Chronique de Concert
Human Toys, Stoo Odom & the Odomiseurs
En premier partie de ce cocktail détonnant, les Human Toys et leur electro punk ravageur. Mademoiselle Poupée dans son charisme vaudou ondule sous les assauts électriques de la guitare incisive d'Emma. La frontwoman électrise la foule de son thérémine psychédélique, ce petit boîtier électronique qui créé du son à distance quand la main se rapproche de l'antenne ; même Lénine en son temps en avait fait son objet de fascination.
Les deux divas punks exhibent leurs talents complémentaires, auréolées d'un son froid, métallique aux notes graves et lancinantes. Le timbre est brut, vernis mat et le chant en delay se décline en anglais, français, allemand. Le set brut et jouissif s'achève avec Undercover , hymne féministe sur le fait d'exister dans toute la subversion de sa liberté.
Un cri du cur qui aura son petit effet ; un homme dans la foule, que je nommerais Cédric F. pour les besoins de la chronique, me dira même, conquis et solennel : " c'est la seconde fois que je les vois et c'est super bien ".
Une pinte de whisky plus tard -dissimulé sous l'apparence d'un demi gomé dans un verre en plastique- et nous voilà regroupés avec un enthousiasme non dissimulé devant l'association éphémère et explosive de -achtung ! à suivre un déluge de références musicales à propos desquelles on pourrait consacrer un nouveau livre sur le rock- Stoo Odom , dont on retrouve le charisme psychédélique entre autres dans The Graves Brothers Deluxe ou le desert rock californien de Thin White Rope sans parler de sa collaboration avec des membres d' Acid Mother Temple ou encore des Monks . Rien que ça.
Le (contre)bassiste et compositeur louisianais est ce soir accompagné des Odomiseurs , une fine équipe de musiciens aguerris composés de Vincent Sermonne à la batterie ( Molodoï qu'on ne présente plus ou encore Générik Vapeur aka la spectaculaire compagnie de théâtre mention friche artistique), Paul " Sonic Polo " Milhaud à la guitare ( Urban Navajos , Holy Curse , Keith Richard's Overdose ), et le vrai-faux James McClellan à l'autre guitare ( Elektrolux , Shiloh ), qui ont pour mission musicale d'accompagner ce type échevelé qui balade sa contrebasse dans des contrées peu orthodoxes. Le set démarre in medias res dans une ambiance sonique à grand renfort de pédales d'effets, de guitare horizontale et de cymbales frottées. Vincent balaye ses fûts tandis que Stoo semble ausculter sa contrebasse, tapotant son corps, grattant ses cordes, jouant avec les sons, trafiquant leur résonance.
Puis les guitares deviennent mélodiques, des voix ou plutôt des incantations explosent en saillies, la batterie enveloppe le tout d'un rythme dézingué sur fond d'illades malicieuses et de silences orchestrés. Une sorte de xylophone et un micro magique -comme ce jouet en plastique des années 90 aux multiples modulations vocales- complètent l'attirail. Entre tapping, incrustations sonores et bottleneck appuyé, l'expérimentation prend de l'ampleur, jusqu'à s'incruster dans un rythme qui peu à peu se structure et se durcit en rock punkifié en plein cur d'un bouillonnement amplifié. Le premier morceau finit de s'achever sur un " C'est super bien. Mais c'est super bizarre. " émanant de notre fameux spectateur témoin et hautement pertinent, Cédric F. Puis le set reprend et cette fois-ci, Stoo se fait frontman avec un parlé-chanté sur un jazz garage d'arrière salle de cabaret aux petites heures d'une nuit en boucle.
S'en suivent deux autres compos toujours sur le fil de l'impro, et dont la dernière sort à peine de l'emballage. La synergie des petits mondes de chacun fonctionne, rentre dans une collision étincelante, jusqu'à cet hommage à un early bluesman de cette Nouvelle Orléans vers laquelle on ne cesse de faire des allers-retours mystiques et enchanteurs.
La soirée finit gentiment de s'encanailler et quelques tours d'aiguilles plus tard, chacun se disperse et repose pied à terre, entre Méditerranée et Mississipi. Le lendemain, l'équipée sauvage sudo-sudiste (ou nouvel orléano-marseillais) fait étape à la Casa Consolat avant de laisser un océan d'acouphènes séparer les troupes et leur public conquis, à l'image de Cédric F, arborant il pétillant et sourire enfantin pendant toute la traversée électrique.
Critique écrite le 10 octobre 2017 par odliz
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