Accueil Chronique de concert J.C. Satàn
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Chronique de Concert

J.C. Satàn

J.C. Satàn en concert

Le Poste à Galène, Marseille 26 février 2016

Critique écrite le par


Autant le dire tout de suite : s'il y avait eu une première partie, même assurée par des chèvres du Rove, ou bien carrément par un groupe local montant comme Quetzal Snakes (comme initialement envisagé), ce concert tapait presque forcément à 5 étoiles, tant les J.C. Satàn ont encore une fois mis le feu aux cerveaux, coeurs et cheveux des présent.es ce soir-là. Mais avec un concert d'une heure (leur set actuel) et une première partie finalement annulée, les 3 étoiles seulement valent juste carton jaune... mais pour leur tourneur, pour un concert qui paraît du coup onéreux (15 euros chez Lollipop, pour le guichet le moins cher - le saviez-vous ?). S'il a besoin pour une prochaine fois, que ce tourneur sache que LiveinMarseille peut lui booker en moins d'une semaine l'un des 80 et quelque groupes de rock locaux confirmés qui tournent actuellement, et dont certains seraient très heureux de fouler enfin les planches du Poste à Galène...

En attendant, le groupe du jour, instantanément retrouvé au merchandising après (4 beaux vinyles à vendre, ainsi que d'inspirés t-shirts comme par exemple, celui avec un chat cornu, antéchristique, satanique et heureusement ... décapité), ne pouvait que déplorer cet état de fait. Le guitariste Arthur avait promis (et tenu) de faire des prix sur le merchandising, ce qui nous a permis de repartir avec le joli t-shirt de chat... vraiment pas cher ! Et la très sympathique Paola, chanteuse, se répandait encore en excuses sur le sujet : eux connaissent la scène locale et voulaient précisément faire jouer le groupe pré-cité, avec qui ils sont potes. Vous me direz, ce n'est pas une raison pour ne pas faire un rappel et, en effet. Reste qu'une heure de ce déluge sonique et psychotrope que représente un show de Jean-Claude/Jiseusse-Chraïste/J.C. Satàn, est une durée tout à fait suffisante pour la résistance d'un corps humain ordinaire ! Comme on dit pour Mozart, le silence après J-C S. ... est encore du J-C S. ...

Bien plus ennuyeux qu'une courte durée (pour le chroniqueur) ? Ce grupetto est tellement rodé après toutes ces années de concerts, qu'ils jouent sans aucune putain de set-list - tant pis pour notre collection, déjà. Et surtout après ça, allez donc ressortir des noms de titres, noms auxquels vous ne vous êtes jamais intéressé, puisqu'écoutant leurs disques forcément comme il se doit : en entier. Vous allez y passer la journée, et ce pour des lecteurs et trices qui, comme vous, s'en foutent probablement pas mal, tant ils apprécient leurs shoots de rock noisy d'une traite et sans chichis, éventuellement administrés en deux fois - juste le temps de retourner la galette sur la platine...

Donc, J.C. Satàn joua ce jour-là sans première partie et sans titres identifiés, même si à l'oreille on y reconnaissait évidemment sans difficultés une bonne moitié de leur dernier album très sympa et riche, et plus encore les 3 ou 4 tubes de l'album précédent, Faraway Land, qui lui reste inépuisable et inépuisé à ce jour ! Après une première partie (mythique) de Thee Oh Sees à l'Embobineuse, un rappel aux Eurocks, une improbable programmation (supersonique) à Marsatac, une première partie (un peu occultée par la suite hénaurme de la soirée, hélas pour eux) de Ty Segall à Paris, voici donc enfin le groupe en son propre nom pour la première fois, en déjà 5 sessions pour moi. Et ça valait le coup d'attendre et de confirmer !

Sans aller trop sur le physique (on sait que ça énerve à juste titre certains de nos lecteurs et lectrices), précisons qu'on adore leurs dégaines : entre le petit gratteux moustachu/tatoué, la chanteuse accorte, charmante et néanmoins quelque peu hirsute et italophone, l'impassible et minuscule bassiste femelle à l'allure de personnage de Sempé sous son épaisse chevelure inamovible, et le géant barbu au clavier, il faut bien reconnaître que le groupe, tout en cultivant savamment son no-look (alors que leur musique autoriserait/justifierait largement des fringues de poseur à la 'The Horrors') a quand même une putain d'allure, cartoonesque en diable : on aimerait les voir croqués par l'auteur des personnages de Gorillaz, par exemple... Parce qu'ils ne se veulent tellement pas sexy, qu'ils finissent immanquablement par le devenir !

Et sur scène - ce qui importe bien davantage encore que ce visuel déjà réjouissant - le groupe vous botte et vous arrache le cul, hyper-rodé dans le raffut admirablement orchestré de ses titres originaux et dérangés, qui parviennent toujours à rester sur le fil du bon côté de la ligne de fracture musique/bruit : les cordes, techniques et soniques, jouées en buvant du rouge cul-sec, le chant mâle souvent hurlé, la basse tricotée in petto sous la choucroute corback, le clavier pérorant des délires insanes au bout de ses bras infinis, le batteur qui tient ou casse la baraque selon les besoins, tous savent quand il le faut, laisser un tout petit peu d'espace sonore pour nous aider à entendre que la chanteuse a une superbe voix (mais si, mais si !), y compris quand elle n'est pas elle-même dans le rouge, à s'époumonner à genoux.

Toxique, sonique, tour à tour rock'n'roll ou metal, balade à headbang ou cavalcades à doigt levé, le déluge ne faiblit pas pendant 3600 secondes, avec mention spéciale aux fins de morceaux particulièrement étirées, démoniaques et hypnotiques. Le public, soulevé par les cheveux (mention spéciale au jeune homme coiffé comme Nick Cave en 1987) n'a pas le temps de reprendre son souffle et s'indigne donc à juste titre, quand le concert se finit tellement trop vite. Trop court oui, superbe show néanmoins, bonne route et arrivederci au quatuor qui, pour ce qu'on en sait, est désormais quelque part en Italie...

Photo : Yann Cabello à Clermont-Ferrand pour Concertandco, Février 2016

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