Chronique de Concert
Jeremy Jay
Comment illuminer un sinistre dimanche soir, par Jeremy Jay.
Précieux retour à Clermont-Ferrand pour Jeremy Jay, à peine quelques mois après son passage très marquant au Bar de la Mairie... Actuellement en tournée pour la sortie de son nouvel album (l'excellent Slow dance), l'Américain fortement influencé par la musique anglaise - Morrissey, The Smiths, Echo and The Bunnymen, Joy Division, The Cure, Orange Juice, Edwyn Collins, ce genre de choses intemporelles - revient en Auvergne pour illuminer un sinistre dimanche soir au Rat Pack. Prévu à 19h, le concert commencera à 19h40 et sera écourté à la demande d'un voisin récalcitrant à la pop new wave. "It's party time !", comme le dit Mr Jay avec humour...
Un chaud et froid étourdissant...
Les quelques courageux qui ont bravé les éléments déchaînés (pluie, vent, froid, sunday loose... ) ne le regrettent pas dès que le trio commence à jouer une pop New Wave Lo Fi à la fois organique (chant à la Morrissey, guitare à la Johnny Marr ou à la Edwyn Collins, plus un duo basse/batterie sèchement entêtant) et synthétique (claviers très Joy Division). Dès les premières secondes, la voix de Jeremy Jay transperce le cur de toutes parts, les mélodies bouleversent incroyablement et les rythmiques essaient de rattraper le coup en étant sautillantes (sans doute pour éviter au public de sombrer dans un profond spleen). Saisi par le contraste, un chaud et froid étourdissant, l'on se retrouve pris en tenaille entre l'envie de danser, celle de se laisser aller à divaguer sur les affres de l'amour pour finalement décider de se balancer intérieurement entre une petite dépression (au dessus du jardin de la Saint-Valentin), tout en essuyant quelques larmes intérieures...
Les curs font boum à l'unisson.
Habillé comme un prince, content d'être là et souriant, Jeremy Jay exécute quelques pas de danse, chante divinement et alterne entre la guitare électrique et la basse. Avec toujours ce regard à la fois doux et perçant surgissant de temps à autres derrière la mèche blonde... Ses deux acolytes (qui sont différents par rapport au dernier concert clermontois) sont aussi appliqués que doués : la batterie de Sébastien Cazac emporte tout sur son passage, la basse de Derek James entre, quant à elle, joliment dans la danse (lente), et ses synthés remplissent admirablement l'espace. Un sentiment de bonheur mélancolique envahit le Rat Pack, sous le charme des tubes en devenir du musicien originaire d'Olympia, état de Washington. Un endroit qu'on dit aussi brumeux que froid et où la tristesse pop se porte semble-t-il souvent près du corps. Cette douce tristesse apparait en filigrane dans les titres imparables que sont We were there, Breaking the ice, In This Lonely town, Airwalker, Love everlasting et Gallop... Ceux-ci permettent aux curs de faire boum à l'unisson, et c'est cette simultanéité dans les sentiments qui fait tout le charme d'un concert réussi.
Snif snif.
Une heure après avoir commencé à jouer, Jeremy Jay et ses amis lâchent leurs instruments, laissant le public désemparé. On en aurait bien repris pour une heure ! Mais il faut se faire une raison, il est maintenant temps de regagner la Coopérative de Mai pour assister au show (trop) pharaonique de Christophe, le chanteur beau bizarre qui a un succès fou. En partant, on décroche un poster de la tournée Slow dance, pour se souvenir de ce très beau moment. Dehors, il pleut très fort, et le poster finit trempé, comme nos pauvres petits yeux pendant l'écoute des morceaux de Jeremy Jay... Snif snif.
Sites internet : www.myspace.com/ratpackclub (programmation, liens, écoute etc), www.myspace.com/jeremyjay, www.krecs.com, www.youtube.com, www.differ-ant.fr
Critique écrite le 09 mars 2009 par Pierre Andrieu
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