Accueil Chronique de concert Johnny Winter + Warren Haynes
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Chronique de Concert

Johnny Winter + Warren Haynes

Johnny Winter + Warren Haynes en concert

L'Olympia, Paris 8 juillet 2011

Critique écrite le par




Johnny Winter, dans l'ombre de sa guitare


L'Olympia, une salle qui respecte les artistes et leur public. C'est dans ce cadre de proximité que l'on a pu assister ce vendredi 8 juillet à un concert émouvant d'une légende du blues, Johnny Winter. De la proximité, il en fallait pour cet accidenté de la vie, un bluesman pour qui la musique n'a pas suffit pour rejeter son mal être. En versant dans des paradis artificiels, Johnny Winter a tutoyé le génie, un monde meilleur. Il est aujourd'hui stigmatisé par la rudesse de l'héroïne et ne semble plus s'exprimer que par sa guitare.

Le son de son Erlewine Lazer (24 cases) est intact. Sa guitare est au combien étonnante de part son style, sa facture et le son prodigieux qu'un si petit morceau de bois (et quelques micros) peut produire. Il la fait raisonner comme une cloche ; s'il jouait unpluged, cela pourrait être du banjo. Tout est dans l'attaque et dans les cordes. Le son nasal de sa voix et son accent texan qui lui font gober les mots et les paroles sont inimitables. Seul l'homme caché sous son chapeau et tapi dans l'ombre d'une scène sous lumière violacée est méconnaissable.

A-t-il les 85 ans de BB-King ? Non, il est né en 1944. Il est juste passé par la décennie 1965-1975. C'est impressionnant de voir comme Johnny Winter est diminué. Il semble perclus de rhumatismes ; aussi fragile qu'un homme de cristal. Quand il va s'assoir à sa place, au milieu de ses musiciens, il est comme transparent. Il ne s'exprime qu'à partir du moment où il saisit le manche de son Erlewine.



Il faut un tour de chauffe pour que la magie fasse son effet, pour que les sons se calent entre un Johnny Winter peut être parfois trop absent et des musiciens de qualité et plein de bienveillance pour l'artiste. Mais une fois que tout est là, le show commence vraiment et ses standards (She likes to boogie real low, Got my mojo working...) ou les reprises rock (Johnny be good) sonnent de nouveau comme à la belle époque. Johnny Winter nous fera même le plaisir de jouer debout, debout face à son public et debout face à la vie.

La musique conserve, pour Johnny Winter, sur scène en tout cas, c'est toujours le moyen de vivre à 100 à l'heure, de défier ce corps qui lui fait défaut, d'aller chercher l'adrénaline qu'il pouvait trouver ailleurs. Immobile, soutenu par son chapeau texan et sa guitare, ses doigts au contraire font preuve d'une étonnante vitalité. Des doigts fins, agiles et acérés comme des griffes ; son médiator de pouce et ses ongles pointus attaquent les cordes de la Lazer. Pourtant assez proche de l'artiste, je ne verrai rien d'autre. Un chapeau, une silhouette et des mains effilées.

Le blues lui colle à la peau, cette musique faite pour exprimer son spleen. Les années rock, sexe and drug ne sont pas loin non plus. Il en garde le son d'une guitare avec certaines pointes de saturation, des solos qui montent rapidement dans les aigus, parfois très proches des débuts du hard rock de Deep Purple ou du blues revisité de Jimi Hendrix. Lui aussi aurait pu être une icône du rock, lui aussi aurait pu mal finir.

Johnny Winter était ce soir à l'Olympia pour le plaisir de ses fans et pour partager une fois de plus sa passion du blues et de la guitare. Comme les grands, à la fin du concert, il demande à Warren Haynes de sortir des coulisses et de taper un boeuf avec lui. Warren Haynes, qui produira en seconde partie un show d'une très grande qualité, joue à coté de Johnny Winter avec respect. Il avouera par la suite que lorsqu'il a commencé la guitare, ses modèles étaient Johnny Winter et Eric Clapton... Ce qui me reste en tête après le concert ? Ces formidables morceaux joués en slide.


Le groupe :
Johnny Winter, guitare, chant
Paul Nelson, guitare
Scott Spray, basse
Vito Liuzzi, batterie

Set list :

1. Hideaway
2. Sugar coated love
3. She likes to boogie real low
4. Good morning little schoolgirl
5. Got my mojo working
6. Johnny B. Goode
7. Blackjack
8. Tore down
9. Lone wolf
10. Don't take advantage on me
11. Bony Moronie
12 It's all over now
13. Dust my boom
14. Highway 61 revisited

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