Chronique de Concert
Joseph Arthur
" Guest Who's Coming To Dinner... ".
(" Je hais les premières parties : c'est court, c'est gauche, c'est souvent décalé de l'affiche ! "/Vox Populi : 12/08).
Suite à une entrée en matière un poil gauche : un homme lesté de grands segments, de bouts d'humain devenus soudainement trop longs, trop lourds, démesurés pour lui - à l'image de cette salle, de ce challenge qui l'attend, à relever désormais - Vacancy tente de se frayer un acoustique chemin jusqu'aux premiers rangs. Dans la foulée, Turn You On surgit à son tour, sans impact véritable sur la " matière Chapman " alentour, et ce, jusqu'à ce que Echo Park ne fige (définitivement ?) les sens de tout un chacun...
Je le regarde d'un peu plus près : c'est une sorte de pré-ado voûté, armé de sa guitare, pour unique protection, pour seul réconfort ; comme un recoin de placard sombre, mais chaud, doux, accueillant... Face au froid accueil qui s'avance. Un public qui le lorgne à peine de la prunelle - nanti d'une rare condescendance, d'un voile bas, lourd, et opaque - qui observe, qui attends, qui se tait, qui ne consent a sortir qu'un rare instant de sa torpeur, pour taper mollement de la phalange, au bout du bout d'un Temporary People , neutre, dénué de passion.
Une prestation - ni vraiment bonne, ni mauvaise - effectuée en forme de fin, de chemin de croix, (in)également partagée entre la légitime envie d'en finir au plus vite (tous débuts) et l'envie d'aller jusqu'au bout, quoi qu'il arrive, sans se renier ni tronquer aucunement ses chansons et leur structure, leur portée, leur légitimité...
Un show interrompu pourtant, l'espace d'un court échange, aidé du laconique (mais non dénué de grinçant) " Hello ! Je m'appelle Joseph Arthur, je suis là pour vous aider à tuer le temps jusqu'à l'arrivée de Tracy Chapman. Je vous remercie de bien vouloir m'écouter... ". Ceci étant dit, il se permet alors d'enchaîner sur une des plus belles chansons jamais pondue par ses neurones de concours à ce jour : Mercedes . Un classique interprété d'un chapelet de cordes élastiques à souhait, entre mélodie sans cesse revisitée et envolées plus que chiadées : tenues sur un fil, en équilibre fragile, jusqu'au bout, sans ciller ou se soucier de l'environnement spectateur ambiant : plus proches, EUX, de la catatonie, que du respect véritable alloué logiquement aux musiciens de talent.
Tandis que le génie underground explore sa matière première, le commun des lambdas - placé à quelques mètres de là ! - lutte, LUI, avec les Émoticones, un brushing revêche, une poignée de pop-corn gras du paquet, ou un siège brinqueballant. Visiblement marqué par les concerts précédents et le manque de communication initialement entamé avec le public de " la " Chapman : c'est un Joseph hésitant, fragile, qui s'attaque tout d'abord maladroitement aux accords élastiques de Birthday Card , avant que de se reprendre soudainement et de densifier sa version d'une voix en rupture, pleine, rauque, voisinant avec les rivages du grave, d'un grain de nouveau enivrant.
Las, au lieu de capitaliser logiquement sur cette dernière (première ?) avancée, notre homme en souffrance, se contente d'enchaîner sur une petite douceur d'apparence anodine ( Could We Survive ) que ma voisine de dos, à droite, se permet de comparer à, " on dirait du Cabrel, un peu... ", avant que de se remettre illico à ausculter la salle, les évolutions des multiples courants d'air frais qui y règnent en maîtres... Plus accaparée par l'urgence de cette nouvelle tâche, que par les appels au partage et à l'empathie lancés face à elle - sur une scène spartiate, sous un coin de sunlight en poursuite unique - elle se met dès lors à doucement fredonner " Talkin About A Revolution... ", juste pour se permettre ainsi de mieux gérer les délicats tourments nés de l'attente.
Une douce mélopée interrompue enfin, le temps d'un morne " Je n'ai plus le temps que pour une seule chansons, alors... ". Alors, voici Faith qui pointe désormais ses accords : tout en puissance, quasiment éructée (sur la fin) en une pose très christique : un homme en lutte contre les éléments ; un syndicaliste amarré à sa barricade ou le " Che " à son béret : hurlant sa " foi " au visage d'un public " quadra-quinca-pop-corn-textos-bijoux-de-soirée-sous-robe " peu concentré de l'esgourde, plus en attente que même... Poli !
Ainsi, dès le dernier accord gratté, pendant que le chanteur blessé rapatrie ses lourds abattis vers les mornes coulisses du lieu : rallumage immédiat et en règle des lumières, puis installation fébrile du " Chapman matériel " à venir, tandis que reprend l'incessant ballet des ouvreuses : allumées, surexcitées façon " ruche ", plaçant de nouveau les gens à tours de mollets, comme si leur vie entière en dépendait...
Joseph Arthur au Dôme (en première partie de Tracy Chapman) : le 4/12 dernier !
A lire également, une interview de Joseph Arthur réalisée le jour du concert à Marseille...
Sites internet : www.myspace.com/josepharthur, www.josepharthur.com.
Critique écrite le 22 décembre 2008 par Jacques 2 Chabannes
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