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Chronique de concert Jean-Claude Gianadda
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Chronique de Concert
Jean-Claude Gianadda
Eglise des Chartreux, Marseille 05 décembre 2014
Critique écrite le 07 décembre 2014 par Pirlouiiiit
Ce soir (et j'y crois) j'ai prévu d'aller à la Machine à Coudre (pour 3 groupes dont Filette) et au Molotov (pour le WR1 Sound System). Avant cela, la logique aurait voulu que j'aille au 63ème apéro "Japan Group Sounds Gourmet" au Lollipop Music Store, oui mais voilà comme je ne voulais pas rater Jean-Claude Gianadda de passage à l'église des Chartreux ... Pour ceux qui ne fréquentent pas les églises ou ont arrêté il y a longtemps, ce nom ne vous dira rien, par contre pour les autres, même si vous ne connaissiez pas son nom vous connaissez ses chansons : Trouver dans ma vie ta présence, Love, Qu'il est formidable d'aimer, Rêve d'un monde ... (parmi les presque 900 morceaux recensés sur son site.
Bref il est un peu à la chanson d'église ce que Hugues Aufray est à la chanson de colo. Sur les affiches il est représenté grand sourire avec sa guitare. Je ne savais pas exactement à quoi m'attendre, mais après la très bonne surprise de ce lointain concert de François Corbier au Baby j'avoue que je m'attendais au meilleur. Lorsque j'arrive l'église et pleine et le concert est sur le point de commencer. Il y a écran dans le chur à côté duquel Jean-Claude Gianadda et quelques jeunes qui se trouvent appartenir à la chorale du collège Saint Bruno. Le petit coup de recherche sur wikipedia que je viens de faire, m'apprend qu'il a justement passé 25 ans dans ce collège comme enseignant puis directeur avant de se lancer dans la chanson de façon exclusive.
Ils feront ensemble un morceau avec en fond une bande son incluant non seulement les instruments mais aussi des churs, si bien qu'il était difficile de faire la part entre ce qu'ils chantaient et ce qui était enregistré. Sur l'écran géant défilent des images de rassemblement de jeunes genre JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) et dessus les paroles en mode karaoké (ce qui permet de suivre voire de chanter en même temps). Après cette courte intro il les félicitera et commencera son récital ... par un medley de ses principales tubes (plus ou moins les morceaux cités ci dessus), toujours accompagné du diaporama et de l'enregistrement.
Et ce sera comme ça pendant près d'une heure et demi. Jean-Claude tient sa guitare (12 cordes avec son nom marqué derrière) et fait comme si il en jouait mais je crois qu'il n'en touche même pas les cordes (sauf sur la fin de certains morceaux où il fait un grand grrrrring !). En tout cas la guitare qu'on entend vient des bandes comme les choeurs (qui me font penser à ceux des disques de Leonard Cohen) et tout le reste. Je me demande même si il ne s'agit pas d'un des nombreux DVD en vente à la sortie et sur lequel il chante. Là oui pas de play back c'est bien lui.
Entre les morceaux il parle beaucoup. D'amour, de fraternité, de partage, de tolérance, d'amour ... bref les fondamentaux de la religion catholique (et de la plupart). Ambiance homélie, ce qui ne devait pas dépayser la plupart des gens présents ce soir. Par contre là où je tique un peu c'est la façon parfois un peu (trop caricaturale) dont il parle de certains sujet, notamment lorsqu'il est question de drogue. Sur Aicha par exemple le premier couplet : " Pour une " rave " : l'enfer via la seringue, pour un " crack " : le sordide au quotidien, Pour un " shoot " : un voyage de dingue, c'est peut-être, la faute au destin. Et c'est l'cercle infernal de la défonce, de postcure, en fugue, vol et prison. Une vie, un' survie, qui s'enfonce, labyrinthe de la clochardisation. " emploi un vocabulaire tellement daté qu'on se dit que la chanson perd toute chance de parler aux jeunes dont il est question dans la chanson. Le tout sur fond de vidéo avec jeune en sweat à capuche assis dans une ruelle.
Le tout renforcé par une interprétation (que je trouve) exagérée, sinon en tout cas surjouée (on a l'impression qu'il va se mettre à sangloter). Même impression dans certaines de ses transitions : "Il n'y a pas que la drogue qui tue,ce qui tue c'est d'avoir un cur de pierre ". Si vous ajouter à cela des variations dans le volume de l'enregistrement un peu brutaux (son monté trop fort dans les refrains), le fait que même lorsqu'il s'éloigne de son micro il ne peut se départir de ses fiches, le même diaporama qui tourne en boucle (en plus des jeunes se succéderont aussi les grandes figures médiatiques religieuses : Abbé Pierre, Soeur Emmanuelle, Mère Thérésa, Guy Gilbert ...) vous comprendrez pourquoi je n'ai pas accroché à l'interprétation de morceaux qui, pour beaucoup, me plaisent pourtant.
Et dans cette façon qu'il avait de s'adresser au public comme si il avait une classe de tous petits devant lui lorsqu'ils reprennent en coeur ses refrains " c'est bien ! ", " très très bien ! ", de le pointer du doigt, j'ai pensé à Dubosc ou François Morel lorsqu'ils jouent la comédie voire au prêtre dans La Vie est un Long Fleuve Tranquille. Bref vous l'aurez compris, j'aurais largement préféré un show plus sobre genre lui seul avec sa guitare, et disons les textes qui défilent ; je suis sûr qu'avec le nombre de gens dans le public qui connaissaient ses chansons les churs auraient été largement suffisants.
En d'autres termes si je respecte l'engagement de l'homme, le bien fondé de sa démarche, la beauté de beaucoup de ses chansons, en "live" comme ce soir, d'un point de vue purement artistique en tant que concert j'ai été extrêmement déçu. Au bout d'une heure et demi il annoncera une pause avant une suite qu'il présentera en disant qu'après avoir chanté des chansons à propos de Dieu, pendant la deuxième partie (de 45 minutes) ils allaient chanter des chansons à Dieu, mais qu'en gros il ne voulait pas prendre les gens en otages ; ce que je trouverai très beau / classe. Des paniers circuleront aussi dans l'église. Le fruit de cette quête comme les bénéfices tirées de la vente du merchandising allant pour aider un des prêtres dont il citera le nom et la cause (désolé j'ai oublié)
Pendant la quête il sera très transparent là dessus expliquant que l'argent de la vente des disques servait d'abord à pouvoir produire le prochain disque et ce qu'il y avait en plus allait à son ami prêtre. Pour ma part je profiterai du fait qu'il n'était pas trop tard pour aller vider mon appareil photo chez moi avant de me rendre au Molotov et à la Machine à Coudre comme prévu.
Plus de photos par Pirlouiiiit par ici
Bonus video :
remarque ajoutée le 29/03/2017 : il est à noter que cette soirée n'avait pas vocation à être un concert mais une veillée. C'est d'ailleurs comme cela qu'elle était annoncée " Veillée de chansons et veillée de prière ". Et comme il le dit très bien lui même : "Mes chansons sont d'abord des prières chantées...".
Critique écrite le 07 décembre 2014 par Pirlouiiiit
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