Chronique de Concert
Jacques Dutronc + Jean Pierre Marcellesi
Revoir Jacques Dutronc et mourir ? Certes le type est une légende vivante, en tant qu'archétype du branleur doué et ancien ersatz français convaincant de l'élégance mod... Notre dernière rencontre datait de sa tournée des grands ducs de 1992, j'avais alors la moitié de l'âge que j'ai aujourd'hui, et j'en garde un très bon souvenir... Tout comme de son album de l'époque, Dutronc au Casino, que j'ai du écouter un million de fois à l'époque. En 1992 le type était au sommet de la coolitude, faisant un come-back inattendu (également après 15 ou 20 ans sans scène c'est-à-dire pour la première fois depuis sa grande époque..), dans le champ laissé libre par la disparition récente de son ami Serge. Il fumait le cigare sur scène, chantait certains passages en play-back pour se moquer, et avait encore presque l'allure d'un jeune homme : c'était la classe incarnée...
Rien de plus facile donc que de retourner le voir, on a pas eu à se forcer car voilà au moins un type qui n'est pas fatiguant à suivre (aucun album depuis, sauf erreur), surtout en ayant reçu des places pour Noël. Quitte à se taper le Dôme, déjà pas notre salle favorite, en configuration assise.... Concernant la première partie, un groupe de 4 corses dont je n'ai pas retenu le patronyme, la première hypothèse que nous avons faite avec mon amie est qu'ils avaient obtenu cette ouverture de concert par un quelconque chantage à l'assurance incendie/explosion auprès du bon Jacques, là-bas en Corse.
"Dis-donc, Jacques, tu nous laisserais pas venir jouer avec toi là bas sur le continent ? Ca fait longtemps que la foudre n'est pas tombée dans ton vallon, tu sais, une bonne assurance contre les sinistres ça peut toujours servir, et puis tu voudrais pas que tes 50 chats, là, ils finissent en grattons carbonisés, pas vrai ?"... Bref, un groupe de salle de restau, ni vraiment polyphonique/atmosphérique avec main sur l'oreille (pourquoi pas, une fois de temps en temps...), ni inspiré en mélodies ou en paroles. Au final une sorte de variétoche digne de Goldman dans ses pires moments, et une cucuterie affligeante à vendre leur bien-aimée Porto-Vecchio, qu'on a nettement moins envie de visiter depuis.
Après coup et après avoir subi également un titre eurodance second degré et néanmoins ignoble des Aïoli-de-Toulon au milieu de son concert, on a conclu que le chanteur marchait peut-être simplement à l'affectif dans ses invitations, plus qu'au talent ou à la cohérence avec son propre spectacle... Dommage qu'il ne soit pas pote avec, ne serait-ce que Jo Corbeau, ça aurait au moins fait plus local...
En tout cas ce premier groupe, heureusement bref, nous a donné l'occasion d'aller constater que cette chose atroce vendue dans des futs Heineken et servie dans des verres Heineken... était toujours une atroce pisse d'âne sans alcool de chez Amstel (Heineken est au courant j'imagine, mmh ?). Et qu'on transvasait de l'eau en bouteille plastique (certes un projectile dangereux, s'il en est, avec un tel public de jeunes voyous agités et potentiellement violents)... dans des verres en plastique avec couvercle (ce qui en refait... un projectile dangereux, s'il en est, etc.) : logique commerciale, sécuritaire et écologique assez incompréhensible, non ?
Bref. Jacques Dutronc en 2010 donc ? Eh bien ma foi, il a pris un coup de vieux, 45 ans après ses débuts... Il ne fume plus ni ne boit plus sur scène - bon, il ne veut peut-être simplement pas finir en martyr gainsbourgien, c'est son droit. Mais surtout, il fait des UV, relève son pantalon au dessus du nombril et ne fait même plus semblant de danser - au tabouret de bar, a succédé un plus seyant fauteuil...
La set-list du concert que je n'ai pas notée (puisqu'il y avait dans la salle des accrédités officiels de Concertandco !), comportait en tout cas l'ensemble des tubes que l'on peut citer de tête du bonhomme : Et moi et moi et moi, les Cactus, Arsène Lupin, Crac Boum Hue, J'aime les Filles etc etc, toute la grande époque des disques Vogue, et le tout sonnant à peu près à la note près comme sur le fameux Live au Casino de Paris. A noter quelques chansons que je ne me rappelais pas quand même, dont une sympa sur les filles et leur façon de dormir.
On avouera sans se faire prier qu'on a bien un peu vibré par moments, notamment quand on a enfin pu se lever (sur les Cactus je crois), que les grosses guitares n'étaient pas déplaisantes (La Fille du Père Noël, On nous cache tout), que le Petit Jardin a insufflé une douce nostalgie, tout comme son Hymne à l'Amour, et que le côté bonhomme à forte répartie fait toujours son petit effet. C'est un fait : Jacques est un boute-en-train qui n'a d'ailleurs pas peur des blagues vaseuses non plus, les siennes comme celles des autres...
Cela étant à faire concert devant une salle assise et même avec un groupe irréprochable (comportant notamment le magmatique Jannick Top) notamment sur la tonitruante Fais pas ci, fais pas ça, la plus enjouée du concert, à un moment donné on a quand même eu l'impression d'assister à un récital de Franck Mickaël pour dames âgées à cheveux violets... Rien à voir, même au climax du concert, avec la ferveur du public pourtant sensiblement de la même moyenne d'âge de notre Johnny national (que l'autre imita d'ailleurs fort bien sur son Opportuniste). A chanteur fainéant, public indolent, ce n'est que justice...
Quelques fioritures sur scène pour éviter l'ennui (une rigolote danseuse de petite taille comme on dit, un joueur de claquettes, et les invitations d'aïoli sus-évoquées), la salle a fini debout sur la pourtant longuette Coumpapade, la clarinette d'Il est 5 heures Paris s'éveille fut jouée très exactement comme dans notre souvenir par une charmante demoiselle blonde (même si précisément, on imagine moins Jacques Dutronc ne pas avoir sommeil au petit matin de nos jours...) et l'on finit par une deuxième J'y pense et puis j'oublie comme si de rien n'était..
Sinon, pas grand-chose à signaler ; Dutronc a relevé les compteurs, a fait rigoureusement le même concert (animations et blagues comprises) que raconté par notre collègue Pierre à Cournon, vous a fait les fouilles et vous salue bien, merci pour lui, il peut retourner écouter pousser ses oliviers jusqu'en 2027. Il a en tout cas eu l'élégance de finir à temps pour que nous ayons le dernier métro ce qui, vu la météo, fut un vrai cadeau du ciel. Bonne chose de faite - avec un peu de chance dans 17 ans il chantera d'une voix éraillée comme Johnny Cash sur la fin, et l'on éprouvera alors de la nostalgie, plutôt qu'un ennui poli entrecoupé de bons moments...
PS : Bien évidemment le type qui a dit du mal de Porto Vecchio et celui qui fait le pitre sur la photo, n'ont rien à voir...glp...
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Critique écrite le 04 mars 2010 par Philippe
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> Réponse le 04 mars 2010, par Pirlouiiiit
Difficile de cacher ma déception à la sortie du concert ... au bout de 5-6 morceaux d'ailleurs. Je n'avais jamais vu Dutronc avant ... je m'attendais à quelqu'un de drôle (plutôt grinçant) voire distant ça ne m'aurait pas surpris ni même gêné et j'ai déocuvert quelqu'un beaucoup plus agé que je ne le pensais. C'était idiot mais comme il fait partie des classiques j'ai cru que comme ses chansons il n'aurait pas pris un ride ... L'interprétation de ses nombreux tubes dont j'ai peu entendre quelques uns que je connais presque par coeur par leur interprete original était très proche de ce que j'avais pu entedre sur disque avec une pointe d'essouflement et des changements de rythmes, mais il a toujours une sacré voix. C'est plus dans le "entre les morceaux" que j'ai été gêné. J'ai trouvé... La suite | Réagir
> Réponse le 04 mars 2010, par Mcyavell
Soirée joliment résumée. Je me désolidarise bien évidemment du couplet sur les Corses et j'ai eu la bonne idée de ne pas goûter à la bière. Des invités surprise surgissent sur certaines dates de la tournée. Les Rennais auraient dû avoir Etienne Daho, les Parisiens ont eu Vincent Lindon. Incroyable mais vrai, nous les jalousons, tant l'Aïoli toulonnais était indigeste. Quant au danseur de claquettes, il m'a laissé de marbre. Les trois interprétations correctes (L'Opportuniste, Le Petit Jardin, Il Est Cinq Heures Paris S'Eveille) ne pèsent pas lourd dans la balance en face des ratés (J'Aime Les Filles, Les Playboys et l'insupportable / interminable Compapade). L'enrobage instrumental, quant à lui, était au poil : merveilleux Hymne A L'Amour (Moi L'Nœud) et les quelques autres... La suite | Réagir
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