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Chronique de Concert

Johnny Hallyday

Johnny Hallyday en concert

Le Dôme à Marseille 5 février 2016

Critique écrite le par


C'est grâce à une invitation de dernière minute (merci Philippe et François) que j'ai pu revoir le grand Johnny Hallyday, 18 ans après la seule fois où j'avais pu constater sa bonne réputation live, dans cette même salle du Dôme. Et tant d'années plus tard, cette dernière était une fois de plus complète. Cependant c'était un sold out où l'on pouvait respirer et bouger dans la fosse, contrairement à certains concerts où seulement lever un bras ou cligner un cil était impossible tellement nous étions serrés (Clapton, Polnareff, Farmer...).

Ce public m'a fait penser à celui d'AC/DC, dans le sens où on retrouvait toutes les générations, du gamin accompagnant ses parents au soixantenaire plus ou moins fringant, en passant par le motard tatoué, la cougar en meute, la jolie trentenaire, ou l'inévitable "c'est ma sortie de l'année alors ne vous mettez pas devant moi pendant que j'ai mon smartphone en l'air". Le tout parsemé de plusieurs tshirts ou chemises à l'effigie de l'idole des jeunes (et beaucoup moins jeunes du coup maintenant !). A noter à ce sujet que le prix du merchandising était plus qu'honnête pour un artiste de ce calibre, une autre marque de respect de Johnny envers ses fans.

Car s'il est de bon ton depuis des décennies de le vilipender, lui cracher dessus ou l'agonir de tous les maux, le bonhomme conserve proportionnellement une fan-base très importante et très fidèle. Pour ma part, je ne peux que le défendre, car malgré ses excès (et encore, c'est un grand mot en comparaison des vrais excès de certains rockers anglo saxons), malgré ses défauts certains et malgré une discographie inégale, le mec il a pas une carrière de presque 60 ans derrière lui pour rien ! C'est juste énorme quand on y pense. Et puis c'est lui qui a popularisé le rock'n roll en France au tout début des 60s, rien que pour ça on peut le remercier. Après je comprend tout à fait qu'on ne l'apprécie pas, mais de là à entendre tant d'insanités, ma foi, ça m'a toujours laissé perplexe... Ça doit être inévitable quand on a une aussi forte popularité... L'essentiel est qu'il poursuive sa route et continue à donner du bonheur aux gens qui l'aiment.

En tous cas, même si je n'ai pas écouté un seul de ses efforts studios depuis plus de 25 ans et son "Cadillac", ça m'a fait très très plaisir de voir qu'en concert il assurait encore et toujours ! Et n'oubliez pas que le gars il a 72 ans ! Certes il sait s'entourer d'un groupe ultra compétent (15 personnes sur scène, dont le gratteux charismatique Yarol Poupaud qui lui volait presque la vedette à certains moments, et un harmoniciste hallucinant durant "Gabrielle" !) et ne saute plus partout ni ne bouge au point de suer à grosses gouttes, mais ça n'enlève rien à sa prestance, son jeu et surtout sa voix. Bien sur elle n'a pas l'éclat de ses trente ans, mais elle reste puissante et conserve toute sa spécificité.

En fait c'est dans la tenue de la puissance, la tenue de la note, qu'il ne peut plus assurer. Cela s'entend sur "L'envie" ou "Le pénitencier" par exemple, et justifie certainement l'absence de tubes comme "Vivre pour le meilleur"... Mais c'est vraiment le seul bémol que j'invoquerai lors de cette prestation plus qu'honorable de 2h15. Et encore, il a fait sauter trois morceaux par rapport à la date parisienne trois jours avant, dont "Ma gueule" et "Je te promet", que j'aurai beaucoup aimé entendre...

Johnny n'oublie pas la mise en scène, avec une énorme tête de mort surplombant la scène, qui s'abaissera une fois les lumières éteintes, et dont il sortira dans un flot de fumée blanche, alors que s'allument deux écrans géants sur les cotés, et qu'un bandeau encadrant le fronton sur le haut et les cotés s'illumine pour faire défiler des images ou des effets lumineux tout du long. Ca reste sobre et classe. Car l'essentiel est bien sur les planches avec un orchestre du tonnerre, et un son limpide, nous entrainant dans le monde du Patron. rnUn monde fait de chansons récentes, avec pas moins de 7 extraits des deux derniers albums (qui passent plutôt bien, ma préférence allant à "Au café de l'avenir" et "Dans la peau de Mike Brown"), des classiques tels ce brulant "Allumer le feu", cet habité "Requiem pour un fou", ce sourdement puissant "L'envie" ou cet inévitable "Toute la musique que j'aime", et des vieilleries qui font plaisir comme ce doux "L'idole des jeunes", cet inattendu et bien beau "J'ai pleuré sur ma guitare", et un "Gabrielle" faisant lever tous les bras du Dôme à la mythique phrase "Mourir d'amour enchainé" !

Mais plus que tout, le monde de Johnny c'est le putain de rock'n roll/rockabilly. Et ça, tous ses détracteurs feraient bien de s'en souvenir et d'assister à un de ses lives pour le comprendre. Car on pourrait penser qu'à son age et sans avoir plus rien à prouver, il se contenterait d'enchainer ses morceaux variétoches (ce qui donnerait déjà une bonne prestation !), mais pas du tout. Loin de là même. Du haut de ses 72 piges il prend un plaisir évident (et un évident plaisir même) à nous balancer les riffs simples et percutants de "Dégage", "O Carole", "La fille de l'été dernier" et "Oh ! Ma jolie Sarah", autant de reprises en francais et d'hommages aux pionniers du rock. Sans oublier les covers "Mystery train" et "Blue suede shoes" pendant la partie du concert où seul les guitares/basse/batterie restent face au public. Un public que j'ai trouvé trop sage et appliqué, soit dit en passant, sans la folie supplémentaire qui aurait fait passer ce live à un stade supérieur.

Voilà pourquoi je ne peux qu'avoir un grand respect pour ce mec qui a vécu le rock'n roll, et continue à le jouer brillamment. Mais à titre plus personnel, je ne peux qu'encore plus l'aimer, vu que j'ai grandi avec ses chansons. Quand je dis grandi, ce n'est pas une image. Car ma mère, qui elle a réellement grandi en même temps que lui, l'aimait tellement que d'aussi loin que je me souvienne j'ai entendu ses tubes. Des compos simples mais entrainantes symbolisant les années Yéyé. Ceci expliquant certainement la vague d'émotion soudaine et inattendue qui m'a submergé à l'entame de "Noir c'est noir", souvenirs lointains d'une enfance heureuse et nostalgie mêlées faisant déborder un trop plein contenu...

Et comme j'adore sa période 80s plus pop, j'ai été saisi d'une belle emotion, toute autre, lors de l'interprétation de "L'envie", mais surtout de "Quelque chose en nous de Tennessee", la sublime compo de Michel Berger, qui reste ma favorite de Johnny finalement. Il y a mis les sentiments qu'il fallait et ça m'a ramené en arrière lors d'une époque bénie. Un "Laura", un "J'oublierai ton nom", un "Mirador", ou un "Le chanteur abandonné" n'aurait pas été de refus pour compléter avec bonheur cette periode de sa carrière qu'il néglige un peu.

Cependant, d'avoir eu un puissant "Que je t'aime", me ramenant à une belle histoire passée, ça le faisait également. Et c'est en relatant tout cela que je me rend compte à quel point ses chansons m'ont accompagné pendant longtemps, et continuent à me séduire avec le temps. Johnny Hallyday reste ce qu'il est en faisant fi de toutes les critiques depuis toutes ces décennies: un putain de rocker assurant encore des putains de concerts en y chantant des putains de chansons dans le respect de ses fans.

"Tous les moments qu'on a rêvés de vivre
Que ça aime, que ça tienne, que ça casse
Respirer chaque minute qu'on respire
Rock' n' roll attitude"


Setlist :
Rester vivant
Ô Carole
Noir c'est noir
Requiem pour un fou
J'ai pleuré sur ma guitare
Au Café de l'Avenir
Oh ! ma jolie Sarah
Quelque chose de Tennessee
Gabrielle
De l'amour
La fille de l'été dernier
Mystery Train
Blue Suede Shoes
L'envie
Higher (interlude)
Fils de personne
Le pénitencier
Mon coeur qui bat
L'Idole des jeunes
Seul
Dans la peau de Mike Brown
Dégage
Que je t'aime
Allumer le feu

Rappel :
La musique que j'aime

Rappel 2:
Te manquer

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