Chronique de Concert
Jello Biafra And the Guantanamo School of Medicine + Sharked
Bon voilà je vais enfin voir Jello Biafra (oh what a name!) en concert, malheureusement sans les membres emblématiques des Dead Kennedys. Après avoir découvert le mouvement Punk dans ma jeunesse avec en particulier les Sex Pistols, j'ai cru l'espace d'un instant que le punk se résumait à ce groupe mythique. C'était sans compter sur ce nouvel air venu un peu plus tard de l'autre coté de l'Atlantique, ce mouvement Punk US, qui en a inspiré tant d'autres comme Rancid, Black Flag et plus récemment les Offspring ou les Sum 41 (liste non exhaustive...)
Il fallait donc que je le voie enfin sur scène, ce Jello, non sans un certain scepticisme de base, eh oui autant les vinyles des Dead Kennedys m'ont fait bander, autant les quelques prestations scéniques qu'il est possible de trouver sur le net me laissent une impression de grand bordel, pas franchement organisé. Oui, il y avait la patate, oui, c'était Punk, mais ce n'était pas au top, laissant une impression de grand brouillon. De nos jours, il en faut davantage question qualité...
Bon nous voilà sur place et d'emblée je craque pour un T'shirt de Jello et sa bande sur lequel on peut lire "Nazy Trump, Fuck off !" non sans allusion au fameux morceau quasi homonyme des Dead Kennedys, compte tenu de l'actualité je commence à être sous le charme.
Sharked
Nous nous installons en première ligne, accoudés sur la scène, et avons comme première partie un groupe local, les Sharked, qui nous propose un trash/death, (je ne suis pas certain de la terminologie, n'étant pas spécialiste). Je suis impressionné par le chanteur qui est capable de se détruire la voix avec une détermination assumée et qui dans la foulée se montre capable de parler à son public avec une voix presque douce. Les musicos sont à la hauteur, tous jouent bien, un moment sympa, mais le style est pour le moins décalé au regard de ce que nous sommes venus voir : du Punk, what the Fuck !
Jello Biafra And the Guantanamo School of Medicine
Les choses se mettent en place, les dernières balances se font et c'est là que nous réalisons que ça va envoyer du lourd. Ça y est Jello Biafra And the Guantanamo School of Medicine sont en place, je n'en connais aucun, forcément ce n'est pas les Dead Kennedys, vais-je le regretter ? Un regard furtif entre les musiciens et ... explosion, big badaboom...
Les poils se hérissent, le son est top, quoi que trop fort j'ai malheureusement oublié mes protections auditives et du coup cela n'a pas arrangé mon acouphène. Tant pis, car je retrouve ce style si particulier aux Dead Kennedys et suis aux anges. Et voilà Jello, vêtu d'une redingote plus qu'improbable, je ne vous parle du reste de son accoutrement et de son IMC (Indice de masse corporelle).
De toute évidence le look ne fait pas partie du cahier des charges, ils ne ressemblent pas à grand chose, en tous cas pas à des punks de la première heure (tant pis pour les nostalgiques), le bassiste à la moitié de ses cheveux longs teints en vert, le lead guitar arbore une chemise blanche taguée d'un sigle pouvant ressembler celui de l'€ (en tout cas c'est ce que j'ai imaginé en rapport à leurs fameuses chemises taguées d'un $), le batteur est pour ainsi dire à oilpé, reste le petit jeune de la bande (guitare rythmique) qui, figurez vous, a un look de jeun's.
Peu importe, Jello et les GSM envoient du lourd, les morceaux se suivent tous aussi pêchus les un que les autres, le POGO se met en place rapidement mais avec un certain fairplay. Non sans regrets, je décide de ne pas renter dans la mêlée et d'apprécier le concert d'une autre manière et je ne le regrette pas.
Jello assure carrément, ses dons de mime lui permettent de donner vie à ses chansons et il n'hésite pas à se jeter dans la foule, qui dans l'enthousiasme, ne présente pas de difficulté à le porter à bouts de bras malgré sa silhouette, comment dire, pas du genre wheight watcher.
Petite parenthèse pour les amateurs de basse, le bassiste Andrew Weiss, assure franchement bien, sa basse est omniprésente (bon matos et bons réglages, bravo) tout cela en jouant avec les doigts, il doit avoir de la corne au bout. Seuls quelques morceaux sont exécutés au médiator, mais cela n'apporte ni speed ni puissance supplémentaire, il avait déjà tout. Le batteur Paul Della Pelle se fait également vraiment plaisir et c'est communicatif, la section rythmique est en place et assure grave.
Quant aux gratteux, Ralph Spight et Kimo Ball, ils ne sont pas en reste bien au contraire, ceci dit, il fallait bien deux guitares pour envoyer la sauce. Le petit jeune nous donne une belle rythmique, très bien posée et plutôt bien remplie quoi que, à mon sens, un peu trop étouffée, question de balance je suppose. Quant à la Lead, je me suis posé la question de savoir s'il n'était pas un des Dead Kennedys d'origine. Et bien non, semble-t-il, mais c'est bien lui qui a compris le son originel, ce son si particulier qu'il reproduit à merveille.
Ok, on n'est pas là pour écouter de la grande musique, mais même s'il s'agit de Punk, quant c'est bien fait, cela ne gâche rien et c'était le cas. Je n'ai as pu m'empêcher d'exploser de joie quand ils ont joué "California Uber Alles", dans une version à la fois fidèle et différente de l'originale, ou bien quand ils nous ont fait "Nazi Punk Fuck Off" (quelque peu détourné) ou encore, le fameux, "Holidays in Cambodia".
Désolé, je ne connais pas les titres plus récents, mais c'est clair je vais m'y mettre ! Nous avons eu droit à deux rappels, certes pas vraiment improvisés, mais cela fait toujours plaisir. Finalement Jello, scotché sur un baffle posant tel le penseur de Rodin, a dû être ramené en backstage par l'ange gardien du concert que je remercie également pour son professionnalisme. Oui, Jello est un acteur, mais également un prêcheur.
C'est certainement ce côté précis qui m'a le moins enthousiasmé, même si fondamentalement on ne peut pas réfuter ses idées, nous ne sommes pas venus pour cela. On se serait crus à un cours de catéchisme, avec grande explication du bien et du mal, je n'irai pas plus loin sur ce sujet car la politique n'a pas sa place ici, restons en au concert et donc à la Musique ! Vivement qu'ils reviennent nous voir en cette vielle Europe !
Critique écrite le 31 août 2016 par Jef VILLE
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> Réponse le 02 septembre 2016, par ibro dirka
Le bassiste est Larry Boothroyd (sur tes photos en tous cas) qui faisait partie avec le guitariste Ralph Spight l'ossature du mythique groupe Victims Family, distribué par le label de Jello. Espérons qu'un jour ils puissent revenir en live... Concernant la politique, elle est indissociable de la musique et de la vie de Jello Biafra. Et c'est ça qui est bien avec ce mec, c'est qu'il est resté fidèle à ses idées toute sa vie. D'ailleurs il s'est faché avec les DK originels à cause d'une pub et d'une marque à laquelle il ne voulait pas prêter sa musique. Authentique jusqu'au bout! Réagir
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