Chronique de Concert
Johnny Barrel Country Band
C'est à bord d'une goélette des années 30, coincée entre les pierres du fort St Jean et la mer d'huile du vieux port, qu'on embarque pour un sailtrip musical en plein cur des Etats Confédérés. Notre Méditerranée prend les couleurs du Mississipi avant de faire ancrage en plein bayou.
Le vent est frais, la bière ou la soupe réchauffent tant qu'elles peuvent. Deux chiots se disputent l'attention et trébuchent contre les jambes qui tanguent à peine. Entre les mâts des bateaux de plaisance se dresse une lune rousse, flamboyante. Au loin, des notes de musique se perdent dans la sarabande des lueurs liquides. L'ambiance est posée.
Johnny Barrel Country band entre en scène, en figures de proue. Le regard balaye de gauche à droite : violon, drum kit minimaliste avec tom basse et caisse claire, contrebasse, mandoline, lap steel guitar et l'homme orchestre au trio banjo/guitare/harmonica pour un concerto bluegrass et honky tonk à une ou deux voix, prolongées par des churs. Après les avoir vus en acoustique au bar du marché à l'abri des DJs locaux qui fêtaient la musique dans la plus grande cacophonie irrévérencieuse, puis les avoir revus place de Lorette, dans la fumée des grillades de luxe et l'enthousiasme roue libre des petits du quartier, j'étais ravie de les retrouver dans des circonstances toujours aussi atypiques.
Les Johnny Barrel déploient avec brio tout l'attirail folklorique américain, du bluegrass mélodique, cordes en avant, au honky-tonk mal famé en passant par les champs de coton du Delta Blues, ravivant des figures mythiques comme Leadbelly , et ceux avant lui qui ont complainté "In the pines", Hank Williams avec son "I saw the light", brillant bluegrass teinté de gospel ou encore Waylon Jennings , la légende vivante de la country, homme aux mille albums et au nombre de récompenses invraisemblable, entre autres créateur de la BO de Sheriff fais moi peur .
Les grands classiques s'enchainent et se rejouent en rappel : Rocky Town , Mon cur fait mal , hymne mélancolique cajun ou encore Cigarettes and whiskey and wild wild women , ce "Cigarettes, whiskey et p'tites pépées", comme dans la comédie de 1959 starring Annie Cordy et Pierre Mondy themselves, et brillamment francisé par Eddie Constantine en 57.
De temps à autre, une embarcation, une navette, un canot nous frôlent, en partance pour l'horizon. La lune, montée l'air de rien, retrouve sa clarté rassurante. Malgré le contexte carte postale, les petits couacs techniques et les arrêts-buffet entre chaque morceau font retomber un peu l'ambiance. Ce qui ne nous empêche pas d'admirer la cohérence de l'ensemble, la maîtrise musicale et stylistique (mention spéciale pour la batteuse, au top de la classe western swing), l'enthousiasme collectif et contagieux, sans compter l'accent américain impeccable des deux chanteurs au grain de voix whisky dry pour l'un et coffré mélodique pour l'autre.
Mélancolie et mélodie font bon ménage et Johnny Barrel nous restituent brillamment un aperçu du folk américain dans toutes ses volutes, sans jamais sombrer dans le kitsch, et encore moins dans la line-dance. Amen.rnJe me replonge avec bonheur dans mon enfance en pleine Géorgie (l'Etat, pas le pays) avec du Willie Nelson en berceuse. Cette soirée, on aimerait la prolonger, pelotonné dans les voiles de la goélette, mais la perspective de la montée de ponton à trois grammes est suffisamment anxiogène pour que l'on se tienne à carreau et surtout à la cordelette de fortune pour arriver safe & sound jusqu'à nos pénates.
Rendez-vous next time dans un gouffre archéologique au cur des calanques ou autour d'un brasero sur un ballon dirigeable. "It's better to burn out than to fade away"...
bonus video :
Critique écrite le 10 septembre 2017 par odliz
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