Chronique de Concert
Hidde Orchestra
Tous les cinq (un de plus que lors de leur concert du Cargo de Nuit en Mars de l'année dernière) se postent derrières leurs instruments, casques sur les oreilles, et commence leur Electro-Jazz hyper vibrant. Trompettiste et violoniste ont pris place derrière ce qui semble être un clavier géant (assez long pour eux deux en tous cas) et ils alternent perpétuellement d'instruments. Les batteurs, eux, sont face à face sur les deux côtés de la scène, pour un rendu sonore assez impressionnant. Et ce sont eux aussi des hommes orchestre (comme l'ensemble de ce groupe), puisque l'un d'eux sort un trombone dont il va jouer au-dessus de la batterie, tout en continuant de frapper du pied sur sa grosse caisse.
La musique est prenante, par moment comme du Nu-Jazz, et chacun semble dans sa bulle (sensation renforcée par cette disposition en U). Pour la fin de l'intro, le bassiste touche une de ses cordes, puis un bouton de son clavier ... Et ainsi de suite, jusqu'à ce que sa note s'éteigne. Ça commence donc très fort !!
Leur univers est toujours assez onirique, avec entre autre une trompette jouée avec une subtilité et un touché superbes. Toute petite clappe dans le micro. Succion du trombone. Une musique toujours inventive et des constructions faites de crescendos et de fins toutes en douceur.
La batterie est frottée, grattée. Juste à côté, l'autre est effarant avec son duo basse/synthé, toujours en perpétuel mouvement sur les deux instruments. S'ajoute une envolée magnifique de violon. C'est une musique féérique, enveloppante, envoutante. Les morceaux se suivent avec à la fois une cohérence et une originalité parfaites.
Le public crie entre les morceaux et Joe Acheson (leader du groupe) de répondre : "Merci. Vous êtes très gentils !" ... Ben, non. Même pas. On a juste ouvert nos oreilles !!
Je trouve à tout cela un petit côté Ekova, en plus Jazz, et peut-être mélangé à du Erik Truffaz. Et les deux batteries, c'est vraiment une idée d'enfer. Une véritable invitation au voyage, avec plein d'images qui se bousculent dans ma tête. Des sons de vagues et d'oiseaux ... Une véritable musique de film. Et ils jouent de tellement de trucs, avec en plus le démultiplié des loopers, que cela donne une sensation d'infini.
Sur Dust, les deux batteurs semblent avoir les yeux rivés l'un sur l'autre. Le violon s'occupe de faire un petit pont, en puisant juste dans ses cordes touchées. Leur musique emporte et surprend à chaque instant, nous faisant rester perpétuellement en alerte.
Les drums jouent ensemble ou se répondent au gré des morceaux (parfois chantés, selon les bandes) ... En tous cas, ils s'amusent beaucoup et on sort complètement du rôle solitaire du batteur tout seul au fond et qu'on ne voit jamais (ce qui n'est pas pour me déplaire, moi qui aime être surprise). Là, ils sont tous les deux aux avants postes et c'est superbe. Puis on repart sur des chants d'oiseaux, une trompette délicate qui joue d'un effet wa-wa à main nue et un violon qui donne une sensation virevoltante.
"Je parle un petit peu france mauvais. Désolé !" Ceci étant, Joe réussit tout de même à nous expliquer que ce morceau est tiré de leur dernier album (Tired And Awake de Archipelago). Le batteur de droite (d'ailleurs quasi le siamois du bassiste, en passant !) se lève pour jouer d'un méga-trombone, avec de légers jeux de dissonance, parfaitement maîtrisés. C'est tellement subtil comme musique, qu'il est impossible de savoir si c'est en partie de l'impro ou si tout est parfaitement millimétré. Peu importe, de toute façon, c'est juste hyper balèse ! La batterie devient un instrument d'une subtilité inouïe. Un son de harpe vient se mêler à tout cela. Les sons se superposent avec une parfaite harmonie et on plane complètement.
C'est pourtant la fin (et le temps a passé à une de ces vitesses ...) et lorsqu'ils quittent la scène, ils le font toujours aussi timidement, d'un charme et d'une discrétion inversement proportionnels à leur talent. Et quand ils reviennent pour le rappel, c'est presque étonnés : "Vous en voulez une autre ?".
Ce sera donc un remake de leur dernier album, Antiphon, avec des lumières tournantes et le son d'une petite boîte à musique. Un chouilla plus Electro, pour le plus grand bonheur du petit noyau de danseurs qui s'est formé au centre de la salle et qui profite pleinement de cette dernière. Ils ne seront d'ailleurs pas déçus, avec beaucoup de puissance pour une fin avec rayon laser qui balaye le public ... Hidden Orchestra, vous en rêvez ... Et bien ils le font ;) !!
Joe Acheson : Basse & Clavier
Tim Lane : Batterie & Trombone
Phil Cardwell : Trompette & Clavier
Jamie Graham : Batterie
Poppy Ackroyd : Violon & Clavier
Setlist
1 - Overture
2 - Spoken
3 - Strange
4 - Reminder
5 - Dust
6 - Vorka
7 - The Windfall
8 - Tired And Awake
9 - Seven Hunters
10 - Foots Teps
11 - Flight
12 - Wandering
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13 - Antiphon
Chronique réalisée par l'équipe de Concerts en Boîte
Critique écrite le 01 décembre 2012 par Ysabel
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