Chronique de Concert
IAM, Carpe diem
Nombreux articles en détaillent les anecdotes, voir les ficelles, mais pour moi, la spontanéité, le perfectionnisme et le destin ont fait leur part.
Je ne rentrerai pas non plus trop dans certains détails volontairement afin de laisser la surprise sur des perles de mise en scène du show.
Première pour moi au Zénith de Nantes , avec IAM donc, pour la tournée des 20 ans de l'album mythique d'une génération phare du rap français : L'école du micro d'argent.
Quel trentenaire n'a pas fredonné un de ces tubes, véritable conte urbain, qui plante un décor sonore au bout de deux mesures, et détaille le quotidien en texte, précis comme un chirurgien.
Le Zénith se trouve en plein cœur d'une zone commerciale, temple du consumérisme. Ça a pour avantage de pouvoir se garer sans problème, et suivre le flux par la passerelle vers la salle imposante.
L'organisation est bien faite, et malgré la foule compacte, on entre rapidement dans le grand hall, où il y a le choix pour les bars Heineken ou Despé.
Carpe diem est chargé d'assurer le warm up.
C'est un groupe marseillais que j'ai découvert dans la compil Chronique de mars vol.2 .
Le groupe est assez complémentaire, mais REDK prend quand même naturellement la fonction de capitaine du navire.
Il s'est fait connaître du grand public grâce à son album en duo avec Soprano : E=2mcs, et navigue dans les mêmes eaux que ses grands frères IAM.
Personnellement je reste fidèle à mes préférences en matière de hiphop, les morceaux plus posés me touchent plus particulièrement, notamment A plumes ouvertes solo pour le final de REDK.
Les titres rythmés sont efficaces et réchauffent le public, une bonne communication avec nous montre que dans le rap il n'y a pas de frontières régionalistes, et Carpe Diem use de la carte football pour le montrer.
La patte marseillaise est bien présente, mais pas caricaturée. On voit bien que le groupe a de la bouteille et que le plaisir est partagé autant sur scène que dans la salle.
Après une petite demi heure, ils cèdent leurs places et les nombreux trentenaires commencent à se retransformer en ados...
La chaleur monte et enfin Kheops, Imhotep et Dj Daz grimpent sur leur perchoir.
Ça annonce tout de suite la couleur visuellement avec des animations et une entrée fracassante sur l'école du micro d'argent.
Akhenaton et Shurik'n sont épaulés par Kephren et Saïd. Ce soir Akh a la voix éraillée, et s'en excuse à plusieurs reprises, mais reste toujours aussi calé et cela ne l'empêche pas de lâcher quelques solos d'anthologie malgré tout.
Quelques regrets pour des chefs d'oeuvres de Sol Invictus ou du Black Album absents , mais la carrière prolifique d'Akh en était fatalement inévitable... IAM a tout de même fait la prouesse de jouer pas loin d'une quarantaine de titres dans la soirée !
Shurik'n prend le relais quand il faut et fait de même nous gratifiant de perles de son album tout aussi mythique pour moi :Où je vis. Il se fait plus présent et donne de la voix, travail d'équipe !
Outre l'école du micro d'argent, des medleys thématiques nous replongent dans des univers propres aux membres du groupe.
Kheops et son Sad Hill, avec une ambiance visuelle magnifique qui illustre les bijoux des métaphores que sont ces hits.
La musique retravaillée pour l'occasion des versions tout au long du show amène des phases bien marquées, et l'ensemble décrit parfaitement le fond des influences variées du groupe ; les messages de partage, de mélange, de différence.
Les ponts entre les projets solos, les différentes périodes sont enchaînées comme si l'on se baladait dans Venise... Et la part belle est faite à l'album anniversaire.
Le public est tout de même multi générationnel. En fermant les yeux pour apprécier Petit frère sur un break reggae, je prend plaisir en les rouvrant à voir des enfants sur les épaules de leurs parents et me dis que ces artistes ont su garder leur plume au service de l'éveil des consciences, c'est grâce à ces personnes que le quotidien n'est pas seulement consommé, il est aussi digéré.
C'est grâce à eux entre autre que personnellement j'apprécie le rap car il me pose comme une autre musique, mais me pousse aussi à la réflexion et me touche viscéralement.
Un grand merci pour m'avoir fait revivre cette tournée, 20 ans après un premier concert d'ado déjà fan au Dôme de Marseille (avec un son nettement meilleur d'ailleurs au Zénith ! )
A dans 20 ans !
Critique écrite le 01 décembre 2017 par Berclic
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