même être jouées à l'économie.
Sans ses acolytes de CSNY, Nash se place comme un lead singer et laisse moins de place aux fabuleuses harmonies vocales qui sont pourtant le sel de son répertoire. Les textes des chansons, qui n'ont bien sûr pas changé, nous apparaissent en 2023 d'une naïveté et d'un angélisme béat. On a peine à imaginer comment ses chansons romantiques et angéliques ont pu être écrites par les grands junkies qu'ils étaient à l'époque...
Par instants, mais par instants seulement, des traces de magie subsistent et opèrent quand il est épaulé par les voix de ses musiciens dans de superbes harmonies qui s'envolent à l'unisson. Mais on en aurait aimé bien d'avantage, ce qui aurait été bénéfique à la performance usée de Nash...
Entre les chansons, Nash raconte de vieilles anecdotes sur sa vie, sa carrière, ses amours avec Joni Mitchell, qui finissent par être un poids pour l'intensité d'un concert qui sent de plus en plus le formol, ou l'atelier d'éveil dans un ephad haut de gamme.
Force est donc de constater que le pari de ce concert, évoqué en début de chronique, est malheureusement perdu. La date de péremption est malheureusement passée pour Graham Nash. Et même si l'âme était encore présente, l'intensité, l'hypnotisme et la vitalité sont désormais des archives que l'on ne retrouvera plus que sur les grands albums qui ont jalonné son immense carrière.
Critique écrite le 28 septembre 2023 par lol
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