Chronique de Concert
Hugues Sanchez + Arnaud Riva + PHYLTRE + Gonzales
Le théâtre de la mer à Sète... Salle très atypique, sorte d'arènes découvertes situées en altitude, donnant vue sur la mer juste derrière les artistes. Le cadre est propice au spectacle.
Hugues Sanchez
Ne nous faisons pas d'illusions, il était présent pour faire office de "bouche-trou" avant la mise en place de chaque artiste. Bonne surprise, très bonne même puisque qu'il présente une sélection qui colle vraiment à mes goûts en musique électronique. Présenté par la voix off comme artiste "du dubstep à l'electronica", je grince un peu des dents craignant le conflit dubstep / public présent. Je jette un coup d'œuil, beaucoup de trente/quarantenaires, définitivement pas le bon auditoire. Finalement, point de dubstep, plutôt de l'electronica subtile et accessible, notamment Caribou "Sun", Plaid "Eple", Tom Yorke "Analyze". Il reviendra entre chaque artiste sans faute de goût. Je le plains lorsqu'il joue avant Phyltre et que le guitariste décide de faire des essais avec sa guitare, branché sur ampli, avec chaque guitare... un manque de respect flagrant qui ne sera qu'un prémisce au reste de la soirée.
Arnaud Riva
Un concept original et bien exécuté. L'homme joue du piano de la main droite, des basses de synté de la main gauche, beatboxe et chante en même temps. Gros point noir pour moi: il a une voix assez fluette, aigüe, agaçante. D'abord sceptique devant un son aussi convaincant (à me demander s'il cache un looper), puis admiratif du talent évident, puis lassé une fois l'effet de surprise passé, agacé par le chant puis je me fais la réflexion "quelle chanson sympa va-t-il massacrer à présent?" Parmi la sélection de reprises, "I'm in love", "Another brick in the wall", "Creep". Des variations intéressantes au piano sur certaines, mais j'ai envie qu'il arrête de chanter par pitié.
Au final c'est comme regarder votre petit cousin qui sort du conservatoire, c'est techniquement bluffant, on lui pardonne les petites erreurs, mais au bout de 10 minutes on se lasse. 3 chansons auraient été largement suffisantes pour un festival de ce type.
PHYLTRE
C'est en tout point ce qu'on appelle un groupe à minettes. Des trentenaires en chemises et pantalons slim, le chanteur rappelant Nicolas Sirkis, du son rock joyeux et entraînant, les membres du groupe qui sourient tout le temps. Le chanteur les dit originaires d'Avignon, la voix off de Perpignan. A la deuxième mention, la voix off se fait huer par une partie du public, le mec ne comprend rien depuis son carré vip "oui c'est ça encouragez-les!", il n'a manifestement pas écouté. Niveau musique, c'est gimmicky, pas du tout mon style mais pas désagréable, des fois on frôle la caricature mais le groupe ne se prend pas au sérieux, une chanson retient mon attention, "Spammez-moi" qui commence par les membres qui scandent "Grow your penis". Beaucoup plus drôle que prévu. Niveau technique aussi c'est rassurant, chaque membre du groupe maîtrise très bien son instrument, de très bonnes lignes de basse, un guitariste aussi claviériste, un batteur impeccable, un chanteur qui chante juste tout du long. C'est propre et carré, pas du tout l'image que je me faisais de ce genre de groupes. Très bien digéré alors que ce n'était pas gagné.
Gonzales
Jason Beck aka (Chilly) Gonzales. Un de mes artistes préférés. Un génie musical au premier sens du terme, qui maîtrise toutes les facettes de son instrument et de la musique en général si bien qu'il est capable de transformer, faire varier n'importe quelle séquence de sons à sa guise et en faire quelque chose de magique. La voix off rappelle á plusieurs reprises tout au long de la soirée son record du monde, comme on vendrait du saucisson au Monoprix. Il est effectivement recordman du monde du concert le plus long qui avait duré plus de 24h à Paris. Mais c'est un détail. La quantité est si secondaire quand on a affaire à un artiste de cette trempe.
L'artiste s'installe derrière son piano et commence par des morceaux de son album "Solo Piano". Comme à son habitude, il nous présente ce soir des versions mi-improvisées, rythmiquement, structurellement, mélodiquement éloignées des enregistrements originaux et fait une fois de plus transparaître un talent unique.
Une fois les mélodies mélancoliques à la Satie passées, l'artiste s'attaque à des morceaux plus rythmés. Il tape du pied, s'emporte, saute sur son siège en rythme, le public s'excite avec lui.
Puis le concert prend une autre tournure. Pendant que le pianiste joue ses morceaux, des conversations se font entendre, certains font des sifflets d'encouragement, certains crient, certains descendent les estrades pour prendre des photos (sic). Je plains l'habitué des salles de conservatoire et de la salle Pleyel. Quand il parle au public entre deux morceaux, il est arrosé par les hecklers. A plusieurs reprises il s'arrêtera en plein milieu de ses morceaux pour dire "Shut up. Seriously, SHUT UP. Si tu es fan de ma musique, laisse-moi la jouer."
Il continue le spectacle mais on le sent à cran, remonté, il ne nous fera plus profiter de sa musicalité extraordinaire, il exécute juste ses autres morceaux, il "fait le job". Il joue et chante ensuite des morceaux de ses premiers albums tels que "Take me to broadway" et "You snooze you lose". Un excité commence à se faire remarquer en faisant des gestes de rappeur en rythme, se levant et se retournant pour encourager le public à applaudir contrairement à la demande de l'artiste, en criant à Gonzales pendant ses monologues etc. Ce dernier ne laissera pas ça passer, le traitant à plusieurs reprises de "gros con", sous les applaudissements du public. Les morceaux suivants seront exécutés sans la même fougue, sans le même génie que les précédents. Il fait juste le job. Gonzales semble irrité, déçu et moi aussi.
Pour les derniers morceaux une partie du public descendra près de
la scène pour danser, ce qui donnera une image de bal de kermesse assez choquante quand on mesure l'artiste. Il partira du concert assez abruptement, avec comme image du public Sétois des gros beaufs ou des jeunes fils/filles à papa de la génération msn en manque d'attention, incapables de se déconnecter de leur monde artificiel pour apprécier les vraies, pures émotions que le talent et le fromage blanc peuvent procurer.
J'espère que Gonzales sait qu'il y avait aussi dans la salle des gens qui connaissent et apprécient sa musique et qui sont fascinés par son talent. J'essaierai de ne me souvenir que de la magie que j'ai ressenti lors des premiers morceaux.
Critique écrite le 30 mai 2011 par Julien
> Réponse le 08 juin 2011, par Vilay
Je l'ai raté au théâtre de la mer car j'étais partie en Belgique. J'ai décidé d'aller le voir là bas quelques jours après son passage à Sète et tout le monde a passé deux heures avec des crampes au ventre, tellement le personnage est marrant. A priori, l'ambiance n'était pas du tout la même et je recommande à tout le monde d'aller le voir (ou le revoir pour ceux qui sont déçus). Réagir
> Réponse le 07 septembre 2011, par Hsanchez
Merci pour cette critique élogieuse je viens de la trouver par hasard sur internet voici une mixtape d'une heure environ que j'ai réalisé cet été bonne écoute, et bonne continuation https://dl.dropbox.com/u/5066313/autobhan%20mixtape.mp3.zip Hugues Sanchez Réagir
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