Chronique de Concert
Festival Hop Pop Hop 2020 - 19 septembre : Matt Elliott, Le Villejuif Underground, Popof, Madmadmad, Pongo
Jardin de l'Evêché & Campo Santo, Orléans 19 septembre 2020
Critique écrite le 26 octobre 2020 par Pierre Andrieu
Après une première soirée bien remplie (Dombrance, Structures, The Mauskovic Dance Band, Camilla Sparkss, MSS FRNCE, The George Kaplan Conspiracy, chronique ici), il y avait encore pas mal de belles choses à voir lors du deuxième et dernier jour de l'édition 2020 du festival Hop Pop Hop à Orléans, le samedi 19 septembre.
Si le déluge ne s'était pas abattu sur le site juste avant le set de Johnny Mafia, empêchant le groupe de jouer (ce qui est bien triste, mais on avait bien profité de son concert à Rock in The Barn la semaine d'avant), tout aurait été parfait, mais on a quand même réussi à passer du bon temps en compagnie de Matt Elliott, Le Villejuif Underground, Madmadmad, Popof et Pongo...
Matt Elliott
Grand moment pour débuter la journée avec Matt Elliott à la salle de l'Institut, très beau lieu pour donner des concerts intimistes en indoor. Venu présenter son dernier disque en date, le très prenant et réussi "Farewell to All we Know", le prolifique songwriter folk à la voix grave dévoile à l'occasion du festival Hop Pop Hop une création en trio avec les précieux et inspirés Barbara Dang, au piano, et Jeff Halam, à la contrebasse. Dès le début, c'est un pur bonheur : les superbes parties vocales, le jeu de guitare intégrant les musiques d'Europe de l'Est à la palette folk et l'apport de nouveaux acolytes pour faire déraper le son vers des choses plus expérimentales, tout est classe et captivant. Pendant les morceaux, on pourrait entendre une mouche voler : le public, venu nombreux, est complètement sous le charme. Et à la fin de chaque titre, c'est un tonnerre d'applaudissements, tout le monde prenant pleinement conscience de la chance qu'il a de pouvoir vivre ce concert en vrai, surtout pendant cette période assez dramatique pour la culture. Oui, comme on le disait en introduction, ce show de Matt Elliott en trio était grand ! Après avoir permis d'apprécier au plus haut point une superbe et dépouillée reprise de l'inoubliable Elliott Smith, il se termine avec un magistral titre joué en solo où le fantôme du regretté Leonard Cohen flotte au dessus de la scène... Il y a des "visites" plus gênantes, non ?
Le Villejuif Underground
On change radicalement de style et d'atmosphère ensuite, puisqu'on se dirige vers l'ensoleillé Camp Santo pour assister à la prestation foutraque et bordélique des célèbres banlieusards pétris de talent du Villejuif Underground, toujours emmenés par le magnétique et décalé chanteur/crooner australien Nathan Roche. L'horaire (19h50, ça fait tôt pour eux), le lieu, trop grand, et le son, riquiqui, n'empêchent pas de prendre son pied en compagnie des auteurs des super disques de garage branleur que sont "Heavy black matter" et "When will the flies in Deauville drop ?". Après un sympathique "on est Le Villejuif Underground et on va faire la musique pour vous !", le combo d'admirables traîne savates (c'est un compliment) déroule un concert qui serait hautement désapprouvé par les lamentables coachs en musiques actuelles, ouais vous savez ceux qui expliquent aux jeunes groupes comment se présenter sur scène de la manière la plus aseptisée et consensuelle possible. Fort heureusement, Le Villejuif Underground se fout toujours de tout et balance sa purée punk dissonante façon "je m'en secoue". Et ça fait le job : la nonchalance et la coolitude du truc séduisent une large partie du public, qui a droit à tous les "tubes" : le légèrement remixé et déjà culte "Le Villejuif Underground", ""Les Huîtres à Cancale" etc. Bref, comme le dit le dénommé Nathan : "La vie c'est sympa !"
Madmadmad
Comme on ne peut pas entrer dans la salle de l'Institut pour le concert, plus ou moins complet, de This Is The Kit (c'est énervant quand tout joue en même temps, on aurait bien revu le groupe de Kate Stables, en super forme à Rock In The Barn), on saisit l'occasion qui nous est offerte de découvrir les Londoniens bien nommés de Madmadmad, qui enflamment le Jardin de l'évêché quand on arrive. Rien de plus normal, ce trio monté sur ressorts défouraille une électro fun kraut de nature à pouvoir potentiellement réveiller des morts. Et donc, quand cette musique est jouée devant un public bien vivant, ça le booste comme jamais, lui donnant l'envie de participer à une sorte de marathon de la danse groovy. Well done guys !
Et là c'est le drame : la pluie commence à tomber de plus en plus fort pendant les balances de Johnny Mafia. Et comme ici ce n'est pas à la Route du Rock, la scène n'a pas de protections anti pluie et les concerts ne peuvent pas durer toute la nuit, il y a un couvre-feu pour "protéger" les riverains. Donc, le concert de Johnny Mafia est purement et simplement annulé. C'est la misère. Fort heureusement, alors qu'on commence à prendre l'eau comme un con sous un arbre, une bonne âme nous permet de nous abriter backstage, nous évitant ainsi d'être trempé comme un rat, puis de siroter quelques rafraîchissements en patientant. Ouf, la soirée est sauvée.
Popof
Après un sympathique débriefing politico musical avec Nathan Roche, croisé par hasard et toujours aussi sympa (on attend de pied ferme le concert au Raymond Bar à Clermont-Ferrand monsieur !), direction le Campo Santo pour tout oublier sur le dance floor (en pelouse et humide, mais ça le fait : la pluie s'est cassée !) ambiancé de main de maître par le cultissime Popof. Sans crier gare et sans préliminaires, le mec balance sa techno qui tabasse gravement à la plus grande joie d'une foule qui semble revivre après des mois de désespérantes privations de gros son. Les turbines vrillent le cerveau, la basse défonce le plexus, les bidouillages sur le son rendent dingue : c'est tout indiqué pour faire fondre tous les fusibles et exploser en plein vol !
Pongo
On poursuit notre parcours avec un dernier concert, pour la route : celui de Pongo au Jardin de l'Evêché, où il règne une ambiance débridée de fin de festival que l'office catholique désapprouverait s'il en avait vent. Heureusement, ce ne sera pas le cas, ces gens-là font leurs prières du soir (grand bien leur fasse) pendant que nous on peut se dandiner avec un p'tit coup dans le nez sur la bass music de la reine du Kuduro (une musique originaire de l'Angola), qui n'est pas venue pour faire de la figuration ! Même si c'est assez loin de ce qu'on écoute d'habitude, il faut avouer que ce set se révèle ultra festif et vivement conseillé pour une fin de soirée spéciale twerk, une danse "osée et provocante" conduisant à exécuter "des mouvements de hanches en s'accroupissant" (merci wikipedia pour les précisions... ). Maîtrisant clairement l'art et la manière de bouger son corps en rythme, la sculpturale chanteuse de Pongo délivre des tutos en direct qui chauffent à blanc tout le public. Et on ne peut que dire "Amen" à pareille démonstration !
Merci au festival Hop Pop Hop d'avoir aussi audacieusement enfourché le tigre, comme le président Macron l'a suggéré de le faire au monde de la culture (tout en lui mettant consciencieusement des bâtons dans les roues). Ces deux jours à Orléans étaient vraiment cool ! Rendez-vous les vendredi 17 et samedi 18 septembre 2021 pour la prochaine édition...
Photos : Jack Torrance (Matt Elliott), Aaron Benjamin (Popov, Pongo), Hugo Cesto (Le Villejuif Underground, Madmadmad), Anthony Kwan Chung (public 1, 2 & 3)
Site et réseaux sociaux du festival : www.hoppophop.fr, www.facebook.com/hoppophop, twitter.com/AstroOrleans, www.instagram.com/hoppophop...
Critique écrite le 26 octobre 2020 par Pierre Andrieu
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