Chronique de Concert
Jean-Louis Aubert
Fouler le sol de la salle de l'Idonnière au Poiré-sur-Vie, une première pour moi. C'est avec une immense curiosité que j'ai la chance de pouvoir assister à la deuxième soirée du Festival Acoustic. Ce samedi 23 Mars, Jean-Louis Aubert joue. Aucune première partie n'est annoncée. Je me dis que le rockeur sexta ne va quand même pas assurer le show tout seul. J'imagine alors une première partie d'un artiste ou groupe local, un invité surprise comme ce fut le cas la veille. Suspens. Je vais découvrir ça très vite. J'ai suivi la page Facebook du Festival Acoustic durant les 4 jours précédents ce week-end anniversaire. Jean Louis Aubert Officiel lui-même commente une publication, demandant aux participants du samedi soir quelles sont les chansons qu'ils souhaiteraient entendre lors du concert. Je pressens un homme proche de son public, attentif, attentionné. En effet, ceci va se confirmer pendant tout le concert.
Après avoir récupéré notre pass à l'entrée, j'entre dans la salle dédiée au festival. Ce sont principalement des gradins avec des places assises. J'observe un public familial et intergénérationnel. Au-devant se trouve une petite "fosse" d'environ 6 mètres qui va de la scène aux gradins. Le tout est entouré par les affiches des éditions précédentes, les photos des artistes invités auparavant. A l'arrière des gradins, sur tout le long, un bar et un espace crêpes délicieusement gourmand sont gérés par les bénévoles. Il y a également un bar extérieur avec un autre espace de restauration "salée".
Je suis face à la scène. J'aperçois un piano, quatre guitares, un hang drum, des cymbales. Mon imagination me suggère des musiciens assez éclectiques qui accompagneront Jean-Louis Aubert durant la soirée. 20h05, le public commence à applaudir doucement. 20h10, le public continue à applaudir en rythme, de plus en plus fort, pour signifier ; "ça y est, nous sommes prêts !"
20h15 Début des festivités. A mon étonnement, il n'y a pas de première partie. Acclamé par le public, Jean-Louis Aubert arrive seul sur scène avec sa guitare. Je suis ici la spectatrice attendrie des retrouvailles de bons vieux amis entre le public et l'artiste. Tout le monde tape dans ses mains en rythme et Mr Aubert chante ces paroles "je cherche et je veux quelqu'un que je connais". Puis il nous demande "Parlez-moi de vous ". Les fans chantent. Ils sont heureux, le bonheur émanant de la foule est palpable dans l'air. C'est là que je commence à capter toute la chaleur et l'identité unique de ce festival.
Toujours seul sur scène, je remarque que le noir de son costume, tout comme le fond noir de la scène font ressortir la chaleur "bois" de sa Guitare. La Guitare est humanisée, comme une invitée de marque en ce soir bien spécial. Lors d'un petit riff électro-pop le public est enchanté.
Après cette deuxième chanson, il nous parle de lui maintenant, avec humour. "Grâce à vous, je suis sorti de ma cave... Je n'ai pas préparé de spectacle alors je peux jouer ce que vous voulez. On peut aller n'importe où au gré de nos inspirations" Une très belle invitation au voyage ; Jean-Louis Aubert nous emmène maintenant "Ailleurs"
Il a une voix d'enfant rêveur. Je l'imagine à 10 ans, en classe, passant de longues heures à regarder par la fenêtre. Fragilité, fébrilité, sensibilité, sont les qualificatifs qui me viennent, bien loin de l'image du rockeur que j'avais pu me faire de cet homme.
C'est à ce moment que je viens de comprendre, il sera "l'homme-orchestre" de la soirée avec toutes ces machines enregistreuses et boîtes à rythme. Il y a sûrement des noms pour celles-ci, vous m'excuserez de ne pas maîtriser le jargon. Cette troisième chanson s'achève et un "Jean-Louiiiiiiis" strident s'extirpe du public. Il sourit, flatté. Il vient ensuite à nous parler de son "dragon", machine où il s'enregistre. Il se lance dans une démonstration de haut vol.... il a raté, (exprès ?) comme il ne se prend pas au sérieux il rigole. Il expose ensuite un aparté sur Jean- Sébastien Bach, nous entrons dans une nouvelle dimension humoristique.
Puis il entame "Juste une illusion" sur laquelle il improvise un passage rock distorsion pour finaliser avec un passage céleste suspendu dans l'air lors du dernier refrain.
Après avoir surfé d'une chanson à l'autre, la régie éclaire le public. Il descend sur "Les plages". Tout en marchant, se mélangeant au public, il continue sa déambulation à travers les gradins. Les fans sont subjugués. Il s'arrête au milieu des gradins. Il ne manque que le feu de bois pour amplifier toutes les good vibes qui se dégagent de ce contact intime entre un artiste et ses fans.
Cela fait déjà une heure que l'artiste assure le show tout seul. Je décide d'aller faire une petite escale au bar pour me désaltérer et prendre aussi le temps d'admirer les affiches des précédentes éditions et des artistes. Mr Aubert, lui, ne fait pas de pause et continue à enchaîner les titres, partager sa passion, sa musique, ses chansons avec ses fans. J'observe à distance ; les influences orientales et créoles des arrangements réalisés par l'artiste sur ses morceaux, font se déhancher encore un peu plus les spectateurs.
Lorsque je reviens me mêler à la foule, un silence ecclésiastique règne dans le public. Jean-Louis Aubert veut lire des psaumes. Il déraille ou non ? C'est juste une transition pour nous amener la chanson "Angelus". Encore un silence de messe au sein du public pendant la chanson, sauf au moment du refrain où les connaisseurs reprennent précisément les paroles avec une justesse surprenante.
Il attrape ensuite sa guitare à 12 cordes. Les premières notes déclenchent la réaction le public, qui chante seul. Jean-Louis Aubert l'accompagne à la guitare. Puis il mélange sa voix à celles de ses fans. Avec la "Bombe Humaine", ça devient tout de suite plus rock, de plus en plus rock. Problème technique ou non, improvisation ou non, mais la guitare de l'artiste a apparemment des problèmes de santé. Ceci n'inquiète pas notre ami qui décide de se mettre au piano. "Je peux vous faire une nouvelle chanson ?" nous demande-t-il d'un air canaille en introduisant la mélodie de la chanson "Le jour s'est levé".
Je ne savais qu'il était aussi pianiste. Je redécouvre cette chanson empreinte de douceur et de tendresse dans cette interprétation. Puis il désire nous raconter en chanson la relation avec son père. "On aime", je l'ai entendue à la radio, plusieurs fois, sans jamais trop y prêter attention. Je dois bien avouer que j'ai été submergée par une belle vague émotionnelle en voyant cet homme interpréter une si belle chanson sur les sentiments, l'amour, la famille.
Après cet instant dédié à son papa, il nous chante "Marcelle", réclamée depuis le début par ses fans. Pour l'histoire, Marcelle était une femme hospitalisée juste en face de la chambre de son père. Avec cette chanson, petit rappel d'histoires de princesses que tout le monde connaît bien, il lui rend un magnifique hommage. Aucune tristesse, chanson rythmée, entraînante ; le public chante, chante, chante "Marcelle... c'est ton nom, c'est ton nom". Jean-Louis Aubert a ici transformé un événement dramatique en une sublime histoire. Attention, le show n'est pas fini et ça fait bientôt 2 heures que Jean-Louis Aubert est seul sur scène à enchaîner ses chansons et jouer ses musiques pour le ravissement d'un public conquis.
1, 2, 3, 4... Un jour j'irai à "New York avec toi" ! J'espère que les gradins sont solides, normalement il y a eu une commission sécurité qui est passée auparavant. Les gens sautent, dansent, crient. Ils aiment Jean Louis Aubert mais ils aimaient aussi Téléphone. Le personnage et le groupe restent indissociables. Ceci fait partie de lui, de son histoire, de sa vie. Ça y est, Monsieur Jean-Louis Aubert vient d'assurer 2 heures de grand spectacle, seul homme sur cette scène et c'est sa guitare en l'air, il tente de quitter la scène. Mais le public en redemande, les fans sont gourmands !
Il revient avec la chanson "Quelque chose en toi". Les spectateurs savent qu'il ne reste que peu de temps avant la fin de cette soirée. Ils absorbent en eux la moindre note de la guitare 12 cordes, la moindre parole qui s'échappe de la bouche du chanteur. Ils font le plein de bonnes ondes, en attendant de le recroiser, de le revoir, de partager encore des moments privilégiés avec cet artiste si proche de son public. Puis il repart. Le public ne veut pas le lâcher, il doit revenir. C'est maintenant une Standing Ovation. Jean-Louis réapparaît, reprend sa guitare 12 cordes. "Après c'est le dernier métro... je remercie le festival, le directeur, les bénévoles." Finalement avec ses paroles "On a rien à donner, on a tout à partager", je peux confirmer que cet artiste est un homme avec un grand H comme Humain. Il termine son speech par "Merci, vous êtes ma vie".
"Voilà c'est fini" est la chanson logique de clôture de cette magnifique soirée, nous comprenons tous que, OUI, c'est maintenant que ça se termine. Le public (tout comme moi, insatiable) aurait bien aimé que ça se prolonge encore, et encore !
Donc oui, voilà c'est fini, après 2h15 de concert assuré par un seul homme, chanteur, musicien, humoriste, philosophe, poète. Monsieur Jean-Louis Aubert, je l'entendais. Mais ça c'était avant ce soir. Maintenant j'écouterai du Jean-Louis Aubert, je suis admirative de ce que cet artiste a su transmettre à travers ce concert et de sa performance scénique à lui tout seul. Aussi, l'ambiance chaleureuse et familiale du Festival Acoustic m'a convaincue d'éventuellement y retourner l'année prochaine. J'ai apprécié le fait de découvrir un artiste dans ce contexte intimiste et quelque peu cocooning. Je suis persuadée qu'il est aussi agréable pour les artistes de pouvoir se produire aussi près de leur public et de se mélanger à lui. J'aime ces festivals à dimension humaine portés principalement par des bénévoles, autant dire qu'en Vendée, nous sommes gâtés sur ce point...
Critique écrite le 28 mars 2019 par Penandpaper
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