Chronique de Concert
Hell's Kitchen
Joli concert de blues, helvète sur le papier (ce qui n'est pas déterminant sur le son), asséné sans forcer sur la durée, mais sans mollir non plus sur le mojo, par le flegmatique et enjoué trio des Hell's Kitchen, un chouette groupe que Concertandco arrive à choper dans son radar de loin en loin en concert, et sur disque même si sa riche production (6, semble-t-il) nous laisse loin derrière... On ne peut pas dire qu'il y ait foule, mais le public compensera quelques trous d'air par une belle énergie à soutenir le groupe. Pour ma part je suis content de revoir enfin sérieusement ce gang, que je n'ai fait qu'apercevoir aux Eurocks il y a presque 10 ans, juste avant d'aller me pâmer devant la sublime... Amy Winehouse (snif)...
C'est entendu, chaque groupe ou un-homme-groupe de blues est connecté spirituellement à tous les autres et il n'est pas un concert de blues où l'on ne pense pas aussi aux collègues (ici : Legendary Tigerman, Seasick Steve, Hazil Adkins, voire Tom Waits une fois ou deux...). Mais ce groupe-ci, outre sa nationalité, a une particularité sympathique : son drum kit assez fantaisiste, qui inclut un tambour de machine à laver rotatif, une washboard dont on joue avec des dés à coudre aux doigts... Une pelle en ferraille à ramasser les miettes, une poële à frire (simple décoration et non appareil à corde hélas...) et une poubelle en ferraille à qui on peut coller des mandales si besoin.
Tout ceci assure un certain dépaysement visuel (et sonore), tandis que le groupe joue un blues assez référencé par ailleurs (mais c'est le style qui veut ça), chanté par entre une et trois voix bien différenciées les unes des autres : le percussionniste assure les parties gueulardes, le chanteur a une voix idéalement nasillarde pour les complaintes, et le bassiste à tête de tueur à sang-froid prête main-forte pour les choeurs le cas échéant. Le guitariste choisit amoureusement à chaque titre parmi ses 4 belles guitares, laquelle il va caresser au bottleneck, tandis que le bassiste peut avoir recours, le cas échéant, à une belle contrebasse en bois sans laquelle, comme chacun sait, il n'est pas de rock'n'roll sérieusement possible... alors qu'on va en jouer un peu, sans avoir l'air d'y toucher, à plusieurs reprises.
La part belle est faite à leur dernier album en date, Red Hot Land (on avoue le posséder depuis au moins un an, mais ne le point avoir chroniqué), et le chanteur en balance quelques uns dans le public pour souligner le propos. Album cool mais efficace et qui contient tout ce qu'il faut pour assurer des montées et descentes plaisantes en live ! Outre ces chansons, pour certaines assez pépères (Monkey par exemple), pour d'autres plus travaillées qu'il n'y paraît (Sister), Hell's Kitchen maintient de façon générale un groove soutenu, surtout en y ajoutant des pépites ultra-efficaces plus anciennes comme Teachers, qui peuvent se terminer en cavalcade bluegrass vraiment pétaradantes...
Après un set un peu court, deux "Encore" viendront enrichir le propos sur des titres, forcément les plus énervés et où l'on voit chacun des trois membres monter dans l'orange, sinon dans le rouge, qui sur des dérapages infernaux, qui sur du picking spasmodique, qui en grattant ses peaux et washboards comme un tigre en cage... Dire qu'ils nous ont rendu complètement dingues serait exagéré, mais ils n'ont pas manqué de nous faire trépigner du genou et onduler de la toiture, notamment avec un You don't give Up aussi saignant que prévu !
Au final, Ces trois "die-hards" comme les a qualifié mon compagnon du jour, anglophone (ce qui signifie "dur-à-cuire", en gros, je crois), tailleront sans doute leur route sans trop se presser, jusqu'aux enfers des bluesmen : on ne peut donc que la leur souhaiter longue et belle, en espérant la recroiser à l'occasion !
Désolé, photos très décevantes (pas de photographe ce soir-là), une vidéo à venir par ici.
Set-list ramassée (avec indications d'accord de départ) :
Hey ho Chica (A)
Gige (D)
Teachers (B)
Since i Was a child (D)
Let's go cat go (D)
Stay my block (D)
Monkey (C#)
The King (D)
Sister (B)
My New Friend (E)
Devil
You don't give up (barrée mais jouée !)
Going down South (A)
No Guts (A)
Critique écrite le 05 février 2016 par Philippe
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