Chronique de Concert
Iggy Pop + Die Cheerleader (American Caesar Tour)
Maison des Sports, Clermont-Ferrand 13 novembre 1993
Critique écrite le 18 juin 2020 par Pierre Andrieu
Comme tous les artistes en cette année maudite pour les événements faisant potentiellement se mélanger les gens, Iggy Pop a été obligé de reporter sa tournée initialement prévue en France en avril 2020 pour promouvoir son dernier disque, le très bon et bien nommé "Free". Ses dates ont d'abord été calées une nouvelle fois en septembre 2020 puis une deuxième fois en avril 2021. Et ouais, c'est la misère totale : plus de concerts, plus de festivals, que de tristounettes vidéos à se mettre sous la dent jusqu'à fin 2020 ! C'est chiant, très chiant. Tant et si bien qu'en attendant désespérément le retour des lives d'Iggy (et des autres !) on en vient à se remémorer notre premier rendez-vous avec le leader des Stooges, qui, en plus, comme pour ne pas tomber dans l'oubli, réédite en pleine crise du Covid-19 deux de ses meilleurs albums solos (avec un certain David Bowie), les inépuisables et totalement cultes "The Idiot" et "Lust For Life". Deux disques qui datent de 1977 et que l'on écoutait déjà en boucle en 1993, l'année où on a vu leur auteur sur scène pour la première fois... mais pas la dernière !
Samedi 13 novembre 1993
C'était le samedi 13 novembre 1993, et malgré une alcoolémie assez élevée on s'en souvient comme si c'était hier car le show était vraiment énorme. Un véritable choc rock 'n roll qu'on a gardé précieusement en mémoire. En 2020, on a toujours le billet du concert, l'article du journal La Montagne du lendemain - illustré par des photos dont on était allé chercher un tirage plus tard au journal - et l'affiche de la tournée. Bref, on rembobine jusqu'en 1993, une année de merde passée à ne rien foutre en cours et à attendre l'incorporation à l'armée (qui arrivera début 1994) en se demandant ce que l'on va bien pouvoir faire de notre vie après avoir été viré de la fac d'éco pour cause de notes proches de zéro. Pour lutter contre l'ambiance "jeunes cadres dynamiques de droite" à la fac et procrastiner tout à loisir, on enchaîne les concerts à Clermont-Ferrand et dans la région : Paul Personne, The Wedding Present (deux fois !), Kat Onoma, Les Thugs, Urban Dance Squad, The Buzzcocks, The Breeders, Calvin Russell, 22 Pistepirkko et même Guns N' Roses lors d'une escapade à Lyon en juillet. Ce show d'Axl & Co marque le début de notre désamour pour ce combo américain complètement à la dérive artistiquement dès cette époque (la preuve, cette fascination pour les slows dégoulinants à la Elton John).
"American Caesar"
Ce que l'on écoute le plus dès le mois de septembre, ce sont les dernières publications de Nirvana, "In Utero", et d'Iggy Pop, "American Caesar", deux disques qu'on achète en cassettes audio dès leur sortie et qu'on s'infuse en boucle pour préparer à fond les futurs rendez-vous avec Kurt Cobain (programmé en février 94 à Grenoble, un concert que l'on ne verra jamais car on sera sous les putains de drapeaux à ce moment-là... merci la vie !) et, donc, celui avec James Osterberg aka l'iguane, annoncé mi novembre 93 en Auvergne. Gonflé à bloc, on se rend à la Maison des Sports de Clermont le samedi 13 novembre avec deux potes de fac, Bilou et Geoffroy, et, afin de fêter dignement ce grand jour, on commence une très intelligente séance de binge drinking dans la voiture, sur le parking. Très en joie (voire plus), on pénètre dans la salle pour la première partie, les meufs rock 'n roll de Die Cheerleader, dont on n'a jamais entendu parler et que l'on regarde goguenard dans les gradins en hurlant "IGGYYYY !!!" dès que l'on peut...
Impérial
Après cette introduction un peu trop hard rock à notre goût (on a réécouté, en fait c'est pas mal, mais on voulait juste voir Mister Pop ce jour-là), la salle est comble, à peu prés 3000 personnes réparties dans les gradins et dans la fosse dans une Maison des Sports partagée en deux pour obtenir un meilleur son et un peu de chaleur humaine (difficile dans ce hangar... ), comme pour la géniale prestation de Bowie quatre ans plus tard. Impérial, Iggy arrive accompagné par un groupe qui envoie du bois - le guitariste Eric Schermerhorn (ex musicien de tournée de Tin Machine et futur The The), le bassiste Hal Cragin, le batteur Larry Mullins - et attaque comme une furie, torse nu, cheveux longs fillasses et muscles saillants en lâchant un charmant "Fuck You Clermont !". L'air bien énervé, le mec n'est pas venu pour amuser la galerie puisqu'il balance la purée Stooges à sec, d'entrée de jeu, direct dans nos faces ébahies : "Down on the Street" (notre titre fétiche d'Iggy depuis ce jour là !), "Raw Power" ("I can fucking feel it !") et "T.V. Eye", trois de nos préférés du Monsieur, dans des versions ultra rock 'n roll, hurlées à la perfection, sauvages à mort... RHAAAAA, le pied ! Le tout est agrémenté de doigts d'honneur et de séquences "micro dans le pantalon", pour faire bonne figure. Après avoir joué "Hate" une des excellentes plages d'"American Caesar" (à classer dans le haut du panier au rayon Pop en solo), la machine à tubes chromés bien saignants se remet en action : "Real Wild Child (Wild One)", "Loose", "I Wanna Be Your Dog ", "No Fun", "The Passenger" ou encore "Search and Destroy". Tout le monde en prend pour son grade dans le public, grâce au chanteur/leader/showman très en voix, bien évidemment, mais aussi à ses hommes de main qui tutoient des sommets stoogesques : le gratteux fait vrombir sa Fuzz et sa Wah-Wah comme Ron Asheton et James Williamson, le préposé aux fûts les saccage comme un primate façon Scott Asheton et celui qui est chargé de faire sonner la "quatre cordes" réussit à salement groover (mais attention, pas trop non plus), presque comme en 1969.
Puissance brute
Après les déflagrations sonores propices aux ébats sexuels, place à des moments un peu plus calmes, en tout cas plus récents, avec "Fuckin' Alone", "Lust for Life", "Wild America" (LE tube du dernier disque, sur lequel Iggy joue de sa guitare avec tête de mort), "Home" et même une version réussie d'"In the Death Car", le récent hit d'Iggy avec Goran Bregovic (qui figure sur la BO du film "Arizona Dream"). Sur ce morceau, le roi de la puissance brute ("Raw Power") prouve qu'il est totalement libre en étalant au grand jour sa facette reggae folk world ! Afin de laisser ses fans clermontois KO, Iggy repart après en avoir mis une dernière couche niveau rock and roll, avec le cirque bruitiste de "Caesar" ou encore le bon vieux hit de Richard Berry aux paroles réactualisées pour le dernier opus : le cultissime "Louie Louie ". Un petit goût d'inachevé et de "reviens y" subsiste à la fin du show, bouclé un peu en queue de poisson, sans doute à cause d'un public pas assez chaud ou trop con (pas très fins, les fréquents "à poil !") pour l'ex Stooges. Complètement fasciné par le show du soir, on pourra néanmoins vérifier une semaine plus tard à Nantes puis à Bourges en avril 94 que l'iguane de Detroit sait se monter encore plus généreux quand on le pousse un peu : escalade jusqu'en haut des pylônes de la scène, titres en rab ("Johanna"... ), stage diving etc etc. Mais ça, c'est une autre histoire. Cette chaude soirée se termine autour de quelques verres (était-ce vraiment nécessaire ?) dans la boite de nuit Le Phidias, située à 15 kms sur les hauteurs d'Orcines. Ce qui permet de hurler force "STOOOOOGES", "IGGY POOOOP" et autres "HAAAAAAA" par la fenêtre au cours d'un trajet que l'on qualifiera de mouvementé... Comme la suite.
Photos live 93 à Clermont-Fd : Pierre Couble
Critique écrite le 18 juin 2020 par Pierre Andrieu
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> Réponse le 18 juin 2020, par lol
Très bonne critique, moi aussi je l'ai vu 3 fois lors de cette tournée, qui était mon baptême de l'iguane... Et moi aussi cette année-là j'ai vu Calvin Russel, Weddind present, les Thugs et les Guns... Mais j'ai pu voir Nirvana. Une année fondatrice... Réagir
> Réponse le 19 juin 2020, par Samuel C
Première fois sur cette tournée également ! Vu Iggy 6 jours après à Rezé (près de Nantes - 130 F également), le concert avait été déplacé dans une salle un peu plus petite que le palais des sports prévu initialement. Super show iguanesque. Je l'ai ensuite revu 7 fois et j'espère une 8ème en 2021. Réagir
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