Accueil Chronique de concert Interview d'Ahmad Compaoré à l'occasion de Musique Rebelle - Round 9
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Interview d'Ahmad Compaoré à l'occasion de Musique Rebelle - Round 9

Interview d'Ahmad Compaoré à l'occasion de Musique Rebelle - Round 9 en concert

Marseille Décembre 2010

Interview réalisée le 12 décembre 2010 par Mcyavell

J'ai proposé à Ahmad Compaoré une interview pour parler de son parcours musical et du concept Musique Rebelle dont le Round 9 emplira le Cabaret Aléatoire vendredi 17 décembre. L'homme est tellement passionné qu'au bout d'une demi-heure, il n'avait passé en détail que cinq de ses vingt années de musicien en liberté. Une retranscription en aura lieu plus tard. L'actualité, c'est Musique Rebelle, le projet biannuel qu'il porte à bout de bras avec Agnès Petrausch, sa chargée de communication, collaboratrice et manager. Pour une meilleure compréhension de certains passages sachez qu'Ahmad Compaoré a été à deux reprises lauréat du programme Villa Médicis Hors Les Murs (CulturesFrance) ce qui l'a amené à effectuer deux séjours à l'étranger : le premier en Inde, le second au Japon...

Quand et comment est née Musique Rebelle ?
Agnès : Le premier Musique Rebelle c'est janvier 2007.
Ahmad : Non, Musique Rebelle, ça a commencé en Inde, on avait rencontré un Français, un prof de maths à l'Ecole Française de Pondichéry. Il avait un lieu qui s'appelait Le Rêve Bleu comme dans Aladin. Il y avait quelques chambres, c'était plutôt guest house, pour recevoir les Européens. C'était pas très cher et on se retrouvait dans un endroit convivial, peinture, expos... Mais il n'y avait pas de musique du tout. On a lancé un truc en 2005. On s'est demandé si c'était possible de faire des boeufs. Alors j'ai appelé Siddhartha Patnaik, un guitariste qui a invité des musiciens de Delhi pour Pondichéry (il faut prendre l'avion).
Il y avait un bassiste réunionnais, Michko, qui était là en même temps que moi pour un projet artistique (arts plastiques). Il a un groupe qui s'appelle Ziskakan. Ils sont venus jouer à La Fiesta des Suds il y a deux trois ans... J'avais invité un autre batteur aussi, qui est venu de France. Il y avait aussi des tablistes, des chanteurs, des guitaristes ? Et voilà comment ça a commencé, c'était une super belle soirée. Musique Rebelle est parti d'ici.
Agnès : On l'a fait trois / quatre fois, une fois par mois en fait. Et on s'est dit "quand on revient, on le fait à Marseille".
Ahmad : Quand je suis revenu, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts avant qu'on prépare Musique Rebelle pour de bon.
Agnès : Le retour d'Inde a été un peu dur. On était parti 6 mois. Quand tu es revenu ici, c'est comme si on t'avait oublié.
Ahmad : Carrément. Et même pour moi, c'était difficile de changer de couleur. Tu arrives ici, tout est gris...

Le dépaysement devait être total en effet...
Agnès : ca ne nous a pas fait ça pour le Japon, mais après l'Inde, on a eu une période difficile...
Ahmad : C'est l'expérience qui fait que ça a été moins difficile. Mais l'Inde, tu imagines, les couleurs : jaune, rouge, vert, noir, des couleurs partout. Quand tu arrives à Paris, tu ne comprends plus rien. C'est gris, j'étais démoralisé, on ne voulait pas revenir. Psychiquement, c'était dur...

L'idée de Musique Rebelle est donc née en Inde, mais le n°1 a eu lieu à La Friche ?
Agnès : Au début, c'était au Studio.

A la Boîte à Musique ? Je ne connais pas.
Ahmad : Il faut que tu viennes, c'est la caverne d'Ali Baba.

Cette première édition n'était pas aussi importante qu'aujourd'hui, je suppose. Il y avait qui ?
Agnès : La première fois, il y avait plus de musiciens que de public.
Ahmad : Il y avait quelques copains des musiciens et on était 10-15 maximum. Il y avait Edmond Hosdikian qui était là, j'ai commencé avec lui, on faisait des duos. (le duo a justement été reformé la semaine précédant l'interview)

C'était des jam sessions en fait ?
Ahmad : Oui.
Agnès : Au début on en faisait une fois tous les deux-trois mois à la Boîte à Musique. Il y en a eu quatre et après on s'est dit : il faut qu'on en fasse deux par an.
La cinquième édition, c'était en février 2008 à La Mesón. Ca avait très bien marché. C'était une carte blanche.

Et à La Mesón, les musiciens étaient déjà les mêmes que ceux de ton quintet ?
Ahmad : Non. Il y avait Hervé Samb, Uli Wolters, Cyril Benhamou, Fred Pichot...
Agnès : Ca s'est vraiment mis en place en septembre 2008 avant le départ au Japon.
Ahmad : Oui. J'en ai fait une avant de partir. C'était pour fêter mon départ pour le Japon, pour donner une raison valable à La Friche d'accepter de faire le truc à l'extérieur. On ne pouvait plus accueillir dans le studio. C'était blindé. On était monté à 70 personnes, ça ne rentrait pas mais c'était super beau. C'est un peu comme à La Mesón, tu vois, tout le monde par terre avec des coussins. Mais les moments informels comme ça, j'adore ! C'est du cash.

Comment ça se passe, au niveau des invitations. Trouver une date qui convienne à tous ne doit pas être facile.
Ahmad : On fixe d'abord la date, ils me disent s'ils sont disponibles et après on voit comment on peut travailler. Pour les répètes, pour le répertoire.

Et pourquoi cet éclectisme ? Est-ce que tout ce qu'on trouve dans Musique Rebelle correspond à tes goûts ? Parce qu'on trouve du hip hop, de la musique électronique...
Ahmad : Il faut casser les codes. La principale composante de Musique Rebelle, c'est la confrontation entre nous et les styles de musique. Par exemple, Raphaël Imbert, quand il fait du jazz, il est tout seul de son côté, Cyril Benhamou avec ses projets tout seul de son côté... On n'arrive pas à partager la musique ensemble. Si on fait du jazz, on joue avec eux, si on n'en fait pas on ne joue pas. Alors j'ai proposé à tout le monde de se rassembler sur une musique universelle où tout le monde peut se retrouver mais en même temps se confronter. Tu peux mixer le jazz avec le hip hop comme Ahamada Smis par exemple. Pour moi, y'a pas assez d'échanges à Marseille...

Ce n'est pas seulement propre à Marseille, c'est un peu le cas partout, non ?
Ahmad : Oui. Mais par exemple au Japon, ils font beaucoup de choses ensemble
Agnès : Au Japon, tu peux avoir une performance de théâtre kabuki avec des rockers complètement déjantés ou de la musique électronique.
Ahmad : C'est ce contraste qui est super. Et puis ça me plait d'ouvrir l'éventail. C'est le travail que j'ai appris avec Fred Frith. Il m'a dit : "il faut tout jouer, il faut tout aimer, il y a des bonnes choses partout."

Pour la neuvième édition est invité Rocca. Ca aussi, c'est un souhait de ta part ?
Ahmad : C'était une proposition par rapport à ce que je cherchais. C'est du hip hop, ça booste, c'est fort, c'est actuel. Il jouera en première partie. Il a un percussionniste colombien, c'est assez original. Il va faire une heure de show.

Tu seras guest ?
Ahmad : Non, on va voir quand il arrive mais je ne pense pas.

Le public risque d'être totalement différent par rapport aux éditions précédentes...
Agnès : C'est un peu un challenge. On tente l'expérience d'un co-plateau.
Ahmad : Tu connais Rocca ?

Très peu, je connais son vieux titre sur la chanson de Michel Berger "Chanter Pour Ceux Qui Sont Loin De Chez Eux". Et je crois savoir qu'il fait une tournée européenne avec son nouveau groupe.
Agnès : On s'est dit pourquoi pas ? Ca va peut-être amener un autre public aussi, qui par ce biais va découvrir Musique Rebelle.
Ahmad : De toutes façons, après Rocca, Musique Rebelle est là. C'est un peu comme pour Musique Rebelle Round 8 où on avait invité plusieurs groupes (Splash Macadam, Big In Japan) qui faisaient deux morceaux chacun. C'est un peu pareil sauf que là c'est un seul artiste qui fait un show d'une heure. Ca évite de se compliquer la vie avec la technique parce que Musique Rebelle, c'est beaucoup de musiciens, de performers. Ca prend forme de mieux en mieux.

Les invités sont encore nombreux pour cette édition. La liste prévue est définitive ?
Agnès : Il ya quelques rectifications par rapport à la première. On t'envoie la nouvelle (reçue en effet le jour-même, voir ci-dessous). Il y aura en plus All Style Crew, du hip hop, break dance.
Ahmad : Pour que ça mette un peu d'ambiance dans le public. Ils sont très très forts, tu vas être surpris.

C'est ce qui fait le charme de Musique Rebelle : les découvertes : Il y avait eu la peinture en direct dans le Round 7, le Collectif MarCél et la boxe dans le Round 8...
Ahmad : Oui. Là ce sera danse. C'est des fous ces petits jeunes. Tu ne les connais pas ?

Non.
Ahmad : Et Andrew Argent, tu ne connais pas non plus ?

Non plus.
Ahmad : Ne va pas chercher sur Internet, il faut que tu découvres à Musique Rebelle (rires).

Mais toi, tu les connais d'où ? Il y a eu des trucs improbables comme Goldenberg & Schmuyle au Round 8...
Ahmad : C'est des rencontres. Par exemple, Andrew Argent je l'ai connu avec mon fils en allant à son club de ballon. Pour Goldenberg & Schmuyle, je connais Squally depuis très longtemps. Ils m'ont fait faire avec Kabbalah un remix. C'est moi qui suis à la batterie. Pap badadabam Pap badabadam.

La disposition du Cabaret Aléatoire sera à peu près similaire au Round 8 ?
Agnès : Dans l'alcôve gauche, y'aura l'expo photos, au milieu La Force Molle et à droite ce sera la danse et les perfs.
Ahmad : Oui, parce que c'est près de la scène et on peut communiquer pour jouer ensemble. Y'a aussi Julian Demoraga, c'est un chanteur de flamenco, mais électronique. Il aime bien l'impro et il est dans un état d'expérimentation. On va improviser sur un morceau jazz et on va l'amener vers le thème, cadré.

Vous avez décidé d'un rythme régulier pour Musique Rebelle ?
Agnès : Maintenant, c'est deux éditions par an : printemps et automne. Là c'est un peu tard en automne. Sinon, c'est avril-mai et novembre.
Ca se prépare trois quatre mois en amont et c'est intensif depuis deux mois. Tout mettre en place : la logistique, les répétitions, faire que tout le monde puisse se voir et travailler ensemble, c'est un vrai casse-tête. Là on a commencé à y réfléchir en août : choisir le thème, l'idée, la trame.
Ahmad : Le thème c'est la musique noire et le retour aux sources. C'est pour ça qu'il y aura beaucoup de jazz, beaucoup de musique noire, beaucoup de danseurs.
Agnès : Parce que chaque édition a un fil conducteur.
Ahmad : Le prochain, je le dis qu'à toi, ce sera hommage à la femme. Donc on invitera beaucoup d'artistes féminines.
Agnès : La dixième édition sera consacrée aux femmes et en particulier la femme dans le jazz.

Ce Round 10 devrait survenir au printemps 2011. En attendant, ce round de fin d'année devrait nous permettre de passer une belle soirée d'une impressionnante richesse. Les découvertes devraient être légion. Comme d'habitude. Jugez-en plutôt à la lecture du programme :

Première partie : Rocca

1. MUSIQUE
• Ahmad Compaoré Quintet
• Ahmad Compaoré (batterie, compositions) www.myspace.com/ahmadcompaore
• Raphaël Imbert (saxophone) www.myspace.com/raphaelimbert
• Stéphane Mondésir (claviers, programming)
• Wim Welker (guitare) www.myspace.com/wimjanwelker
• Sylvain Terminiello (basse) www.myspace.com/sylvainterminiello
• Christophe LeLoil (trompette) www.myspace.com/leloil
• Fred Pichot (saxophone) www.myspace.com/goodbaba
• Fabien Genais (saxophone) www.myspace.com/fabgenais
• Adila Carles (voix) www.myspace.com/adilacarles
• Denis Chauvet (basse)
• Laure Bonomo (violon) www.myspace.com/izbakmusic
• Kouly Barry (percussions)
• DJ Oncle Bo
• DJ Chica Underground www.myspace.com/chica_underground
• Julien Bayle (laptop, programming) https://protofuse.net
• Gari du Massilia Sound System www.myspace.com/massiliasoundsystem
• DJ Kayalik www.myspace.com/djkayalik
• Julian Demoraga (voix) www.myspace.com/elug
• Manu Théron (voix, percussions) www.myspace.com/locordelaplana
• Jean-Marie Guyard (voix, guitare) www.myspace.com/muddystreet
• Ambo (voix)
• Ahamada Smis (voix) www.myspace.com/ahamadasmis
• Sibongilé M'bambo (voix) www.myspace.com/sibombambo
+ des invités surprise...

2. PERFORMANCES
• Sarah Moha (danse flamenca) www.myspace.com/sarahmoha
• Andrew Argent (freestyle football) https://fr.soweto-cty.com/
• Le Chabalab (vidéo, traitement numérique, streaming live)
- Ivan Chabanaud www.chabalab.net/ - www.selfworld.net/ - Gaël Cobert https://noog.fr/
• All Styles Crew (hip hop)
https://www.facebook.com/pages/Marseille-France/All-Styles-Crew/81795548825
• Collectif La Force Molle & Tabarnak/L'Art en Live (perf + expo) https://laforcemolle.org/

3. EXPOSITIONS
• Christian Ducasse (photographies)

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