Chronique de Concert
Jean-Louis Murat
(La Lettre de la Pampa Istréenne !)
20 h 30 :
Premier choc "visuel" qui heurte le cristallin (à portée d'ego à ravaler de toute urgence, sous peine de devoir en verser une "petite" en mode dépression) : pour cause d'assemblée réduite, JLM se produit ce soir au niveau de la petite scène du bar : ce qui fait un peu mal au bide, soit, mais qui tombe sous le sens au vu des rares humains croisés d'attente sur le parking de l'Usine. Cela semble même logique, en fait, quand on pense à cette désaffection (toute relative) vu que l'homme ne cesse de sortir des albums de qualité qui détonnent au sein du paysage morne de l'actuelle Chanson Française, puis de les défendre brillamment sur scène en configuration "rock", par la suite, entouré d'un quatuor de musicos de talent sachant se mettre au service des chansons avant tout ! Tout "faux", le gars, donc...
21 h 15 :
Tandis que nous attendons toutes et tous en détaillant alentour, qui, de la cuisse galbée, qui, du biceps tatoué (petits humains éternellement en "chasse" que nous sommes et resterons, ad vitam aeternam...) la sono diffuse quelque chose qu'un de mes vieux neurones fatigué parvient à "isoler" comme étant la bande-son de FANTOMAS !!? Notre James Bond franchouillard à nous, qui me glace le sang à chaque évocation des pitreries surannées de l'ineffable Jouve/De Funes ; Fantômas contre Scotland Yard !, sans nul doute, vu l'épaisseur de fumée crachée sans discontinuer depuis la scène : épaisse à couper le kilt ridicule du susnommé au couteau. En gros, ils ont dû oublier que le concert avait lieu dans la l'"espace" bar, cette fois, mais se sont tout de même servis de la même dose qu'à l'accoutumée : prévue pour la grande salle vaste et aérée qui se la coule douce à côté (elle) tandis que mes yeux enflent démesurément, tel le Grand Lièvre rougi sous myxomatose attendu impatiemment ce soir. À tout coup, il en va de même que pour les "militaires" et ces fameux stocks de munitions de légende : ils se doivent absolument de dépenser l'intégralité du stock de fumée avant le prochain concert ou la fin de l'année à venir, sous peine de ne pas voir leur crédit, renouvelé...
21 h 30 :
Toujours rien qui ne "Muratise" à l'horizon, ou bien alors, peut-être que mes pavillons sont désormais à l'unisson de mes prunelles embuées sous voile, en fusion. Du moins, jusqu'à ce qu'une kyrielle de pieds et mollets ne s'en vienne fouler l'exiguïté de la scène : une invasion pédestre immédiatement suivie d'une suite de notes mutines, aérées et fluctuantes, toutes attachée aux mêmes basques d'une longue intro, un rien émolliente, comme si l'ensemble instrumental émergeait tout à coup d'un long, long, long... Sommeil ?
Qu'est-ce Que Ça Veut Dire ? : morceau inaugural de ce très bon Grand Lièvre - injustement boudé des sens de nos contemporains médias hexagonaux - qui voit notre JLM ami évoluer comme au jugé, en apnée, ailleurs (higher ?) tandis que la section rythmique, elle - Fred Jimenez (basse), Stéphane Reynaud (batterie) semble d'ores et déjà bien en place, au diapason "pulsation" d'une 100 (120 ?) de pingouins Istriens qui se dandinent doucettement en tentant de percer (en vain ?) les secrétaires débordant de chausse trappes et secrets de prose bien gardés, de l'Auvergnat qui leur fait fièrement face.
21 h 37 (en gros...) :
Sans Pitié Pour Le Cheval, second morceau de la soirée (et de l'album) tangue un rien et "patouille" quelque peu avant que de se mettre finalement en "place" : porté par une caisse claire dynamique, mixée très (trop ?) en avant et qui porte l'ensemble à fleur de peau caressée de rudesse. Assis à l'opposé, le gars préposé aux claviers (Slim Batteux) nappe le tout de frais, tandis que le gars Jean-Louis se prend les pieds dans le "jack" et manque de s'étendre en suivant, sans omettre pour autant de frôler le micro de sa tempe droite grisée d'années : Rémi est mort ainsi...
Dans le feu de l'action, j'avais écrit une version alternative (en mon petit carnet à spirales) : emplie des mots Jack (Daniels), "grisé d'ivresse", et autres mots d'humour très laids - suite à la question suivante (posée à haute voix par un quidam irrévérencieux posté contre le mur du lieu) : "t'es bourré ou quoi, Jean-Louis ? Putain..." - mais ai finalement préféré ignorer cette vile et vaine polémique, sans intérêt ni fondement aucun. Et ce, même s'il appuie malencontreusement sur sa pédale durant l'intro suivante, coupant ainsi tout net le son de sa guitare, avant de se reprendre quelque peu pour tacher de ramener le bateau (ivre ?) au (bon) port d'Alexandrie...
Il se lance alors illico dans une "impropobable" parlée, au sujet d'une partie de notre Méditerranée effondrée d'un coup, d'un bloc, causant ainsi un vaste trou au travers duquel l'on pourrait bien "apercevoir la Chine, tout en bas !" (en se penchant au-dessus ?!!) : "vous vous plaignez de la suprématie Américaine, ok, mais les Chinois vont vous mettre au pas, eux, z'allez voir !" (le tout en mode goguenard, lancé). Une digression suivie d'une véritable attaque sonique, menée de front aux côtés des fantômes du Crazy Horse, cette fois, qui martèle, pince et crisse sans trembler : excès "sonores" et non de "manche", dépassés ; le tout augmenté d'un soupçon de Manset (Gérard) qui n'est pas pour me déplaire. Un propos appuyé au mieux par une paire de "rythmiques" qui ne bronche pas d'un iota, d'un pouce, d'une demi-mesure...
22 h (peu ou prou !) :
Si elle n'était issue de plume "Murat", Vendre les Prés - sa Carte Postale à lui, qui donne envie de vagabonder librement dans les verts pâturages du passé en compagnie de la Belle des Champs de son choix... - ferait à coup sûr un "tube" : tant elle "respire", "avance" sans coup férir, au point de dessiner du sourire à la pelle (sur visage lambda éclairé) céans.
Moins "fan" du Champion Espagnol, je me prends à repenser un court instant en mode Nu Dans la Crevasse, Fort Alamo, Polly Jean, L'Au Delà, Dix Mille (Jean) Louis d'Or, ou... A Bird on a Poire ! Une Petite Idée Derrière la Tête qui grimpe allègrement jusqu'aux sommets abordés de passé en mode teinté de nostalgie (en dépit du fait que la facture des nouveaux morceaux soit honnête, que l'ensemble sonne "prometteur", "digne d'intérêt", "bâti pour durer"...).
22 h 23 :
Avec Yes Sir !, "ça" semble enfin décoller d'ensemble, tout le monde au diapason des deux gusses de la section rythmique : avec Jean-Louis aux tricotages d'accords sur bas de manche plaqués d'énergie toute retrouvée "C'est ma vie, une vie à fleur de peau. C'est ma vie, une vie de terre et d'eau.. Yes, Sir !".
22 h 30 : Tes baisers ma mie, tes gestes de reine, tes orgasmes doux, comme on aime, destins d'animaux, et désirs idem basta, on s'en fou, on s'entraîne... dans la foule Romaine !
Mes synapses fondent de l'émoi (et moi, et moi !) en masse : en voici "une" que mes neurones parviennent enfin à "isoler", "transmettre", puis "dupliquer" de plaisir de synapses en synapses (maux, mots et notes, inclus...). Une Foule Romaine que l'assistance susurre désormais de timidité toute relative (timidité ou... manque d'intérêt ? Je n'ose le penser, non, nope ! Tellement icelle est l'une des lucioles éclairées du lumineux et envoûtant Le Moujik et sa Femme... Yes, Sir !). Une version qui profite au centuple d'une paire de doigts argentés qui caressent l'ivoire et tissent du décor en maître, sur clavier...
22 h 40 : C'est le fantôme de feu l'AS Dragon, qui est désormais aux commandes et taille gaillardement le somptueux "Mustango Jim" vers mes légitimes envies "pré" concert : une version sèche, tendue, bandante - sous vaisseaux et cavités remplies jusqu'à déborder - qui fait du bien par où elle passe et bouscule l'ordre établi en studio ! (Pas au niveau d'icelle, ni même de celle donnée sur un plateau de télévision en compagnie du groupe Elysian Fields au grand complet, un soir de novembre 1999, non, mais "une " qui a néanmoins le mérite de faire bouger les choses, de les transformer pour les emmener plus loin, au loin... Enfin !
22 h 47 :
Long, très long début de rappel qui "instrumentise" le tout d'envies sur cordes et peaux martelées de près : une envie comme une autre de faire suer en cadence, en somme, et la température de monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter, monter... Monter, on vous dit, mordiou !
22 h 53 :
L'harmonica suspendu au pied (de micro) de son maître, avait donc bel et bien une quelconque utilité. Ha, oui, au fait, j'aime pas les "la-la-la !" pour lesquels il consent de nouveau à communiquer d'entente polie - à défaut d'osmose espérée ou sentie, le public semble remercier de foulée et en grande partie conquis, mais dans une toute relative apathie apparente... - au point d'en oublier de souffler dans le dedans de l'harmonica en question...
23 h 10 :
"Ce matin, je suis allé courir le long de l'Étang de Berre : quelle vomissure ! Remarque, faut bien habiter quelque part... Non ?" (il se tourne alors vers ses musiciens, puis enchaîne aussi sec) "j'adore me faire de nouveaux amis..." (le tout suivi d'une moue qui en dit long sur l'acidité du propos et le degré d'interprétation à y donner). En résumé, "ça" "bla-blate" donc tranquille, en toute civilité, même si certains "fronts bas" attachés à leur bout de terroir pollué, se crispent un tantinet, çà et là... Et que le psychopathe à la "fumée" en profite pour tout noyer d'épais de nouveau : et nos muqueuses, trachées et cornées, de s'assécher de foulée... Arrêtez-le, please !
Augmentés d'une intro en "Allemand-Alsaco", qui sonne comme une aimable parodie de "feu" Kat Onoma, Les Jours du Jaguar s'en viennent alors se parer de Lilith, atours : une version qui raffermit le muscle directeur, qui s'en va piocher vers les rives oxydées de Rust (live) de Weld (tendu sous "Arc" !) de cette "rouille" qui ne dort jamais ; d'une envie retrouvée de s'accrocher encore et encore aux basques Auvergnates de ce voyageur perdu d'une légende encore en partie à écrire...
Ceci étant fait, l'homme se radine doucement au coin du stand : armé d'un verre de champagne, d'une agréable bonhomie indexée sur courts échanges de politesses emplies d'un zeste de timidité, marques de déférence ou d'intérêt, signatures de vinyles, CD et livres d'art, en série limitée...
Un court résumé de soirée à transmettre (au plus vite) de plaisir aux générations futures : juste au cas où ce serait le dernier de son (hexagonale) espèce... Juste !
Plus de photos ici.
Critique écrite le 31 octobre 2011 par Jacques 2 Chabannes
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