Chronique de Concert
Interpol + Surfer Blood
Voir Interpol à Marseille est en soit un petit événement. Le groupe new-yorkais, pas la Police lyonnaise (blague obligatoire et d'ores et déjà évacuée). Depuis la sortie d'Antics en 2004, les boys de New York jouissent d'une certaine notoriété mondiale.
Toutefois, on le sait très bien, le mondial à Marseille c'était juste du foot. CQFD. Du monde, pas mal, mais un concert loin d'être sold out. Une overdose d'envolée lyrique avec le prochain show d'Arcade Fire ?!
C'est en tout cas l'occasion pour moi de découvrir le nouveau Dock. Il était temps. La dernière fois que j'avais assisté à un concert dans le quartier c'était au sein du chapiteau post-méchoui. J'imagine que tout le monde est au courant, mais désormais la salle squatte l'immeuble d'en face et ressemble à une vrai salle de concert bobo-moderne (genre Transbordeur à Lyon) : grand espace bar semi-urbain, puis grande salle de concert. Une vrai cette fois. Moi qui m'attendais à un nouveau truc un peu roots, j'ai été agréable surpris : pas de pilonnes, bonne visibilité, bon son, belle salle.
Paradoxe ultime des transports marseillais : la salle est desservie par la nouvelle extension du Tram qui s'arrête à 5 mètres du lieu et fonctionne jusqu'à 0h20.
Paradoxe ultime des concerts marseillais : les concerts sont gros, cher, en semaine, donc ils finissent tôt. Comprendre réellement tôt, du genre qui permet de se finir à la Machine sans rater la première partie.
Vous imaginez bien que cet ultime effort demandé au Tram depuis avril dernier (une station en plus) n'a aucune vocation culturelle puisqu'il dessert le magnifique phallus géant qui accueille désormais les touristes Italiens. On appelle ça un agréable dommage collatéral.
Un agréable dommage collatéral, ça aurait pu être Surfer Blood, qui accompagne Interpol dans sa tournée européenne.
Surfer Blood est actuellement dans le top du hip hop des groupes indie rock bobo "révélation de l'année". Aux côtés des new-yorkais de The Drums, notamment. Oui vous savez, ce fly qui circule : "la révélation indie-pop newyorkaise" (la veille à l'Espace).
Surfer Blood c'est donc cinq gamins de West Palm Beach, à peine une grosse année d'existence mais déjà un album, des tas de singles et une tournée européenne avec Interpol, donc. Surfer Blood sur disque c'est du rock indie pop aérien et instable avec un côté Beach Boys.
Pas mal. Le problème c'est que la scène du Dock est encore un peu trop grande pour Surfer Blood. Leur style de popeux plagistes perchés à un peu du mal à franchir l'interminable espace que constitue la salle et quand on a un style aérien, vaudrait mieux jouer ancré au sol que juché sur une scène.
Pour vous résumer le tableau : ambiance cocotier psychédélique sur disque, trépignant mou du genou sur scène. Le côté Beach Boys se perd en route et on se retrouve avec du pop rock à effets, sympathique mais pas exactement inoubliable.
Présenter Interpol n'est jamais facile. Rock indé, cold wave ? Mix entre les Dandy Warhols, les Killers et Joy Division ? Mouais. Bof. Pour situer, ils ont émergé il y a une dizaine d'années avec leurs congénères newyorkais hystériques des Rapture, ils partagent leur quartier avec les Strokes et les Yeahs Yeahs Yeahs. Bref, l'info importante c'est qu'ils sont newyorkais et qu'ils font du rock.
Interpol c'est plein de morceaux incrustés dans plein de série qui donnent au quidam l'occasion de connaitre sans connaitre, mais surtout quatre albums, dont un culte : Antics, 2004. Mais si, Narc, Evil, Slow Hands, tout ça. Vous connaissez forcément sans connaitre.
Pour évacuer, parlons d'entrée de ce qui fâche. Interpol sur scène c'est la puissance du Port du Havre. Plus d'une heure de concert, plus d'une heure de brume. Mais attention, de la brume colorée, c'est un concert, faut assurer le show. Pour le coup on relativise la bonne visibilité de la salle.
Visuellement, un concert d'Interpol se résume donc à quatre silhouettes immobiles dans une purée de pois. J'avais rarement vu pire depuis Mogwai (qui eux, en prime, jouaient reculés sur la scène). Forcément, passé le côté ambiance rebelle sombre mystérieux, on est un peu blasé qu'il n'y ait absolument rien à saisir sur scène. D'autant qu'il ne faut pas espérer voir une des silhouettes bouger un cil.
Tout au plus, le grand moment d'hystérie du concert aura lieu quand le mec à gauche de la scène (impossible de déterminer - dans le brouillard - s'il s'agissait du bassiste ou du second guitariste) pétera son câble et montera sur la plateforme du batteur (à vue d'œil : 30 centimètres de haut facile). C'était sur le tubesque Evil...
Heureusement, et paradoxalement, le chanteur est plutôt communicatif. Tout est relatif, mais il a fait de réguliers efforts pour remercier le public en français de manière un peu plus évoluée que la plupart des groupes qui s'essayent au "merci beaukiou". Sans autre forme d'interaction avec le public toutefois.
Ces légères remontrances passées, enchainons sur le sel d'Interpol : sa musique. De toute façon il n'y a rien à voir, donc autant focaliser et se laisser envouter. Le fan boy de base dira que c'est le but de la brume... A musique trouble, ambiance trouble.
La première chose qui frappe, et parvient même à surprendre, c'est la voix du chanteur. Grave et imposante sur disque, grave et imposante sur scène. Le live n'ôte rien du charme reconnu des vocalises de Paul Banks, qui prouve par la même qu'il n'a recours à aucun artifice en studio pour en imposer niveau gravité (les effets de voix c'est autre chose...).
Le background rythmique suit la tendance avec essentiellement une basse vrombissante omniprésente et saisissante de puissance. Les envolées lyriques et autres chevauchés épiques s'écoulent donc au rythme des variations stylistiques des albums, surfant allègrement (et majoritairement) entre la cold wave obsessionnelle des débuts et les morceaux plus pop (et bien plus rares) du troisième opus.
Outre la dernière charge, la majorité est bien entendu donnée à l'essentiel Antics, album le plus noble du groupe avec ses morceaux puissants à la sombre mélancolie. Un disque un peu plus pur dans sa production. Il est d'ailleurs agréable de voir un groupe qui ne réserve pas ses méga tubes pour le rappel. La classieuse Narc est balancée des les premiers à-coups, tandis que l'emballante Evil s'offre la relance à l'heure de jeu
L'atmosphère demeure sombre, bercée par la voix grave du chanteur et les rythmiques assourdissante, bien que la trop grande linéarité des morceaux du groupe plombera le show sur la dernière ligne droite. Les titres d'Interpol sont bons, mais ils ont tendances à un peu trop se ressembler, abusant de la formule post punk grave, aérien et glaçant. Le set en devient monocorde et monotone. C'est bien dommage.
Malgré cet aspect statique, tant visuel que musical, la performance d'Interpol tient ses promesses par sa capacité à séduire et envouté un public acquis à sa cause et moulé dans l'image du groupe. Sans hystérie, chaque mini groupe du public se sera laissé bercer par l'ambiance en remuant frénétiquement des corps quasi en transe. Et c'est déjà beaucoup.
Plus de photos par Pirlouiiiit en cliquant ici
et une petite de Surfer Blood : là
Critique écrite le 19 novembre 2010 par Zhou
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> Réponse le 20 novembre 2010, par duboulon
Apres les avoir vu 2 fois, apres le 1er album puis le 3eme album, une fois aux Printemps de Bourges et une fois à Lyon, Interpol pause enfin ces valises sur Marseille pour mon plus grand plaisir. Premiere partie, le groupe Surferblood J'ai pu écouté leur album, plutot pas mal, et je fut surpris par la jeunesse des membres de ce groupe. Avec sa petite chemise de premier de la classe, on donnerai le bon dieu au chanteur, a qui on donne 16 ans, comme a son acolyte guitariste. Un set plutot sympa, avec des chansons assez punchis, un manque cruel de scene se fait sentir (quand ils font comme les grands maladroitement tete contre tete ou dos a dos, genre on est des rockers !!!) mais plaisant quand meme. A noter le pianiste percu qui etait a fond !!! A revoir d'ici 4 5ans pour voir... La suite | Réagir
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