Chronique de Concert
Johnny Star (sosie officiel de Johnny Halliday)
Nous sommes dans l'Aube, en pleine campagne, les routes sont très jolies, de belles courbes entre des champs de céréales. Un décor très apaisant, pas vraiment l'idée que l'on pourrait se faire d'un pays de Johnnys.
Ce soir, c'est la fête à Palis. Tout le monde est descendu dans la rue. Il y a une brocante nocturne, des poulets rôtis, un gros truc gonflable pour les enfants et sur le stade municipal un podium pour accueillir Johnny Star.
"Ils ont vu grand. Va falloir amortir.
-Il faut dire qu'ici, ils ont un sacré comité des fêtes.
-Pensez ! Ils sont deux, un couple."
Johnny Star, le sosie officiel de Johnny Halliday, est, en fait, venu à l'initiative du fan-club Johnny Aube. Et le public est en effet constitué essentiellement de fans du Jojo, reconnaissables à leurs tee-shirts noirs, frappés de la tronche de leur idole ou bien d'aigles ou bien de chiens-loups. Ils doivent être deux cents, docilement regroupés derrière une barrière à cinq mètres de la scène. 200, ce n'est pas rien, mais sur la pelouse d'un stade, ça fait vide.
Annoncé à 21h, le concert ne débute qu'à la tombée de la nuit. Tout d'abord, une dame s'avance sur le podium pour dérouler le CV de Johnny Star. Tenez-vous bien, c'est du lourd.
- Johnny Star est le seul sosie à avoir reçu l'accord officiel du vrai.
- Il a participé à deux Soirées des sosies animées par Jean-Pierre Foucault.
- On l'a vu dans le Bigdil et Crésus de "notre ami" Vincent Lagaff.
- Il a joué au Maillon faible et il a perdu.
- Il a chanté à Bercy pour la clôture du premier concert de glace ( ?)
- Il a figuré dans un épisode de Laverie de famille sur TF1.
- Laurent Ruquier l'a invité dans On a tout essayé.
- Il était dans Podium, le film de Yann Moix avec Benoît Poelvoorde.
Mais tout cela ce n'est rien à côté des cinq jours qui ont précédé ce concert aubois. Pendant cinq nuits notre sosie était avec son idole, son modèle, le boss, l'authentique, 100% Optic 2000, Johnny Halliday. Ensemble, ils ont joué la comédie pour un film dont la sortie est prévu le 5 avril 2006 et qui, en toute simplicité, devrait s'intituler Jean-Philippe. Je n'ai pas bien compris s'il s'agissait d'un travail de doublure ou d'une réelle performance d'acteur, mais je ne doute pas que pour Johnny Star ses jours ont dû s'écouler comme dans un rêve.
Pour beaucoup, Johnny Halliday incarne le rêve rutilant et plein de cuir du rock'n'roll, la version gauloise d'Elvis Presley. Comme chez le King, ses chansons ont peu avoir avec le rock, ses plus grands succès sont des ballades, mais reste toujours ce souci de l'excès, du tape à l'il. Et pour un sosie de Johnny ce n'est pas une mince affaire que de créer l'illusion. Autant pour Charlot, il ne faut pas grand chose : une fausse moustache, un chapeau melon et une canne. Ici, ça démarre fort avec rien moins qu'une Lincoln, une énorme limousine blanche, vitres teintées. Elle remonte le terrain de foot pour s'arrêter entre la scène et les barrières. Johnny Star surgit entre deux gros bras, avec deux femmes dans son sillage. Il salue la foule et grimpe aussitôt sur les planches où il ouvre son récital par L'idole des jeunes.
Je suis un peu déçu. Il n'est pas accompagné par un vrai groupe. Cela lui arrive pourtant. Ce soir, cependant c'est la formule "A la gloire du grand", un spectacle chanté sur bande-son avec ses "sexy girls", deux danseuses-choristes, Agnès et Sandra. Elles chantent juste, c'est bien agréable, cela soulage l'oreille, car honnêtement Johnny Star n'est pas toujours convaincant dans l'interprétation des tubes d'Halliday. On ne peut pas tout avoir, le physique ET la voix.
Et mon démon sadique a eu bien du plaisir à entendre le sosie dérailler et partir dans des vibratos de casseroles. Croquignol plutôt que ridicule. Le spectacle est tout de même à la hauteur des 10 euros demandés à l'entrée du terrain de sport. Né dans la rue, Gabrielle, Quelque chose de Tennessee, Ma jolie Sarah, Diego libre dans sa tête, Le bon vieux temps du rock'n'roll, Que je t'aime, Le pénitencier, Ma gueule, Laura, Marie, Vivre pour le meilleur, la plupart des tubes, et des costumes sont passés en revue. Une certaine Alexandra intervient même sur trois ou quatre titres pour interpréter des duos -Je te promets, Requiem pour un fou- avec une voix proche de celle de Lara Fabian.
"On veut du psycho-billy !", "white power !", Johnny Star ne draine pas que des intellectuels, mais dans l'ensemble l'ambiance est chaleureuse. Un gamin, Valentin, est monté sur scène pour faire la bise au sosie. C'est son anniversaire. Il a ainsi droit à un "Joyeux anniversaire Valentin" de la part du Johnny qui conclura son concert avec cette phrase poignante : "Pas étonnant que le boss il vous aime, quand on voit un public comme ça, on comprend".
Les échanges d'amabilité vont ensuite se prolonger autour de la table de merchandising du sosie. Calendriers, photos, affiches, casquettes, tee-shirts, et même des disques, l'éventail est impressionnant. Pour un sosie. Mais même un sosie a soif de reconnaissance, et d'un peu d'argent.
Critique écrite le 14 août 2005 par Bertrand Lasseguette
> Réponse le 07 mai 2009, par Elisa Simon
Pas du tout d'accord avec cette critique. Johnny STAR reste le meilleur sosie de Johnny tant vocalement que physiquement, il chante en live, soigne sa présentation avec des costumes identiques à ceux de la star qu'il représente et qu'il admire. D'ailleurs, il est le seul a avoir été réellement reconnu par Johnny Hallyday et il a effectivement été sa doublure sur le film Jean-Philippe. Mais on voit bien que vous n'appréciez guère les fans de Johnny à la façon dont vous les décrivez. Réagir
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