Chronique de Concert
Jon Spencer And The Hitmakers + Boring Girl
Boring Girls
C'est donc aux sympathiques Boring Girls, groupe garage montpelliérain que revient l'insigne honneur d'ouvrir pour la légende Spencer. Et force est de constater que ce choix fut cohérent tant l'approche de ce groupe pouvait se rapprocher de l'esprit de son aîné, et même encore plus des Hitmakers avec l'apport de cet orgue qui apporte un décalage avec le tout-venant de la scène punk. Jeunes, portés par une chanteuse parfois bien énervée et des chansons aux paroles parfois gentiment débiles (ce qui contrairement à ce que l'on pourrait penser est plutôt un compliment venant de moi), Boring Girls (dont les albums assez sympathiques sont disponibles sur les plate-forme musicales) ne révolutionne rien, ne donne pas envie d'envahir la Pologne, mais fit carrément le job sans avoir à rougir face au patron, Jon Spencer.
Jon Spencer And The Hitmakers
C'est donc assez tôt que Jon Spencer And The Hitmakers fit son entrée sur scène (après avoir lui-même mis en place son coin et ses effets), une scène assez grande, mais sur laquelle les quatre musiciens se sont regroupés sur un espace minuscule, et dans une salle correctement remplie mais assez loin du guichet fermé. Que dire sur ce concert de Jon Spencer qui n'a pas déjà été dit ? Pas grand chose en fait tant ce dernier déroule comme à chaque fois un show hyper pêchu, sans pause, dans lequel l'ordre et les titres des chansons compte moins que la l'énergie dégagée. Spencer lui-même est toujours une bête de scène, feulant, hurlant, genouflexant et transpirant au bout d'une chanson comme Pierre Ménès quand il a monté chez lui les trois marches qui mènent à sa cuisine. Sur ce dernier point, on pourrait lui conseiller de se vêtir un peu moins pour moins transpirer. Mais Jon n'est pas du genre à débarquer en t-shirt sur scène, il ne se départit jamais de cette espèce d'élégance un peu toxique de créature des ténèbres (en vrai il a une veste en jean et une chemise noire, mais sur lui ça fait classe).
Mais il n'est pas le seul à faire le show, le reste du groupe prend également sa part de lumière. On peut citer Sam Coomes dont l'orgue est probablement possédé par un être probablement démoniaque. Il y a aussi Bob Bert aux percussions, qui ne tape pas sur des bambous, qui n'est pas numéro un, mais qui maltraite des pièces de bagnole avec des marteaux. Et enfin on peut parler du batteur, Mike Sord, colonne vertébrale rythmique de ce groupe de malades mentaux avec son taulier. Cette équipe de choc déroule un rock and roll old school qui régale un public averti et heureux pendant une bonne heure et demie. Un public heureux, mais néanmoins assez calme, qui danse sans pogoter. Peut-être le poids des ans. Les spectateurs au fil des concerts prenant tranquillement de l'âge en même temps que leur idole (c'est quand même bien fait cette histoire).
Et donc un petit quart d'heure après que le groupe ait quitté la scène, la sécurité vint nous mettre dehors à 23h avec un goût de trop peu. Pas musicalement, tant la formule proposée par Spencer et son équipe est en mesure de rassasier n'importe quel fan de rock adepte de concert énervé. Mais bon, samedi soir, 23h, on est chaud après le concert, on va quand même pas rentrer comme ça sans s'en jeter une dernière non ? Et c'est là que le choc fut violent. En effet, pendant que nous étions tel Doctor Who dans son Tardis, transportés hors du temps et de l'espace, quelque part dans les 70s ou les 90s, entre le New-York du CBGB et le Détroit Stoogien, la jeunesse Montpelliéraine ne nous avait pas attendu pour fêter comme il se doit son Barathon. C'est donc dans un bar blindax de gamins déguisés en Bjorn Borg (visiblement c'était la kitsch édition) chantant sur de Jul que nous avons fini la soirée. Et que, tel les frères Coen, nous nous sommes dit : non, ce pays n'est plus pour le vieil homme. No country for old men...
Critique écrite le 27 novembre 2022 par Fred Boyer
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