Chronique de Concert
Hotel Lux & Sink Deeper
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand 11 février 2023
Critique écrite le 21 février 2023 par Pierre Andrieu
Pas mal de monde à La Coopé le 11 février pour le premier concert rock de l'année, avec à l'affiche les Anglais chargés à bloc d'Hotel Lux et les Clermontois survoltés de Sink Deeper... Les deux jeunes groupes, très prometteurs, évoluent sous la bannière post punk, mais en prenant le truc de manière radicalement différente. Les British se la jouent branleurs foutraques, punks portés sur la bière et rock 'n roll, quand les Frenchies tranchent direct dans le lard en mode "mur du son limite shoegaze 'n grunge" avec un œil sur le versant radiophonique de Placebo.
Sink Deeper
On arrive à peu près au milieu du set de Sink Deeper à cause d'un problème informatique ralentissant la billetterie (pour une fois, c'est pas de notre faute) pour constater que la nouvelle formule du groupe clermontois - en trio, avec un batteur bûcheron - envoie du lourd, du très lourd, du très très lourd même.
Emmené par un duo de chanteurs jouant de la basse ou grattant la guitare (boostée aux effets trippants), Sink Deeper prend désormais une dimension plus pro et percutante sous l'impulsion de son préposé aux fûts, absolument intenable. Le mec essaie clairement de faire du petit bois avec ses baguettes et son instrument pendant que ses deux potes ferraillent un post punk ultra bruitiste, mais néanmoins catchy.
Résultat, c'est fort et violent, tout en étant fédérateur. On note des influences de fort bon aloi, comme celles de Slowdive, Joy Division et donc Placebo, déjà cité plus haut. Un seul truc à ajouter : y'a plus qu'à enregistrer de nouveaux titres et à tourner sans relâche, et ça va cartonner !
Hotel Lux
Après cette bonne introduction, La Coopé - dont le club est très bien rempli, on l'a signalé (et ça fait plaisir) - a ensuite droit à une éclatante démonstration de post punk par six lads anglais venant à peine de publier leur premier album, le plutôt bien foutu "Hands Across The Creek". Emmené par un chanteur qui a pris 15 ans en trois ans (il ressemblait à un gamin à La Route du Rock en 2020, désormais c'est une sorte de Liam Gallagher moustachu éclusant les bières comme une arsouille), la troupe s'attache à étaler sa classe décontractée et bravache sur des titres pouvant être rentre-dedans et gueulards à la punk (façon Shame/Fontaines D.C.), quasi folk à la Pogues (quand le deuxième chanteur et guitariste prend les commandes) ou proposer un mélange des deux avec un peu de synthé et de violon.
Tout cela est éclectique, pas monocorde du tout et prouve que le combo britannique a un sérieux potentiel pour évoluer comme bon lui semble. Cerise sur le gâteau, les textes ont l'air d'être bien troussés et sont déclamés avec un détachement et une nonchalance de fort bon aloi. Ce qui autorise à voir Hotel Lux comme une version 2.0 et en devenir de Ian Dury : en plus d'arriver sur scène avec en bande son le très bon "Blockheads" de la légende susnommée, les six punks rockers savent eux-aussi faire groover leurs titres quand ils en ont envie.
Autre point fort qui ne trompe pas, les gars ne font pas que boire des canettes de bière comme si c'était de l'eau, ils prennent soin d'écrire des tubes qui claquent, comme "Tabloïd Newspaper", "National Team" ou encore "The Last Hangman". Tubes qui sont balancés en fin de set à la grande joie d'un public chauffé à blanc, qui a ensuite droit à un unique rappel au goût de "reviens-y". Bref, comme on le signalait très brillamment en début de chronique, Hotel Lux a toutes les cartes en main pour faire long feu.
Photos : Yann Cabello www.yanncabello.com, www.facebook.com/yann.cabello.7, twitter.com/YannCabello, instagram.com/yanncabello...
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Critique écrite le 21 février 2023 par Pierre Andrieu
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