Chronique de Concert
Janelle Monáe
L'artiste américaine Janelle Monáe, révélée au grand public en 2010 à la sortie de son album "The ArchAndroid", et pourtant nommée dès 2009 à un Grammy Award, s'est rapidement forgé une solide réputation scénique. Pas étonnant donc de la retrouver face à un Trianon complet, même s'il a fallu attendre les tous derniers jours pour que les ultimes billets trouvent preneur.
Après une agréable première partie assurée par le bluesman Gary Clark Jr, ce n'est pas Janelle qui entre immédiatement en scène, mais un MC en chapeau haut de forme et queue de pie ! Tel le Monsieur Loyal de la soirée, il chauffe la salle comme il se doit et s'assure avec un talent évident qu'un triomphe soit bien réservé à la chanteuse dès son arrivée. Arrivée qui tarde un peu à venir, d'ailleurs, tant l'intro est longue (et pompeuse), mettant d'abord en avant ses 13 (!) musiciens. Ces premières minutes annoncent bien la couleur d'un concert dont ce qui ressort le plus est sans conteste l'incroyable mise en scène : outre le MC, tous les musiciens sont habillés de façon très étudiée, dans le dresscode "black and white" uniquement, et même les techniciens respectent la règle, avec chemise blanche et nud papillon de rigueur ! Janelle Monáe est elle-même des plus élégantes, dans un look garçonne impeccable, surmonté d'une coiffure toujours aussi étudiée.
Ca ne l'empêche toutefois pas de bouger en tous sens : l'artiste est absolument intenable et déploie une énergie inépuisable. Sans relâche, elle vient au contact de la foule, qu'elle électrise avec une science impressionnante : elle prend la pose, grimace, esquisse des pas de danse... En fait, il se passe tout le temps quelque chose sur scène, on est sans cesse surpris par cette mise en scène un tantinet mégalomaniaque, mais qui en met plein la vue à chaque instant. Poussant le concept jusqu'au bout, Janelle Monáe va jusqu'à se prendre pour un peintre en réalisant une toile en direct sur scène le temps d'un morceau, tout en continuant de chanter. Non seulement il fallait oser le faire, mais en plus le résultat n'est même pas moche !
Et si l'on peut craindre à certains moments que cet incroyable foisonnement de la mise en scène finisse par éclipser un peu la musique (parce que bon, c'est quand-même à un concert qu'on est venu assister), on est en permanence abreuvé d'une excellente production musicale, qui tient parfaitement la route avec ses arrangements superbes et mélange avec aisance soul, funk, rock et hip hop. Alternant les ambiances, Janelle Monáe fait se succéder morceaux rythmés et irrésistiblement dansants et moments plus calmes, où sa voix révèle toute sa subtilité.
La chanteuse se permet même de reprendre avec beaucoup d'assurance le fameux I Want You Back des Jackson 5, qui restera comme un des grands moments de la soirée, avec évidemment le tube Tightrope, interprété dans une version échevelée après une heure d'un concert mené tambour battant. On ne voit pas le temps passer et il n'est pas étonnant que le public, chauffé à blanc, fasse des pieds et des mains pour en avoir encore en rappelant vigoureusement l'artiste sur scène.
Janelle Monáe revient vêtue d'une superbe veste de smoking blanche à revers noir et interprète entre autres une reprise du thème mythique de "Goldfinger", originellement interprété par Shirley Bassey, et un nouveau titre, intitulé Electric Lady. Après avoir fait chanter le public, la chanteuse fait s'asseoir toute la fosse et entame sur scène une chorégraphie démente, dansant comme une possédée, tandis que ses musiciens sont étalés par terre. On a dépassé l'heure et demie de show et on se demande où elle trouve encore toute cette énergie, une énergie que lui rend au centuple un public complètement survolté.
Après une grosse trentaine de minutes de rappel, le Trianon offre logiquement une incroyable ovation à Janelle Monáe, qui revient sur scène une dernière fois pour permettre à ses musiciens de saluer l'un après l'autre. Enfin, elle fait monter sur scène tous les spectateurs habillés en noir et blanc et offre le tableau peint en live un peu plus tôt à celle qui se voit désignée à l'applaudimètre comme la plus élégante.
En vraie bête de scène, Janelle Monáe aura enflammé le Trianon comme rarement en offrant un spectacle fou, d'un genre qu'on ne voit presque plus jamais. A la fois audacieuse et incroyablement talentueuse, la chanteuse donne tout sur scène. Poussant les spectateurs toujours plus loin, jusqu'à ce que tout le monde soit littéralement déchaîné, elle ne recule devant rien, sans jamais se départir de sa classe insensée. A voir et revoir absolument !
Merci à Carole et Sam chez WEA.
Critique écrite le 22 juillet 2012 par Fredc
Envoyer un message à Fredc
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Fredc
Janelle Monae : les dernières chroniques concerts
Janelle Monae + M.I.A. + Salem + Paris Suit Yourself + Madensuyu + Connan Mockasin + Oy (Transmusicales de Rennes 2010) par Pierre Andrieu
Parc Expo, Rennes, le 10/12/2010
Après un jeudi 9 décembre bien rempli aux Transmusicales de Rennes, place à une autre chaude soirée (c'est archi complet !) au Parc Expo le vendredi 10, avant le bouquet... La suite
Le Trianon, Paris : les dernières chroniques concerts
Le Tigre par Coline Magaud
Le Trianon, Paris, le 11/06/2023
Hier, on est rentré à 3h30 du matin, aujourd'hui, il fait chaud, moite et on est dimanche. Dit comme ça, la volonté de sortir de chez soi se trouvera grâce à un pied de biche. Mais... La suite
Metric par lol
Le Trianon, Paris, le 04/02/2023
Je le confesse, je n'avais jamais entendu parler de Metric avant ce concert du Trianon. Ce ne sont pourtant pas des perdreaux de l'année puisque le groupe est en activité depuis 25... La suite
Saxon par Electric Eye
Le Trianon, Paris, le 09/12/2022
Dans le Heavy Metal anglais, il y a l'aristocratie, représentée par Judas Priest et Iron Maiden, et puis il y a le prolétariat, défendu par des groupes comme Diamond Head et... La suite
Blue Öyster Cult par Electric Eye
Le Trianon, Paris, le 20/10/2022
Treize ans que la Secte de l'Huître Bleue (aka Blue Öyster Cult) n'avait pas mis les pieds à Paris. Presque une génération. Depuis une soirée mémorable sponsorisée par... La suite