Chronique de Concert
Joe Bonamassa
Au concert de Joe Bonamassa, ce lundi soir, j'ai pris 20 ans de plus. C'est pas tellement à cause de la musique, mais plutôt dû au fait de me retrouver dans une salle entièrement en configuration assise, sans grande possibilité de lever mon popotin pour le bouger, et de l'heure relativement précoce du début du concert. 19H55 exactement. Ça promettait un coucher à l'heure des poules. Mais ça m'a surtout fait rater le début du concert !
Bref, plus je vieillis, moins je supporte d'être obligé de m'asseoir pour écouter de la musique, et du blues rock en particulier, censé être une musique encore un tout petit peu vivante sur laquelle on pourrait avoir éventuellement l'envie saugrenue de remuer. Mais peut-être la position " assise obligatoire " permet-elle de justifier les prix prohibitifs pratiqués pour ce concert ? Comment rentrer dans la musique, se laisser porter, entrer en transe, si je suis scotché à mon siège ?? hein ?? laissez moi au moins le choix !!
Donc, j'étais énervé, et c'est peut-être pour cette raison que j'ai été un peu bougon tout au long du concert. Car je suis bien embêté avec Joe et ses copains. Des musicos hors pair, aux CV remplis comme le compte bancaire de Cahuzac en Suisse (de Sly and the Family Stone à Fleetwood Mac, en passant par Alice Cooper, Billy Idol ou encore Black Country Communion). Une qualité technique époustouflante pour chacun des membres, et du maître de cérémonie en particulier, autorisant toute la troupe à ne faire aucune fausses notes, pain, ou la moindre anicroche à aucun moment. Impressionnant.
Mais paradoxalement, un déficit d'émotion gigantesque ! En tout cas en ce qui me concerne... Si l'émotion était là, je ne l'ai que trop peu perçue. Peut être ne suis je pas sensible à son expression ? Trop propre à mon goût. Trop léché. C'est pas facile l'émotion, à partager. Les morceaux m'ont parfois donné l'impression de prendre le visage de démonstration technique au détriment de leur âme (Oh beautiful ; Slow train, The ballad of john henry). Et pas sur qu'Howling Wolf souscrive à la version Who's been talking... irréprochable mais chiante !
Pourtant les solos ne manquaient pas de finesse, l'énergie était là, les riffs étaient plutôt bien sentis... mais il me semble que, là ou un Jimmy Page pouvait se mettre en danger avec des solos plein de risques à la limite de la rupture, Joe, qui assure comme une bête certes, reste dans des chemins balisés. Difficile de ne pas penser au Zep tout au long du concert, tant les lourds riffs et l'utilisation du théremine tendent à rappeler le dirigeable.
Mais rendons justice tout de même au très beau Song of yesterday de Black Country Communion aux relents du No Quarter des Anglais, ou au Love ain't a love song et son superbe solo porté par une section rythmique hypnotique. Alors je suis chagrin, mais peut être attendais-je plus de Joe Bonamassa, qui finalement s'adresse peut-être en priorité aux fins techniciens de la guitare, aux aspirants guitar heroes, et pas à moi ?
Dommage dommage... mais un concert tout de même fort sympathique !
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Critique écrite le 29 juin 2014 par jorma
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