Accueil Chronique de concert Jean-Louis Murat + The Delano Orchestra (concert pour les 50 ans de France Inter)
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Chronique de Concert

Jean-Louis Murat + The Delano Orchestra (concert pour les 50 ans de France Inter)

Jean-Louis Murat + The Delano Orchestra (concert pour les 50 ans de France Inter) en concert

La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 7 décembre 2013

Critique écrite le 19 février 2014 par P Surjeanlouismurat




"Allez, let's go Marco !!" Comme dirait Collin. Battons le fer quand il est chaud, l'esprit encore bien rempli de ce show. Tout a commencé bien tôt pour être aux "aurores interiennes", et bien que j'ai beau être matinal, j'ai eu mal. Mais heureusement, je profitais de la voiture d'un ami à partir de Lyon pour traverser les monts du lyonnais givrés, et ceux du Forez embrumés... Nous atteignons la Limagne à la levée du jour, en devinant juste le ciel bleu à travers le smog des champs à peine labourés. Température à peine positive, ouf : on ne prendra pas trop froid dans la queue. Une trentaine de personnes à 8 heures. Murat sort dehors quelques instants. Il est de parfaite humeur, mais les traits un peu tirés. Ensuite, on entend la balance se poursuivre. J'entends "il neige"... Bon... dommage... J'entends un clavier... Je me dis : hein ? Surprise ! Murat ou un Delano ? Dans la queue, la mamie est toute excitée de voir Dédé Manoukian, et Laurent Ruquier... un temps annoncé ! En fait, le public semble bien être là en bonne partie pour Murat... même s'ils sont aussi des auditeurs d'inter.

8h30, les portes s'ouvrent dans la limite des places disponibles... ou quelque chose comme ça. Pour une fois, que ça ne concerne pas que les Parisiens et la maison ronde... Bien content d'être là. Les invités prennent par la droite et accèdent à la grande salle par le bas, les autres prennent l'escalier: c'est le seul privilège de la journée. Canapés installés dans la fosse de la grande salle, grand "France Inter" sur le rideau de la scène, on aperçoit Philippe Collin très concentré... Xavier Mauduit ("le moufton!" entend-on jaillir de la salle quand Collin le présente) semble avoir eu une nuit plus courte, mais le costume serré le tient debout. Didier Varrod, le responsable musique de France inter, a fait le déplacement, ainsi que Laurence Bloch, qualifiée de "bouclier managérial" par statégies, et qui ne paye pourtant pas de mine... C'est elle qui décide des programmes...

Durant le flash, Philippe Collin joue les chauffeurs de salle: "on a choisi Clermont, on aurait pu aller à Nice, il faut que Clermont soit meilleur que Toulouse hier, on doit vous entendre".. et ça marche... Vous avez sans doute écouté la suite en direct. Intéressant de voir des grands professionnels à l'oeuvre... ceux qui ont préparé et rédigé (Sonio Devillers, Manoukian)... et Lefort et Lebrun plus "je me repose sur mes acquis" : Lebrun ayant sans doute écrit dans le train, et Lefort, juste lu deux journaux au petit déjeuner... Mais c'était quand même plaisant et drôle. J'ai beaucoup aimé l'émotion qu'a pu suscité Lebrun (émission d'histoire à 13h30 en semaine) en évoquant le couple Quilliot... Avec "la nuit chez Maude", c'était le seul moment où on a pu apprendre des choses autour de Clermont... Mais là, n'était pas l'objet de l'émission. On peut noter la référence à Vialatte par Lefort, salué par le public... et aussi que Lefort ne s'est pas montré lors du concert semble-t-il. Il a pourtant rédigé une chronique de l'album Toboggan élogieuse en mars (un article compréhensible sur Murat dans donc libé ! ;.)).

Le fameux passage d'antenne d'Inter n'étant même pas terminé, certains sont déjà levés pour accéder à la petite Coopé où se déroule le concert. On y accède rapidement et nous mettons près de la scène. Jean-Louis est déjà en scène, en tee-shirt, jeans. Il reste parfaitement détendu semble-t-il. Il échange quelques mots avec le public... hors-micro. Les jeunes des The Delano Orchestra arrivent également, plus tendus... -On me signale qu'ils sont plus ou moins jeunes chez The Delano Orchestra, mais l'âge se voit moins derrière la batterie, en fond de scène-.




Arrive Philippe Colin, et son casque... Cela commencera à 11. 10h11... Murat remarque les belles chaussures hivernales de Colin, et comparent leur pointure. ON AIR... petite introduction... et c'est parti... Et c'est "il neige"... J'étais sceptique... Mais j'ai des frissons après quelques instants dès que le groupe se met à jouer avec Murat. Sur le refrain, c'est superbe, avec les magnifiques trompette et violoncelle des Delano. Sur la tournée, en duo batterie/guitare, c'était âpre, blues et saturé... Comme une nuit d'hiver. Là, je ne sais comment dire... On aperçoit la douceur du printemps ou de l'aube ! Juste limpide et sublimé, juste ce qu'il faut de riffs pour casser la litanie. Je découvre qu'il y a de l'écho sur la voix que je n'avais pas perçu en salle... Petit effet déjà présent sur la tournée. Malgré tout, en lisant quelques commentaires sur la page de France Inter, je me dis que ce n'était peut-être pas le titre idéal pour démarrer le set : les "clichés" sur Murat sont tenaces (spleen, suicide...) et partir sur un titre plus "endiablé" aurait peut-être permis d'accrocher certaines oreilles curieuses... Alors que certains ont zappé peut-être. On n'aura pas les audiences comme via médiamétrie pour la télé pour vérifier cette supposition. Ainsi, "Agnus dei babe" offrait peut-être la possibilité d'un démarrage plus dynamique... J'ai écrit que je n'accrochais pas à ce titre. Ce titre qui est sur l'album proche des ambiances synthétiques des premiers albums de Murat n'avait pas été souvent joué en première partie de tournée. Il l'a été, avec succès, à l'automne... Souvent en jouant avec des accélérations. Là, Murat et les Delano la prennent de suite sur un rythme élevé. Belle intro, avec deux guitares, joli batterie. Le violoncelle sur le refrain est extra... Et j'ai pris beaucoup de plaisir et de sensation à voir Guillaume, le violoncelliste se battre avec son instrument sur ce morceau rock. Rapidité de mouvement avec l'archer, et jeux de main sur les cordes. Matthieu me dira qu'on l'a vu en première partie de Bumcello, avec le grand violoncelliste Vincent Ségal (vu avec -M- à ses débuts). En bonus, nous aurons droit à une version supplémentaire de la chanson car Murat a trouvé "un peu foiré" la version diffusée... Ce fut encore plus endiablé... et là, on a vu Guillaume prendre un coup de chaud... mais je pense aussi un "bon pied". Je parle du violoncelle, mais c'est surtout la trompette qu'on entend, notamment sur le final... et ouah... Calexico n'est pas loin...

3ème titre : Michigan... Prononcez "GANT" pas comme Collin (c'est une question que je poserais volontiers à Murat : est-ce que la prononciation franchisée était consciente au départ, signifiante, avec l'idée de partir sur des rimes en -an, lui qui utilise volontiers l'anglais sur les refrains ?). ça commence comme lors de la tournée : solo de guitare et batterie (Christophe Pie se montre tout en subtilité tout au long du concert), puis intervention de la trompette... Et là, petite surprise de la version est l'utilisation d'un petit clavier relié à un ordinateur: il intervient lentement, puis je pense qu'une boucle a été samplée (C'est Guillaume qui a lâché le violoncelle). Là, encore, parfait. Et je me dis que The Delano ont véritablement pu apporter leur touche. On ne distingue pas à l'écoute je pense forcement l'utilisation d'une deuxième guitare, via Alexandre Rochon, le leader des Delano, mais je pense qu'elle est quand même un sacré ajout... Comme celle de Pie sur "parfum d'acacia". Murat peut se concentrer sur ses solos... et on a bien sûr une basse... qu'on perçoit bien dans les intros... et on se rend compte de l'intérêt de sa présence. Pour en revenir à Michigan, c'est tout simplement une version d'anthologie... Murat a décidé de prendre son temps, malgré les 50 minutes... tant pis pour le single actuel: "L'eau de la rivière" programmé en fin... et on a vraiment tout ce que j'aime : des parties plus ralenties où Murat joue de sa voix, des beaux solos, la richesse orchestrale, le piano, la trompette... rnrn"Sublime" dit Mauduit. On passe au titre des The Delano Orchestra... Avec leur titre le plus dynamique de leur avant dernier album (me semble-t-il) joué en live et intégralité en première partie de Murat à Clermont (tournée Grand lièvre). Un excellent titre, un vrai tube... et Murat est bien resté avec eux, il joue le guitar héro... On apprendra plus tard qu'il n'a pas trop suivi le fil... mais j'aime beaucoup ses interventions funky... Alexandre a une petite voix qui se fond dans ce tableau musicalement riche, s'élève parfois en douceur, il chante les yeux fermés, les mains tremblantes. Vous trouverez la discographie commentée de ce groupe dans l'article précédent du blog.



Ensuite, "amour n'est pas querelle"... Trompette et batterie, l'émotion d'une"sonnerie aux morts" pour un amour en tourments. La voix de Murat est très en avant, de sa belle voix pleine. Joli roulement de caisse claire (subtilité toujours). Alexandre fait des choeurs très jolis qu'on perçoit bien à l'antenne. Simple, rapide, version riche et à la fois épurée. Un grand bravo à Julien, d'un calme toujours olympique. "extatique" et "mystique" disent les commentateurs... avant un "amis du matin, bonjour!" de Murat. Murat cherche à retrouver les textes d'Extraordinaire voodoo sur son pupitre... ne le retrouve pas... Les textes tombent par terre, Amparo, qui est sans doute celle qui a fait le plus de kilomètres pour venir le cherche à son tour... mais Murat a débuté... il n'en a pas besoin. Très joli intro (avec la basse qui remplit l'espace, et des petits bruits de frottement et de petites tapes sur la violoncelle). La voix de Murat est juste parfaite sur cette chanson, et les paroles bien qu'incompréhensibles, sont le 7ème instrument. On a la belle progression de rythme sur le refrain, les choeurs d'Alexandre Rochon qu'on pourrait juger "too much" avec ses "ouah pada"... mais c'est assez conforme au travail que Murat a fait sur Toboggan et Grand lièvre. Le morceau s'enflamme ensuite... avec encore l'aide de la trompette... et c'est trop court pour le coup ! Depuis la première partie de tournée Toboggan, c'est un titre qu'on peut classer dans l'anthologie live de Murat (aux côtés des JOURS du Jaguar, de Taormina...), c'est confirmé ce soir -... enfin... c'était le matin mais dans la salle, on l'avait oublié-, et comme tout morceau de bravoure, on s'attend à ce que le morceau s'étire encore plus...

Place ensuite une nouvelle fois au DELANO, "summer". Un titre assez classique des The Delano Orchestra, avec l'introspection du chanteur, les riffs de guitare et de belles envolées instrumentales. La guitare de Murat derrière me ravit. Encore et toujours l'ajout magique du cuivre. Et pour finir "l'eau de la rivière", le single actuel pour la sortie du Toboggan spécial (avec les titres Michigan, l'eau de la rivière..)... et son refrain accrocheur: "et mon coeur fait boum, boum". Encore la trompette à l'honneur... Extra. Jolie partie instrumentale, avec le violoncelle... qui se reproduit encore au moment de la reprise de contrôle par France Inter... peu avant 11 heures. Collin aurait pu limiter un peu son speech pour nous laisser profiter du concert... Mais soit, chacun a ses impératifs. Peut-être qu'Inter aura l'idée de nous mettre en podcast l'ensemble du concert. Enfin soit, moi, j'y étais... et le morceau s'est joliment terminé... sous un tonnerre d'applaudissements. On ne sait pas si l'antenne a été rendue... Après un petit flottement, Murat reprend la musique et part sur un de ses thèmes favoris: "mami..."... Et un inédit, un ! Après encore une petite hésitation des musiciens, ils viennent petit à petit se joindre à son improvisation endiablée... et on voit qu'ils se débrouillent parfaitement... ça a du duré deux-trois minutes... Et là, on sait que l'antenne a été rendue.



Murat remercie... Le public demande un rappel, et Murat nous l'accorde: il propose donc de refaire "agnus dei babe" ("qu'on a un peu foiré"). La version est sympathique, plus rock, plus "jam"... Murat part en coulisses, après avoir embrassé Amparo et qu'Amparo... au grand regret de sa voisine. Il ne se remontrera que plus tard et discrètement... mais nous arrivons à lui faire signer quelques trucs, et à lui dire "bravo". Il nous explique qu'il pensait qu'ils allaient couper au début ou milieu de son improvisation... et qu'il comptait ainsi faire une blague aux fans devant leur poste pensant découvrir un inédit... et en être privé... Ce n'est pas gentil, Monsieur Murat !! L'after est rapide, car le bar est fermé, et qu'on nous vire rapidement de la petite Coopé, puis du hall. On a néanmoins le temps de voir rapidement Marie Audigier, puis de recueillir les impressions de Didier Varrod... Dont la rencontre restera un grand moment pour moi. Je l'ai trouvé extrêmement touchant, parce qu'il est lui-même très ému par le set de Murat (il parle des frissons qui le parcourent encore), qu'il est sans doute fier d'avoir pu permettre à Murat de jouer devant un ou deux millions d'auditeurs, qu'il sert dans ses bras un jeune étudiant présentateur de Radio Campus, qui se fait prendre en photo avec lui, et l'encourage à prendre contact avec lui... On lui demande des nouvelles de certains animateurs que l'on sait malades. Il est enthousiasmé par ces concerts du matin... et se dit qu'il s'y passe toujours des choses à part. Une idée donc qu'il creusera peut-être.

Un bienfaiteur du blog m'ayant fait le cadeau du livre "50 ans du rock à Clermont", j'en profite pour me faire dédicacer les pages concernant Marie, et Morgane Imbeaud (qui me fait des bisous par écrit, nanananère), puis Christophe Pie... La soirée... euh, encore... la matinée se termine avec Laure discutant avec Alexandre Rochon sur le trottoir... J'ai regardé un peu les commentaires sur les pages de France Inter... et c'est assez largement positif, malgré les quelques personnes qui n'ont à mon avis pas écouté... Je pense que ça a été un vrai coup de pouce pour les The Delano Orchestra (qui ont je le sais conquis quelques oreilles déjà)... On lit dans le livre "50 ans du rock à Clermont" que le passage avec Murat sur le plateau de Nulle part ailleurs n'avait rien apporté professionnellement à Subway (mise à part l'expérience d'avoir vécu le plus gros stress de leur carrière). Les Delano Orchetra ont, eux, eu la chance de faire découvrir deux titres à eux sur les ondes, une sacré différence. Enfin, on l'espère... Des bonnes critiques dans la presse spécialisée (ils sont abonnés aux bonnes notes) ne font en effet pas tout... Voire rien. Je crois qu'on est nombreux à espérer qu'une nouvelle collaboration voie le jour... sur disques ou du moins que Murat trouve une solution pour tourner avec un groupe permettant de retrouver une telle richesse d'orchestration. Alors, oui, je voulais terminer par ce commentaire que j'ai trouvé sur le Facebook d'Inter... Dans la série : "et même si ça n'avait servi qu'à ça": Je connaissais mal Murat mais en écoutant je me demande si ce monsieur n'est pas le plus grand artiste rock français vivant. Merci France Inter, et Didier Varrod.

En espérant que ça donne des idées à certains (Canal+ ou autres)... Quant aux auditeurs, vous pouvez acheter TOBOGGAN spécial! Après 500 ventes en première semaine, la réédition de l'album ne figure déjà plus dans le classement des ventes. Incompréhensible.



Compte-rendu du site www.surjeanlouismurat.com MURAT SUR FRANCE INTER pour les 50 ans de cette radio

Info: Concert en écoute: ici
téléchargeable via Flux rss

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