Chronique de Concert
Gravedigger V + The Masonics + The Urges (Festival Born Bad 2010)
Après une bonne séance de rock et de roll avec Les Arondes, Magnetix, The Wildebeests et Reverend Beat-Man, le 25 juin, c'est The Urges, The Masonics et Gravedigger V, qui se profilent le 26 juin à l'horizon de la Villette à Paris, au Trabendo plus précisément, pour le deuxième et dernier soir du Festival Born Bad... Attention, la chronique qui suit abordera un thème pouvant heurter profondément les fans de David Guetta, des Black Eyed Peas, de Ben Harper, de Pink, de Rammstein ou de Pearl Jam, il s'agit de rock garage jubilatoirement dégueulasse !
The Urges
A peine le temps d'arriver au Trabendo que les incroyables The Urges montent sur scène sans crier gare, ou plutôt en criant Wouahhhhhhhhhhh ! Ce groupe de rock garage irlandais est un parfait croisement entre les Doors et les Stones, le son de ce combo évoquant sans aucun doute ce que Jim Morrisson & Co et Mick Jagger & Band auraient donné si les deux groupes avaient joué ensemble dans un garage délabré...
Avec un chant arrogant, détaché tout en étant fiévreux, des orgues trippants, des rythmiques chaloupées et des guitares en furie, The Urges plonge le Trabendo dans un psychédélisme sixties du meilleur effet. Les ballades délétères succèdent aux charges de rock racé, et l'auditeur/spectateur ne peut s'empêcher de taper du pied en signe d'approbation... Le magnétique charisme du chanteur, sa voix gorgée d'âme, sa coupe de cheveux flamboyante (qui ose une choucroute pareille aujourd'hui, qui ?) et son attitude nonchalamment droguée sont pour beaucoup dans le charme désuet de cette troupe douée pour aligner les mini hits. Le concert très bien envoyé mais un peu court de The Urges donne envie de remettre le couvert très vite avec ces Irish !
The Masonics
La soirée est placée sur de bons rails, le public est chaud et ds couples de danseurs se forment dès le premières notes jouées par les imparables The Masonics, petits fils des précurseurs Sonics... Devant nous, un fringuant duo d'Anglais quarantenaires dansent le twist à s'en faire péter les artères : l'homme porte beau tel un Elvis un peu ringard (mais chez lequel brûle la flamme du woook & woooll) made in Grande Bretagne, la femme, quant à elle, fait tournoyer sa jupe pour chauffer son conjoint, déjà en nage et à deux doigts de l'apoplexie. Grâce à ces gens-à et aux Masonics (The Wildebeests, vus hier avec joie, avec un chanteur différent), pas des teenagers non plus, on sait qu'il y a un espoir pour le rock 'n roll après 40 ans, et ça c'est vraiment rassurant, nom d'une pipe en bois ! Comme The Wildebeests hier, ce trio-là (renforcé vers la fin du set par Ludella Black, une chanteuse enthousiaste et tout à fait dans l'esprit) fait plaisir à voir et à entendre : ces gentlemen ont digéré tout le rock garage avec voracité et pertinence, et ils le recrachent sur scène à leur manière : comme s'ils étaient les premiers à jouer cette musique. Leur joie de jouer est un régal, leur chansons sont gentiment énervées et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Merci messieurs !
Gravedigger V
Avec les deux premiers sets auxquels on a assisté, on trépigne déjà de joie comme un gamin en culotte courte à l'approche de la fin de la classe, mais l'arrivée de Gravedigger V sur scène confirme - s'il était besoin - que l'on ne s'est pas trompé d'endroit pour passer sa soirée ! Cette bande de sauvages voyous réunis autour de l'Iggy Pop américano mexicain, aka Leighton Koizumi, le chanteur des Morlocks, prend possession au pas de course et avec une méchante envie d'en découdre avec tout ce qui bouge...
Regard de mec drogué comme un fou, d'humeur belliqueuse et très en verve au micro, le Californien est véritable exemple pour la jeunesse : il a fait de la taule, il a de sérieuses addictions, il en veut à la Terre entière, et il vit rock 'n roll, il transpire rock 'n roll et il gueule rock 'n roll... Un peu comme Luke, les BB Brunes, les Plastiscines ou les Brats, si vous voyez ce que je veux dire (rires) ! Trêve de plaisanteries et de mauvais esprit gratuit : c'est en voyant des groupes comme Gravedigger V que l'on se dit qu'on n'est pas né du bon côté de l'Atlantique ! Quoique, le guitariste fou furieux n'est-il pas le Français qui officie chez les Magnetix ? Si ! Il faudra un jour que l'on prenne notre courage à deux mains pour oser dire à cet intimidant Maître ès Guitare thermonucléaire tout le respect qu'on a pour son uvre ! S'acharner comme ça sur une six cordes pour en extirper des couinement en forme de riffs salaces et grinçants, cela nous procure un plaisir pas loin de rappeler celui de la petit mort...
Comme le susnommé Leighton Koizumi ne laisse pas une seule seconde au public pour respirer et que le reste de la troupe (batterie, basse, deuxième guitare) fait le job, on entre de plain pied dans les paradisiaques enfers du rock Garage, avec un " g " majuscule ! Jamais avares de harangues, de sauts dans le public et autre facéties physiques ou vocales, le " lider maximo " et ses hommes de mains laissent au final une impression mémorable... A voir absolument en live !
Conclusion, le Festival Born Bad est un passage obligé pour tous les amateurs de rock garage et styles affiliés, une version light (pour le moment !), estivale et parisienne du fameux Festival Cosmic Trip, qui a lieu à Bourges tous les ans au Printemps... Bonne ambiance, prog de haut vol, tarifs honnêtes : immanquable à l'avenir donc !
Liens : www.myspace.com/themasonics, www.myspace.com/theurges, www.myspace.com/thegravediggerfive, www.bornbad.fr...
Photos du concert par Flore-Anne Roth www.floreanneroth.com
Critique écrite le 09 juillet 2010 par Pierre Andrieu
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