Chronique de Concert
Jehro + Ayo + Banda Santiago de Cuba + Estrella Morente + Corinne Sauvage (Fiesta des Suds 2006)
Sachant que la veille les invitations ont été refusées à partir de 20h (complet !) on ne part pas trop tard mais d'un autre côté les têtes d'affiches de ce soir sont quand même moins prestigieuses. Pourtant en arrivant nous avons bien du mal à nous trouver une place (même interdite) à proximité du Dock. En arrivant enfin devant l'entrée on constate que c'est au même endroit que l'année dernière avec la grande scène sous la passerelle et le reste restau, bar et la deuxième scène (dite "cabaret") dans un nouveau entrepôt en dur.
Sur la grande scène Estrella Morente est en train de chanter. Je serais bien allé jeter un il à son flamenco habité et donc un peu théâtral, mais impossible de s'approcher suffisamment ne serait ce que pour apercevoir un bout de la scène. Les gens sont très serrés et il n'y a pourtant pas la moitié des gens présents ce soir devant la scène. Je commence à comprendre la réaction de certains certains spectateurs qui ont payé leur place et ne peuvent rien voir du spectacle.
Je me contenterai de suivre une partie de son set via les quelques écrans géants sur le site, dont celui sur situé tout prêt de la scène "cabaret". La bas aussi trop de monde pour essayer de m'approcher de Corinne Sauvage qui a l'air de chanter des reprises.
La foule commence à m'énerver, impossible d'aller où l'on veut, ni même de s'arrêter quand on en a envie. Bref il y a trop de monde et musicalement ça ne me plait pas assez pour que j'ai envie de faire un effort. Je me dirige alors à nouveau de la grande scène en me disant que je profiterai de la fin du set de l'étoile.
Lorsque son set prend fin, les gens commencent lentement à sortit mais je ne suis pas le seul à avoir eu cette idée. Si bien que je réalise vite que si j'attends que les gens sortent du cul de sac constitué par les barrières qui encadrent la scène je vais rester au fond ; donc à contre cur je me lance ... on s'écrase, on se bouscule un peu, certains râlent. Et la je me rends compte que tout le devant est couvert de chaises !?!? Tu m'étonnes qu'il n'y ait pas assez de place pour tout le monde. S'en suit une absurde séance ou les gens essaient de se presser devant pendant que les autres sortent et au milieu de tout ça le staff technique débordé qui essaie d'extraire les chaises du public (je m'en prendrai une dans le genou). Lorsque tout s'équilibre on commence à attendre, serrés. J'ai réussi à m'approcher à une grosse vingtaine de mètres de la scène, sur la gauche de celle-ci. Cela a beau être en plein air beaucoup (trop) de gens fument, n'ayant d'autre possibilité que de vous cracher leur fumée dessus et j'en prends plein les poumons (je ne vais pas tarder à devenir intolérant je le crains).
Les gens sont clairement là pour Ayo. Ils sont venus voir la nouvelle sensation télévisuelle en live. La télé a vraiment sur les carrières un effet magique. Ayo, comme Grand Corps Malade et bien d'autres est sortie de l'anonymat du jour au lendemain grâce à quelques passages clés dans des émissions comme Taratata (sans parler du matraquage actuel sur France Inter et Nova selon des sources sures). C'est semble-t-il au cours de cette émission que tout le monde l'a vu et est tombé sous le charme de cette grande nigérienne au sourire (gêné mais touchant). Du coup elle se retrouve propulsée au rang de superstar devant un public d'ors et déjà conquis. Elle sera d'ailleurs visiblement impressionnée par le public, avouant à qui voulait bien la croire qu'elle n'avait jamais joué devant autant de monde jusqu'ici.
Ce genre de situation a aussi son revers de la médaille. Car du coup les gens qui ne l'ont jamais entendu/vu (et c'est mon cas) s'attendent à un truc fabuleux et ont de grande chance d'être déçus, voire carrément énervés de s'être fait une nouvelle fois bernés par une campagne de promotion réussie. Dans certains cas c'est même pire car l'artiste (prenons à nouveau le cas de GCM) se retrouve érigé en porte drapeau d'un style entier, s'attirant du coup les foudres des puristes, voire la rancur des gens qui se battent depuis longtemps pour faire connaître des groupes tout aussi talentueux évoluant dans la même discipline.
Bref, je m'étais déjà fait avoir comme ça, lorsque après avoir vu Bloc Party dans l'émission l'album de la semaine je m'étais ennuyé comme rarement lors de leur passage au Moulin. Ce soir la hype portait sur Ayo (et aussi sur Jehro sur lequel je reviendrai plus bas). Après que ses trois musiciens aient pris place sur la grande scène (guitare, basse et batterie), elle est rentrée toute timide (faisant mine de se cacher derrière un baffle) et s'est assise sur la grande chaise en bois qui l'attendait au centre, à côté des deux guitares électroacoustiques. Elle a commencé à jouer sous les acclamations du public des morceaux sympathiques mais un peu sans relief. Elle a une belle voix (parfois proche de celle de Sade ou Susheela Raman), les musiciens qui l'accompagnent jouent bien mais je trouve que ça ne décolle jamais vraiment.
Elle a joué quelques nouveaux morceaux comme celui où elle fait participer le public demandant aux filles de crier "gilrs !" a son signal et aux garçons "boys !" (sympa) ou celui intitulé Africa qui se voulait profonde et engagée mais dont je trouverai les textes affreusement bateaux. Au bout d'un moment j'ai commencé à trouver cela carrément long et j'ai eu énormément de mal à m'extirper de la foule toujours aussi dense et admirative ("devine où je suis ? à la fiesta devant Ayo, c'est trop méchant ! Vraiment trop bon .. ; tu sais pas ce que tu rates !"). Moi je suis serré, j'en ai plein les pattes et je trouve ça sympa mais vraiment sans plus. En plus elle est assise sur scène (comme Ben Harper et ça m'énerve). Cela dit je suis content d'être venu, sinon j'aurais pu croire que j'avais raté quelque chose de vraiment bien. A revoir éventuellement mais dans un cadre plus intimiste et en espérant qu'elle aura des choses plus prenantes/touchantes à faire passer.
Du coup je me redirige vers le cabaret en me demandant ce que je vais pouvoir faire pour attendre jusqu'au passage de Jehro et là je tombe (après avoir bataillé pour rejoindre Cédric qui lui a craqué bien avant moi) devant un orchestre de pas moins de 40 musiciens qui joue de la salsa !
Assez impressionnant (même de loin), la Banda Santiago de Cuba se dégage quelque chose de fort. Dirigé par un chef d'orchestre et animé par un chanteur ils mettent une sacrée ambiance. Le côté intemporel de cette musique me rend légèrement mélancolique mais je ne peux qu'apprécier ces standards jouer avec autant de cur.
Le chanteur animateur parle pas mal entre les morceaux, bouge beaucoup pendant, invitant le public à participer plus en chantant ou tapant des mains, à coup de "Marseille plus fort, je n'écoute rien !".
Alors que Ayo est encore en train de sourire sur l'écran géant devant le ballet de camera télécommandées qui volent des le ciel autour de la grande scène, dans l'ambiance surchauffée du cabaret, ceux qui arrivent à trouver quelques mètres carrés dansent en couple, les autre gigotent en rythme.
Quand arrive l'heure de Jehro je me redirige vers la grande scène. Entre temps j'ai compris qu'en tant que photographe j'avais accès aux places sur les côtés sur les estrades de part et d'autre du public (ça fait un peu arène). Du coup je peux aller prendre tranquillement des photos de Jehro au pied de la très haute scène (je mettrai un moment à réaliser qu'il est accompagné de choristes).
Jérôme Cotta est un marseillais qui avait sorti un disque en français il y a quelques années. Je me souviens que je n'avais pas accroché (trop variété et un peu cucul a mon goût). Depuis qu'il a changé de nom et de style par contre il cartonne.
Première parties remarquées aux Voix du Gaou notamment, tous les gens qui ont écouté son disque (qui s'est vendu à 40000 ex déjà) semblent aimer. Comme il n'a jamais joué à Marseille sous ce nom, je n'ai pas encore eu l'occasion de l'écouter.
Il arrive donc accompagné de ses musiciens dont un autre guitariste (le seul que je verrai vraiment bien de la ou je suis) qui joue aussi du clavier. Il se présentera rapidement avouant que c'est la première fois qu'il joue à Marseille bien qu'étant marseillais.
Sa musique n'est pas désagréable, il chante en anglais et en espagnol, mais franchement je trouve cela assez quelconque. De la variété internationale qui s'écoute facilement mais qui manque de titres accrocheurs.
C'est d'ailleurs assez paradoxal de voir qu'il aura percé en chantant en anglais alors qu'en français (là où les quotas etc aident) ça n'avait pas marché. Je ne resterai pas très longtemps, pressé d'aller à la Friche où j'espérais voir un bout de Poni Hoax dont le disque a l'air vraiment très bon.
Pour conclure sur cette soirée. Artistiquement en dehors du groupe de salsa j'ai été déçu, mais cela reflète assez l'impression que j'ai les rares fois où j'écoute la radio. Au niveau affluence la Fiesta semble battre de nouveaux records, aussi si vous venez pour voir un artiste (et non pas uniquement pour profiter de l'ambiance) vous avez intérêt à venir très tôt. Sinon vous serez contraint de suivre le concert sur un écran.
Je ne suis pas un parano niveau sécurité mais franchement par endroits il y a beaucoup beaucoup de monde, il doit y avoir les sorties de secours prévues mais je ne peux m'empêcher de penser qu'en cas de bousculade ça risque de mal se passer (devant les scène on est forcement coincés entre 2 murs sur les côtés, la scène et le reste du public qui presse derrière. Sinon sans aller imaginer le pire on a quand même beaucoup de mal à se déplacer confortablement.
Site de la Fiesta : https://www.dock-des-suds.org/
Site de Ayo : https://www.myspace.com/ayosound
Site de Jehro : https://www.jehro.com/
Site de Estrella Morente : https://www.estrellamorente.es/
Critique écrite le 22 octobre 2006 par Pirlouiiiit
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