Chronique de Concert
H-Burns + Mathieu Boogaerts
J'avais croisé les membres de H-Burns en juillet dernier, lors d'une soirée magique et inoubliable dans des conditions assez particulières. Ils faisaient en effet partie des groupes à l'affiche du festival Goud'Acoustic dont la deuxième soirée avait été annulée, puis remplacée instantanément pour ceux qui avaient eu le courage d'affronter l'orage, par une série de concerts acoustiques et de bufs jouissifs dans la salle des fêtes de Goudargues. Déjà très impressionné par le deuxième album de ces valentinois (How strange it is to be anything at all), et complètement enthousiasmé par leur performance dans ces conditions difficiles, j'avais hâte de les revoir sur une vraie scène, dans leur vraie configuration. Renaud Brustlein au chant et guitare, Stéphane Milochevitch (de Thousand and Bramier) à la batterie et au banjo, et Antoine Pinet à la basse et guitare. Le quatrième larron, Jonathan Morali de Syd Matters ne faisant que de rares apparitions sur scène avec H-Burns, c'est donc dans cette formation de trio (noyau dur de H-Burns) que le groupe entre en scène.
Chemise à carreaux, barbiche réglementaire, après une introduction par la présentatrice de radio Nova, Renaud H-Burns attrape sa guitare folk et le public par la même occasion. Les discussions bruyantes de fond de salle s'estompent un instant pour écouter ce groupe qui a tout d'un trio américain (il faut un timide "on s'appelle H-Burns, on vient de Valence" pour qu'on se souvienne qu'ils ne le sont pas). Les influences classieuses qu'évoquent déjà leurs albums, de (SMOG) à Jason Molina en passant par M. Ward, sont là sur scène, tout comme le plaisir apparent que prennent ces trois là à jouer. Les compositions et les textes de Renaud Brustlein sont impeccables et touchants, et l'interprétation de haute volée.
De l'entraînant Big City Blues où Renaud martèle le rythme de son pied pendant que Stéphane échange sa batterie contre un banjo, aux plus calmes I can Haunt you ou We go Way Back, le set sera à l'image du crescendo de Hogtown, entraînant le public vers le magnifique Melting Point et le tubesque Horses with no Medals (strangers back on the road, tonight my eyes are filled with dreaming of the past), et transformant les applaudissements en acclamations.
Mais, puisqu'il s'agit d'une nuit zébrée, pas de rappel pour ce trio talentueux. Une petite blague d'un présentateur de Nova (blague évoquant les papes qu'il a dû piquer à un collègue de Rire & Chanson), et la mise en place se fait pour accueillir Mathieu Boogaerts.
T-shirt Orange (j'ai l'impression de ne l'avoir jamais vu qu'avec ce t-shirt, qu'il porte sur la pochette de 2000), baskets blanches (tiens, il n'est pas pieds nus !!!), jeans et télécaster noire, celui qui nous fait onduler depuis presque quinze ans arrive sur scène accompagné de quatre musiciens pour son deuxième concert sur cette nouvelle tournée.
Après un "un peu de silence s'il vous plait", demandé gentiment à un auditoire où l'ambiance a des airs de cours de récréation de lycée, il entame avec la première chanson de son dernier album (I love you) : un Come to me engageant sur lequel il "danse avec sa jambe" avant un Fais Gaffe sur laquelle c'est nous qui dansons avec notre jambe (enfin on essaye). Comme ces deux premières chansons, beaucoup de celles qu'il jouera ce soir-là sont issues de ce dernier album... Paroles loufoques, drôles et tristes à la fois auxquelles il nous a habitué, l'atmosphère est, contrairement à celle de son précédent album (le plombant et splendide Michel), plutôt à la fête. La seule chanson de Michel fût l'exotique et "pipi-caca" Siliguri : "Son cul à Honolulu, j'sais plus c'que j'en ai foutu, j'sais plus ou j'l'avais ramené, son cul j'crois qu'l'ai oublié, avec ses nénés"... Dommage... Ah, c'que c'est dommage... j'aurai bien aimé entendre Keyornew, ou frissonner sur Un petit peu de crème.
Mathieu Boogaerts n'a quand même pas oublié de jouer quelques-unes de ses anciennes chansons, comme Ondulé (chanson parfaite et intemporelle qui l'a fait connaître), ou Le ciment (un hymne à la vie)... Il booste une de ses premières chansons (un Bel et bien là speedé), avant de terminer en reprenant C'est Lundi "han han han han han / Dans mon lit / han han han han han / Il est 11 heures / han han han han han / Mal au cur / han han han han han / Mal dormi..." de Jesse Garon. Reprise amusante qui fait sourire la salle, reprise qui va comme un gant à Mathieu Boogaerts puisque sous ses airs de chanson rigolote et débile, elle cache un texte plein de désespoir. Il ne part pas, bien sûr, sans jouer le tube All I Wanna Do (qui passe très souvent sur Nova, mais qui s'en plaindra).
Boogaerts est toujours aussi bon sur scène, il aime ça, et ça se voit... même devant un public dont la moitié passe son temps à discuter (trop fort !) au fond et vers le bar... même avec des musiciens avec lesquels il ne semble pas être totalement complice (on a presque l'impression d'être plus complice avec Boogaerts qu'eux). Rien que pour ça, et pour le plaisir qu'il arrive à transmettre par ses textes et compositions succulents, il faut aller le voir jouer.
La soirée Nova s'est poursuivie avec Anis puis DJ Flore, mais je n'ai entendu le premier que d'une oreille, et de loin. Sorti pour "prendre l'air" dans le patio de la salle des Passagers du Zinc, je n'arrivais plus ni à retourner dans la salle (alors plus que comble et apparemment très enthousiasmée), ni à la traverser pour partir quand Anis a commencé à jouer, et je ne suis pas resté pour la suite... En tout cas, ces nuits zébrées ont été un succès, et même si on peut regretter le manque d'attention et de respect du public à certains moments (j'ai entendu dire que même à la radio, où la soirée était diffusée, on entendait plus les gens discuter dans la salle que les artistes), on ne peut qu'espérer qu'il y aura d'autres éditions de ces Nuits Zébrées à Avignon.
H-Burns : myspace.com/hburnsmusic
Mathieur Boogaerts : www.mathieuboogaerts.com
Critique écrite le 15 février 2009 par Chlorophil
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