Chronique de Concert
Jeffrey Lewis & Los Bolts
Disons le tout de suite : Jeffrey Lewis est certainement l'un des musiciens les plus cools de la galaxie. Figure de proue de la mouvance " anti-folk " de début des années 2000 et en (sur)activité depuis une bonne quinzaine d'année, ce new yorkais assure la jonction entre Leonard Cohen et Sonic Youth ou même Jonathan Richman et Pavement. En plus d'être un songwriter exceptionnellement bon, Jeffrey Lewis est un showman hors-pair, à la fois tout en exubérance et sobriété et plein d'humour.
Certains se souviennent encore de son dernier passage lors du Festival B-Side il y a trois ans pour un concert de grande classe qui avait bien scotché son monde. L'équipe de In the Garage est donc une nouvelle fois à l'initiative de sa venue ce soir, cette fois-ci à l'UPercut. Il est accompagné de Los Bolts, trio composé d'un batteur, son frère Jack à la basse et au clavier (qu'il jouera surtout assis par terre) et une autre comparse au casio qui se saisit de temps en temps d'une basse.
Muni d'une guitare folk totalement customisée et bariolée, finalement un peu à l'image, fantasque, du personnage, il va débuter le set tranquillement par un titre folk pour jouer ensuite une chanson pop catchy où le casio prend pas mal de place. Rien n'est prévisible dans l'enchaînement des titres : le groupe passe le plus naturellement du monde du folk pur et dur comme Support Tours à des chansons pop punk frénétiques comme Sad Screaming Old men, deux pépites présentes sur son dernier et excellent album Manhattan. Les titres et l'interprétation sont toujours, en plus d'être hautement énergiques, d'une étonnante fraicheur.
Les claviers et casio apportent de façon subtile une couleur pop psyché aux chansons. Les compositions sont toutes imprégnées de cette évidence pop mais avec un côté faussement bancal à la Pavement. De sa voix nasillarde tout de suite identifiable, il débite sur la plupart des titres ses textes à cent à l'heure un peu à la manière d'un Dylan punk sous speed. Les chansons sont portées par une section rythmique à la fois solide et souple à la basse vrombissante. Le chant à l'unisson à trois voix sur les titres plus sautillants fonctionne à fond. Le tout est joué avec une absence de frime totale, une décontraction et une aisance absolue. Jeffrey Lewis sait en plus surprendre son monde, comme, lorsque juché sur un tabouret, il raconte sur un mode parlé-chanté l'histoire de la guerre du Viet-Nam, tout tournant les panneaux de la BD qu'il a dessiné sur le sujet.
Il faut savoir que notre homme est également un auteur de comics doué qui a créé sa propre série, " Fuff ". Le groupe va également également jouer deux reprises : The Happening des Pixies (ou comment faire redécouvrir un titre oublié du meilleur groupe de la fin des 80's) et Pine Box Derby de Beat Happening, hommage évident à ce qui fut un groupe précurseur du folk punk low-fi alternatif américain. La salle n'est pas complètement remplie mais tout le public jubile et danse. Après un morceau punkabilly qui sonne un peu comme un vieux Cramps, le quatuor termine sa prestation avec un titre très punk noise. Un rappel plus tard, Jeffrey Lewis joue une autre folk song seul à la guitare.
Le groupe n'aura pas été avare de son temps puisque le set aura duré presque deux heures et il a été réellement réjouissant, stylé et inattendu du début à la fin. Jeffrey Lewis compte réellement comme l'un des songwriters les plus doués et attachants de son temps. Une fois de plus, on ne remerciera jamais assez l'équipe de In the Garage pour faire venir des gens de cet acabit (et ils ont en plus la bonne idée d'inviter le mois prochain au même endroit la galloise Cate Le bon, un concert qu'il ne faudra absolument pas manquer)
Critique écrite le 25 mai 2016 par phil2guy
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