Chronique de Concert
Les Hurlements D'Léo + Barcella
C'est pour Barcella que j'étais venu ce soir à la Cartonnerie. Je l'avais filmé dans l'après-midi pour les besoins de France 3 Reims et ce que j'avais vu m'a donné envie de le revoir pour de vrai sur scène. Mathieu Barcella est un champenois de 23 ans, épanoui et plein d'énergie. Un beau chanteur comme il y a des beaux parleurs, du genre à prendre sa guitare et à chanter tout seul pour lui et pour tout ceux qui veulent bien écouter. Charmant. Je conseille sa fréquentation à toute fille qui aurait décidé de ne plus regarder les garçons parce qu'ils sont trop cons. Pour tester sa résolution.
Le registre de Barcella, c'est la chanson française à l'ancienne, lui-même parle d'ancienne vague. C'est une bonne définition. Moi, la chanson ce n'est pas ma passion. Je suis le premier à reconnaître le talent d'un Daniel Guichard dont je peux siffloter des titres trente ans après leur composition. Mais de là à me déplacer pour écouter des couplets et des refrains... Barcella n'est pas toutefois un de ces ringards hors du temps qui envoient leur démo à Pascal Sevran ou à Charlie Hebdo. C'est un garçon de son époque qui écoute du hip-hop.
Ce soir, même s'il jouait à domicile, il avait la tâche ingrate d'ouvrir pour un groupe confirmé, drainant un public de jeunes, et ce dans la grande salle de la Cartonnerie, celle qui ressemble à un entrepôt.
Notre jeune gars s'est donc amené sur cette grande scène, habillé d'une queue de pie et accompagné d'un blond pianiste, Thibault.
"Bonsoir à tous dans un monde merveilleux", c'est sur cette phrase introductive que Barcella se présente au public. Avec lui, c'est tout un univers léger et concerné qui va s'imposer aux centaines de spectateurs. Il passe d'un exercice de flow, casquette sur la tête, "dans ma ville le rap est à la mode jusque dans les écoles primaires", à une chanson sur la triste fin de vie de certains vieux, "parce qu'on a mis Mémé en maison de retraite... en attendant de la mettre en terre" pour retrouver une verve plus comique dans une protest-song dédiée aux hommes qui en ont marre d'être considérés comme de vulgaires objets. Ces chansons qui pourraient passer sur le papier pour une resucée de Vincent Delerm sont servies au public avec une très grande habileté par Mathieu qui improvise des scénettes entre les morceaux et des jeux avec le public. Celui-ci captif et emballé va ainsi se retrouver à taper dans ses mains, facile, puis, moins évident, à faire des bruits avec ses bouches comme les rappers, pour finir par courir sur place comme si les spectateurs étaient sur un tapis roulant dans une salle de sport. Bel exploit qui souligne la facilité et l'efficacité du jeune artiste sur scène.
"Comme tout un chacun, il m'est arrivé de mesurer la bête...", ma chanson préférée ce soir, à propos de l'angoisse de nombreux d'entre nous au moment où l'on se penche sur son entrejambe... pendant ..., au moment par exemple, où l'on visionne un film... animalier. C'est un sujet un peu scabreux, mais qui nous parle à tous, comme la platitude parle aux filles, et Barcella s'en tire à merveille sans être grossier à un seul moment. Il terminera avec sa chanson la plus locale, à propos de Léon, l'accordéoniste de la place d'Erlon. Et c'est là que l'on constate les libertés que les artistes prennent avec la réalité, comme quoi il vaudra toujours mieux faire confiance aux journalistes professionnels (niark, niark). La vérité. Il n'y a pas d'accordéoniste place d'Erlon. Le pianiste à bretelle a son poste rue de Vesle. Il s'appelle Alain et non Léon, mais il est vrai qu'Alain ne rime pas avec accordéon.
De l'accordéon on en retrouve chez les Hurlements D'Léo, avec de la trompette, du saxophone, de la contrebasse et une casquette aussi. Ca a commencé doucement d'abord sur les deux premiers titres. Il était question d'un "Portrait tout craché, recraché". Je ne reconnaissais pas le groupe que j'avais vu il y a deux ans à Arrosa au Pays basque.
Mais les rythmes festifs, les accents canailles et tsiganes n'ont pas tardé à exploser sur scène. Dans la fosse, les jeunes beatniks étaient bien contents de rouler leurs joints et de se bousculer. C'était décidément un très bon public, jeune, enthousiaste et même pas saoûl. Je n'ai pas regardé ma montre, mais le concert a bien duré. Les musiciens n'ont pas mégoté sur leur répertoire.
On n'aurait pas dit qu'ils avaient déjà joué la veille et que le lendemain une autre date les attendait. Et en rappel, ce n'est pas un morceau, mais quatre ou cinq qui ont été joués avec un final très rock. Un beau moment, qui a ravivé mon regret éternel de n'avoir jamais vu la Mano Negra en concert.
Critique écrite le 23 avril 2005 par Bertrand Lasseguette
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