Chronique de Concert
Jackline + Frustration
Rédiger une chronique de ce concert me met face à un problème bien connu des chroniqueur.se.s : la toujours-difficile-huitième-chronique-du-même-groupe ! D'ailleurs j'ai eu un peu le même problème avec - dans un tout autre style - les Queens of the Stone Age, au début de l'été. Que foutre raconter que je n'aie pas déjà écrit (l'auto-plagiat étant interdit et surtout intersidéralement honteux évidemment - surtout on ne se relit pas juste avant !), que dire encore sur Frustration, le tout meilleur groupe de postepunque français du monde depuis maintenant une bonne quinzaine d'années ?
En même temps, comme je suis très possiblement la seule personne au monde à avoir lu toutes mes 7 chroniques précédentes, le risque qu'on m'accuse de me répéter est assez faible. A part moi, qui se souvient que ce groupe a joué précisément dans les 3 ou 4 paradis musicaux officiels de mon existence - la Machine à Coudre, le Rock en Seine d'il y a longtemps, et plus récemment le Hellfest (oui oui, faites pas la grimace les snobs !), et les Eurockéennes ? Quelqu'un, à part peut-être l'infatigable organisateur de ces concerts de "FweustwouaÏcheun", Alban Relaxomatic, se souvient-il que je les ai même déjà chroniqués deux fois ... ici, au Molotov ? Probablement pas. Alors, une fois de plus, bon hop feu, allons-y. We got some...
Au moins la première partie était-elle 'inaudite' pour moi : Jackline (oui je viens d'inventer ce mot, il me manquait). Bon, on ne va pas se mentir, l'apéro dinatoire avant chez de chers amis a été un poil trop long, on a donc débarqué bien après le début. Pourtant ce groupe de filles avec un vrai bout de garçon dedans, nous a fait forte impression ! Ca a commencé par un gros son, lent et lourd - c'est principalement la batteuse qui chante et sa voix m'a fait tout de suite penser à une autre, aimée dans ce style rock indé, post-punk, bien balisé mais qui correspond pile à ce que j'aime. Evidemment, ce chant me fait penser à Savages ! Pour elle je ne sais pas mais pour moi, c'est un compliment sans nuance ! (Désolé pour les images, photographe pas encore arrivé...)
Leur son, d'après mes notes, est bien salace et cool - ça fait sans doute sens en live. En outre c'est un groupe de Marseille, pas passé loin du tout de jouer à la Rue du Rock (info prise sur une ancienne chronique de Pirlouiiiit). Après avoir croisé le clavier des Frustration attendant dans la file des cabinets (et même s'il a évidemment nié cette identification, trop humiliante sans doute), on profite d'un dernier titre où la batterie défouraille, la ligne de basse obsède, le clavier vrille les oreilles et le chant est joliment hurlé - super ! Tout à fond et oui, parenté qui se confirme selon moi avec Jehnny Beth et ses sbires - qui sont des tueuses. Au fait, on dit Jacqueline ou Djacklaïne ? En tout cas groupe à suivre, super en live !
Pendant la coupure, sans faire exprès, on est passé saluer de vieilles connaissances de Concertandco tanquées au premier rang. Et puis on s'est dit, mais en fait, pourquoi en repartir ? Qui sommes-nous pour ne pas plutôt assister au concert à 1,5 mètre du micro du chanteur, et avec une Amoureuse qui ne verrait sans doute rien ici au delà du 4ème rang ? Autant rester.... Ne serait-ce que pour voir qu'une bonne partie du groupe, pas bégueule, installe elle-même son matériel au changement de plateau. Évidemment à 22h17 à cet endroit, il fait 40 °C (n'avions-nous pas participé à un crowdfunding pour changer la clim' ici ? il faudrait en refaire un !), et c'est parti pour un merveilleux sauna sonique, avec lavage à 40° donc, et rinçage - mais sans essorage.
Frustration, sur scène c'est ... comme d'hab : le claviériste (T-shirt La Flingue !) a l'air goguenard du mec sûr de son effet, dès les coups de baguette déclenchant des "Frustration !" robotiques. La ligne de front est appliquée et sans esbroufe, notamment les cordes, concentrées mais sereines car sûres de leur effet, qui partageront même un clope. Derrière ça cogne, presque tranquille...
Et seul Fabrice, chanteur de choc, fait vraiment dans la mimique, la grimace, la gesticulation pour illustrer son propos, voire le traduire puisque la plupart de leur oeuvre est anglophone. Le tout sonne ce soir admirablement bien, et ce donc à 1,5 mètres de la scène (ce qui n'était pas forcément gagné d'avance).
Faut-il repréciser ici les chansons déroulées, copieuse set-list bourrée de tubes (voir infra), qui comme chacun sait sont pour Frustration, presque toujours ontologiquement énervés et mélancoliques à la fois ?
It's gonna be the same est magnifiquement triste, Pepper Spray déclenche un premier pogo (ils resteront tous très sympas ce soir). Je confonds toujours l'intro de We miss You avec celle de No Trouble mais elles sont géniales toutes les deux...
Une nouvelle, State of Alert, sur l'écologie comme son nom l'indique et avec un superbe riff - qui fait parfaitement écho à la cause du problème : we live in Excess et c'est toujours aussi jouissif de le gueuler ensemble... mais ça nous mène tout droit sur le ...
...Path of extinction, hélas - autre nouveauté, à nouveau noirceur des pensées et joie du défoulement, intimement mêlées... Mais voici la francophone, Le grand soir, où le chanteur se moque de l'âge avancé de son public avant de réaliser qu'il a le même...
On savoure chacun des morceaux (ah oui il n'y a pas de temps morts, hein, même pas une ballade), il y en a bien 2-3 qu'on ne reconnait pas sur le moment (Drawback, Your Body) - ces gens se sont éparpillés sur moult EP's qu'on ne possède pas tous, hélas.
Mais aucune frustration bien sûr, la partie en rappel est un pur délice de pétaradance et nous nous liquéfions les un.e.s sur les autres, entre autres au rythme des génialissimes Dreams..., Too Many Questions, et d'un roboratif et braillard We have some.
Formidable, ils étaient formidables, une fois de plus. Le clavier a fait son petit tour final de crowdsurfing habituel, et le bassiste aussi (avec instrument, ce qui est notoirement plus technique !), pour notre plus grande joie. Nous sommes sorti.e.s dégoulinant.e.s (et pas que de notre propre sueur), dans cet état dégueu qu'on ne supporte que pendant les très très bons concerts. Que demander de plus ? Un petit album en vue, pour les quelques titres nouveaux ?
Merci messieurs, bonne route, et à la prochaine - merci à l'organisation parfaite du concert, y compris à l'accueil - pardon mais avec l'appli "Dice" un peu pénible, on ne pensait pas entrer si facilement !
Setlist :
Insane
Midlife Crisis
It's gonna be the same
Pepper Spray
When does a banknote start to burn
Miss You
No Trouble
State of Alert
Excess
Pat of Extinction
Le Grand Soir
Some Friends
Drawback
Nowadays
Your Body
(Encore)
Dreams, Law, Rights & Duties
Too Many Questions
Blind (jouée ? pas sûr)
We Have Some
Beaucoup plus de photos et vidéos par Pirlouiiiit par ici
Critique écrite le 25 octobre 2023 par Philippe
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