Chronique de Concert
I AM
J'arrive un peu à la bourre dans une salle blindée (et plus qu'enfumée :D), sur un "Independenza" qui a déjà fait monter la température (fait chier d'avoir raté "Petit frère" :/). Une salle au public vraiment hétéroclite. Je me doutais que ce ne serait pas exclusivement des gadjies et des gadjos des cités, image qui a la vie dure, mais je ne pensais pas que ce serait aussi diversifié. Tous les âges, beaucoup de filles, quelques chevelus, des bobos, des trentenaires rentrés dans la norme, bref de tout.
Même si personnellement j'ai trouvé ce live excellent, je suppose que ce n'était pas la même ambiance, ni le même public qu'il y a 15 ans. Le fait qu'ils soient sponsorisés par M6 et NRJ montre qu'ils sont devenus un bon produit pour les médias, mais en eux même les I AM sont restés honnêtes, en ayant mûris. Ils ne se privent d'ailleurs pas de tirer à boulets rouges sur le canard Marseille Hebdo qui a souvent été agressif avec eux, alors que partout en France ça se passe mieux dans la presse.
Ils sont en tous cas heureux d'être à la maison, ça gueule du "Marseiiiiiiiiiiiiiille" de longue, le son arrache comme il faut, les classiques des classiques sont repris en choeur par l'audience à fond dedans ("Nés sous la même étoile", "L'empire du coté obscur", "Comme un samouraï", "La saga"...), les bras se lèvent et s'abaissent en cadence un peu partout "Offishall", "Sur les remparts"...), et on assiste à de purs moments intenses.
Avec en point d'orgue le magnifique et très long "La fin de leur monde", où Akhenaton et Shuriken se partagent un long texte si juste de sens... Un morceau qu'ils n'avaient jamais joué avant cette tournée, issu d'un album solo de Akhenaton, et franchement, c'était très intense, dans un Dôme totalement suspendu aux lèvres des deux rappeurs, dans un silence total, avec toutes ces images de guerres, de malheurs sur l'écran géant... Rien que pour ces longues minutes de paroles lucides au possible dans une telle atmosphère, ça valait le déplacement... Et c'est une véritable standing ovation prolongée qui a remercié le combo... Je ne me remet encore pas de ce titre. Hallucinant ce qu'il dégage.
"Je danse le mia" fût un autre très bon moment, et surtout ultra fun ! Dj Kheops et Dj Taz mettaient en fond des passages des plus grands titres funks connus, pendant que les I AM déroulaient leur texte si célèbre avec de larges sourires, devant une assistance en foly ! Et le producteur Imothep qui vient esquisser des pas de danse, ça valait le détour :p
"L'empire du coté obscur" en premier rappel fait marrer les gens dans un premier temps, quand tous les membres reviennent sur la musique de "Stars wars" en tshirt blanc imprimé "Saison 5" derrière, et surtout avec des sabres lasers de différentes couleurs, comme dans le film (idée des gamins d'Akhenaton nous dira ce dernier par la suite); puis dans un deuxième temps toute la salle qui chante et se balance en rythme.
"Nés sous la même étoile" maintiens le Dôme debout, accompagnant les rappeurs sur les refrains.
Par contre le "United" que je ne connaissais pas, hymne à la mixité, au "temps qui joue pour nous", avec les poings levés, n'a pas eu l'air de convaincre une bonne partie de l'assemblée...
Le dernier rappel avec le "classique des classiques" comme ils disent, le très long et puissant "Demain, c'est loin", démontre tout le brio de I AM dans l'écriture des textes, le feeling de leur hip hop, la justesse de l'interprétation.
Y a rien à dire sur les membres, ils assurent ! C'est très pro, c'est en place, mais ça vit, c'est pas barbant, les mecs ils ont une patate monstre ! Shurik'n a le plus fort charisme, et le phrasé que je préfère. Akhenaton je l'ai trouvé plus en dedans au début, mais il a vite rattrapé le coup, et on sent le mec qui a ça dans le sang. Freeman est le plus vindicatif et rageur, le plus gueulard, celui qu haranguera maintes fois le public, en faisant hurler plus fort que sur les autres dates, en faisant chanter le célèbre "Aux armes" du stade Vélodrome, en dédicaçant certains titres à des proches, en rappant a capela sur la notion de partage. Les deux autres sont moins marquants, mais accompagnent idéalement ces trois leaders.
J'ai pas vu passer le live (un peu plus de 1h45), c'était une excellente surprise pour ma part. Ces mecs sonnent toujours sincères, ils donnent énormément pour leur art, et ils aiment le faire partager. Et la setlist était franchement méchante au final! Avec le meilleur des morceaux solo de chaque membre, et une belle part au mythique album "L'École du micro d'argent". L'autre part belle étant au dernier album, mais la plupart des chansons passaient très bien sur les planches ("Au quartier", "Rap de droite", le marrant "Coupe le cake"). Il manquait "Sachet blanc" ou d'autres anciennes bien bonnes, mais bon, leur disco est tellement fournie et emplie de grands moments qu'on peut pas tout avoir.
J'aurai pensé le public plus chaud que ça en définitive, surtout comparé à ce qu'a proposé le groupe, au feu qu'il voulait mettre. Mais c'est le souci d'une trop grande diversité je pense. M'enfin, c'était bien le bordel quand même, on va pas chipoter.
Une année live exceptionnelle, qui se termine de façon inattendue, mais très agréablement. Qu'ils reviennent vite pour fêter leurs 20 ans en 2008, comme ils ont promis !
Setlist (un poil incomplète) :
WW
Une autre brique
Petit Frère
Independenza
Rien de personnel
Sur les remparts
La saga/Bad boys de marseille
La fin de leur monde
Samourai
L'ecole du micro d'argent
Ca vient de la rue
Rap de droite
1 titre solo de Freeman
Au quartier
Coupe le cake
Bouger la tête
Je danse le mia
Offishall
Rappel 1
L'empire du coté obscur
Nés sous la même etoile
United
Rappel 2
Demain c'est loin
Critique écrite le 23 décembre 2007 par Gandalf dansla place
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> Réponse le 25 décembre 2007, par Biga
Excellent,comme quoi tu peux passer sur nrj et m6 et envoyer du gros... y avait tout, du son, de la vivacité et motivation et ... de la méchante vidéo... au moins l'avantage d'être avec de grosses majors est de pouvoir offrir un show en place. Et puis tant pis, pour 30 euros je préfère avoir vu ça qu'un concert de merde. Pour ce qui est du public, on est pas sur TF1 ( pour celui qui as écris avant ), le public était effectivement hétéroclite (?) ce qui as toujours été le cas dans les concerts de rap que je suis allé voir. cela ne m'as pas étonné , surtout que là c'était IAM , groupe qui tente de venir à bout de ces clichés. Voilà, vraiment vraiment impressionnant. Réagir
> Réponse le 26 décembre 2007, par KRS One Spirit
Pas si emballé que ça moi. Bon c'est vrai que ce la fin de leur monde a été énorme mais on a pu retrouver aussi les faiblesses de leur dernier album, franchement pas terrible. Quant on voit l'energie et la hargne de Keny Arkana il y a 15 jours, le hip-hop viscéral est là-bas. Je reproche simplement à I AM de ne pas avoir su évoluer, de rester dans un discours "ça vient de la rue" alors qu'ils sont plus trop légitimes pour ça. Bref de faire du hip-hop de papa, à l'image de leur public que tu croises pas spécialement à la Rumeur, à Keny, à l'Affranchi. Et surtout c'est quoi cette flambée de Marseille l'Hebdo ? Oh Akhneaton, pas de démocratie sans liberté de la presse ! Même si ça fait mal à ton égo... D'autant que j'aurais préféré que tu gardes de ta colère pour soutenir les sans-papiers,... La suite | Réagir
> Réponse le 09 janvier 2008, par Johnny
Marseille L'Hebdo, AGRESSIF envers IAM ? On voit que vous n'avez pas lu la critique qui les a irrité. Les IAM, qui prônent l'ouverture d'esprit et le sens critique n'apprécient pas quand ces outils de civisme se retourne contre eux. Ils ont mal accepté qu'on leur dise qu'ils vieillissaient, qu'ils étaient dépassés par la jeune garde (il n'y a qu'à comparer avec l'ambiance du concert de Soprano dans ce même Dôme pour le constater) et qu'ils ne s'investissaient jamais dans leur ville, ce qui est vrai. Reste à dire que la majeure partie de son public n'a rien compris à cette invective contre le journal, à qui ça fait finalement de la publicité (et il en a besoin). Réagir
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