Accueil
Chronique de concert Ibeyi + Dampa
Lundi 25 novembre 2024 : 6359 concerts, 27234 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Chronique de Concert
Ibeyi + Dampa
C'est un peu par hasard, en faisant défiler des événements culturels proches de chez moi sur Facebook comme à mon habitude que j'ai eu vent de la venue du duo Ibeyi proche de chez moi.
Moi qui me déplace tout le temps à minimum deux cents kilomètres de mon Béarn pour aller écouter des artistes qui me sont proches, j'étais étonnée de voir ces deux artistes passer vers chez moi et surtout à la salle James Chambaud. Ibeyi, j'ne avais déjà entendu aprler, de ces deux surs qui font de la musique en métissant blues, soul et rythmes afro et latinos. Sur des festivals, en tête d'affiche de petits événements. Ce genre de mariage faisant en général la part belle dans une ville comme Pau, j'étais contente de pouvoir faire le déplacement à l'improviste et de venir. Le concert affichait complet quand j'ai suggéré à ma mère de venir avec moi (le jour-même, à 15h30). J'ai finalement racheté in extremis deux places à tarif réduit, en désistement de dernière minute. Nous voilà donc, ma mère et moi, dans une file d'attente dans le froid, en attendant les portes qui ne tarderont pas à s'ouvrir. Salle que je n'avais pas eu l'occasion de voir depuis un moment : petite capacité, acoustique agréable. Elle se remplit vite et bien, pour que l'on atteigne les 800 personnes, parmi lesquelles beaucoup de quadras et de trentenaires.
Le concert commencera sur une note négative puisque nous avons attendu un bon moment avant de voir le fameux duo. Entre trente et quarante minutes d'attente du commencement du concert (on a vu mieux), et une première partie restée presque une heure entière sur scène, on a eu envie d'avoir les nerfs à vif, mais disons que l'atmosphère générale faisait supporter ce désagrément.
Dampa, un duo composé d'une chanteuse et d'un DJ, fait son entrée en scène. Une scénographie propre, avec lights mauves et bleues, et un joli graphisme de leur logo sur un écran derrière eux. Le jeune homme est à gauche de la chanteuse. Petite, mate de peau, fine comme tout ; elle porte un béret et une tenue de scène. Petite incohérence de la part du monsieur qui n'a pas l'air d'avoir réservé sa tenue pour son passage en scène ; un détail capital selon moi.
Registre musical surprenant, entre l'électro et la soul. Instrus recherchées et plaisantes, voix juste et maîtrisée, en anglais s'il vous plaît. Le gros bémol c'est que la demoiselle chantait les trois quarts du temps dos à nous, et la petite vague de timidité qui a enveloppé la salle aurait pu être une jolie cohésion entre elle et nous. L'énorme bourde de l'organisation de cette première partie réside finalement dans le fait qu'elle fut beaucoup, beaucoup trop longue, et que sur la fin, on était plus dans une salle de cinéma que dans une salle de concert.
Après cette entrée en matière électro-soul, un changement rapide de plateau. On voit alors apparaître des nouvelles enceintes, quelques instruments de base, un clavier et des percussions, ainsi que plusieurs autres percus et faiseurs de rythmes d'inspiration afro. De la matière à une musique métissée et plurielle, voilà ce qu'on appréhende en attendant l'entrée d'Ibeyi sur scène.
Enfin, les voilà ! Une très jolie scénographie avec des motifs psychédéliques, qui changent en fonction du thème des morceaux. Bien apprêtées et souriantes, elles ont revêtu une tenue aux couleurs vives d'inspiration africaine. Belle cohésion entre deux surs, de belles introductions avant les morceaux. Leurs voix sont justes et très bien accordées, elles chantent majoritairement en, anglais, en yoruba, avec un peu d'espagnol et un soupçon de français. Elles sont dans leur mood tout en restant à notre écoute. Elles peuvent jouer au clavier ou aux percussions sans regarder ce qu'elles font ni forcer sur la concentration pour la justesse de voix : ces deux petites femmes savent ce qu'elles font et le font à merveille. Cette extraordinaire maîtrise témoigne de leur formation solide au cajon et au folklore yoruba, que je prendrai plaisir à découvrir ce soir-là. Une mise en scène très propre, calculée au millimètre près, derrière laquelle on distingue les heures et les heures de répétition. C'est dans cette extrême justesse et propreté que s'est trouvée la plus grande faille du concert d'Ibeyi à mon avis : l'ensemble ne sonnait pas faux, mais pas vrai non plus. La magie du direct et de la tournée, c'est justement d'avoir un concert un peu différent à chaque changement de ville, en s'adaptant au public qui nous reçoit et en faisant découvrir son show sous un jour toujours nouveau, celui de l'humeur à laquelle on est affecté. Là, on avait l'impression que cette préparation sans faille n'avait pas bougé d'un pouce entre la date de la veille et celle du lendemain. Une prise de liberté laissant place à un peu d'improvisation nous aurait donné envie de danser sur leurs musiques et de capter leur regard. A la place, nous étions certes émerveillés par la qualité du spectacle, mais on avait presque envie de s'asseoir et de les laisser faire, comme si " elles n'avaient pas besoin de nous ". La zone de confort aurait néanmoins très bien pu pointer le bout de son nez, mais il n'en fut rien. Ouf.
En résumé, Ibeyi à Pau, c'était une merveille visuelle et une belle expérience auditive. J'aurais vraiment adoré prendre du plaisir à les écouter en leurs personnes elles-mêmes et non pas seulement en leur qualité d'artistes. Cette soirée a pu me donner envie de réécouter Ibeyi dans un festival, avec une ambiance plus enlevée que celle d'une petite salle d'une ville de la taille de Pau, avec une prise d'initiative différente à l'égard du public. Entre juin et juillet. Avec de quoi se rafraîchir pas très loin après tant de soleil musical.
Moi qui me déplace tout le temps à minimum deux cents kilomètres de mon Béarn pour aller écouter des artistes qui me sont proches, j'étais étonnée de voir ces deux artistes passer vers chez moi et surtout à la salle James Chambaud. Ibeyi, j'ne avais déjà entendu aprler, de ces deux surs qui font de la musique en métissant blues, soul et rythmes afro et latinos. Sur des festivals, en tête d'affiche de petits événements. Ce genre de mariage faisant en général la part belle dans une ville comme Pau, j'étais contente de pouvoir faire le déplacement à l'improviste et de venir. Le concert affichait complet quand j'ai suggéré à ma mère de venir avec moi (le jour-même, à 15h30). J'ai finalement racheté in extremis deux places à tarif réduit, en désistement de dernière minute. Nous voilà donc, ma mère et moi, dans une file d'attente dans le froid, en attendant les portes qui ne tarderont pas à s'ouvrir. Salle que je n'avais pas eu l'occasion de voir depuis un moment : petite capacité, acoustique agréable. Elle se remplit vite et bien, pour que l'on atteigne les 800 personnes, parmi lesquelles beaucoup de quadras et de trentenaires.
Le concert commencera sur une note négative puisque nous avons attendu un bon moment avant de voir le fameux duo. Entre trente et quarante minutes d'attente du commencement du concert (on a vu mieux), et une première partie restée presque une heure entière sur scène, on a eu envie d'avoir les nerfs à vif, mais disons que l'atmosphère générale faisait supporter ce désagrément.
Dampa, un duo composé d'une chanteuse et d'un DJ, fait son entrée en scène. Une scénographie propre, avec lights mauves et bleues, et un joli graphisme de leur logo sur un écran derrière eux. Le jeune homme est à gauche de la chanteuse. Petite, mate de peau, fine comme tout ; elle porte un béret et une tenue de scène. Petite incohérence de la part du monsieur qui n'a pas l'air d'avoir réservé sa tenue pour son passage en scène ; un détail capital selon moi.
Registre musical surprenant, entre l'électro et la soul. Instrus recherchées et plaisantes, voix juste et maîtrisée, en anglais s'il vous plaît. Le gros bémol c'est que la demoiselle chantait les trois quarts du temps dos à nous, et la petite vague de timidité qui a enveloppé la salle aurait pu être une jolie cohésion entre elle et nous. L'énorme bourde de l'organisation de cette première partie réside finalement dans le fait qu'elle fut beaucoup, beaucoup trop longue, et que sur la fin, on était plus dans une salle de cinéma que dans une salle de concert.
Après cette entrée en matière électro-soul, un changement rapide de plateau. On voit alors apparaître des nouvelles enceintes, quelques instruments de base, un clavier et des percussions, ainsi que plusieurs autres percus et faiseurs de rythmes d'inspiration afro. De la matière à une musique métissée et plurielle, voilà ce qu'on appréhende en attendant l'entrée d'Ibeyi sur scène.
Enfin, les voilà ! Une très jolie scénographie avec des motifs psychédéliques, qui changent en fonction du thème des morceaux. Bien apprêtées et souriantes, elles ont revêtu une tenue aux couleurs vives d'inspiration africaine. Belle cohésion entre deux surs, de belles introductions avant les morceaux. Leurs voix sont justes et très bien accordées, elles chantent majoritairement en, anglais, en yoruba, avec un peu d'espagnol et un soupçon de français. Elles sont dans leur mood tout en restant à notre écoute. Elles peuvent jouer au clavier ou aux percussions sans regarder ce qu'elles font ni forcer sur la concentration pour la justesse de voix : ces deux petites femmes savent ce qu'elles font et le font à merveille. Cette extraordinaire maîtrise témoigne de leur formation solide au cajon et au folklore yoruba, que je prendrai plaisir à découvrir ce soir-là. Une mise en scène très propre, calculée au millimètre près, derrière laquelle on distingue les heures et les heures de répétition. C'est dans cette extrême justesse et propreté que s'est trouvée la plus grande faille du concert d'Ibeyi à mon avis : l'ensemble ne sonnait pas faux, mais pas vrai non plus. La magie du direct et de la tournée, c'est justement d'avoir un concert un peu différent à chaque changement de ville, en s'adaptant au public qui nous reçoit et en faisant découvrir son show sous un jour toujours nouveau, celui de l'humeur à laquelle on est affecté. Là, on avait l'impression que cette préparation sans faille n'avait pas bougé d'un pouce entre la date de la veille et celle du lendemain. Une prise de liberté laissant place à un peu d'improvisation nous aurait donné envie de danser sur leurs musiques et de capter leur regard. A la place, nous étions certes émerveillés par la qualité du spectacle, mais on avait presque envie de s'asseoir et de les laisser faire, comme si " elles n'avaient pas besoin de nous ". La zone de confort aurait néanmoins très bien pu pointer le bout de son nez, mais il n'en fut rien. Ouf.
En résumé, Ibeyi à Pau, c'était une merveille visuelle et une belle expérience auditive. J'aurais vraiment adoré prendre du plaisir à les écouter en leurs personnes elles-mêmes et non pas seulement en leur qualité d'artistes. Cette soirée a pu me donner envie de réécouter Ibeyi dans un festival, avec une ambiance plus enlevée que celle d'une petite salle d'une ville de la taille de Pau, avec une prise d'initiative différente à l'égard du public. Entre juin et juillet. Avec de quoi se rafraîchir pas très loin après tant de soleil musical.
Critique écrite le 05 janvier 2019 par Brunelle Agulian