Chronique de Concert
Juan Atkins, Kevin Saunderson, Derick May
Cette soirée au Cabaret Aléatoire donc va permettre aux plus jeunes de juger sur pied ce que les plus anciens, présents nombreux ce soir, ont vécu il y a plus d'une vingtaine d'année : un électrochoc.
Car au sortir d'une période disco décadente et fusiller par un mouvement souvent revenir à des valeurs presque totalitaires (non je ne fais pas référence aux élections de la semaine dernière), Juan Atkins, Kevin Saunderson et Derrick May ont posés les bases d'un mouvement musical qui a ravagé la planète entière 30 ans après.
Que les rappeurs actuels, les pseudo stars du show-business musical US, et jusqu'à la majorité des groupes de pop actuelle s'amusent à renier l'influence de ces 3 jeunes blacks issus des ghettos de Détroit, ville ouvrière en proie à sa plus grande crise industrielle, sur la musique moderne, les fait sont là.
Qu'on aime où qu'on la déteste, la musique électronique a envahie progressivement votre espace dans les films, la pub, les festivals de musique même grand public,...
Il suffirait de vous recommander d'écouter entre autre le Good Life d'Inner City produit par Saunderson en 1992, 4 fois disque d'or, pour se rendre compte de l'avance de ces pionners... Trop facile !
Ecoutez les titres Clear ou Techno City (Techno, nous y voilà) de Juan Atkins produit en 1983. Si vous ne les connaissez pas, vous allez comprendre la leçon.
Mais bref, trop de blabla, je m'égare,
La soirée démarre avec Jack de Marseille,mais quel artiste local dehors de lui pouvait lancer la soirée ?
Une bonne mise en bouche (mais comment pouvait-il en être autrement avec un des pionners du DJing français et largement reconnu par ses pères ?) en attendant Kevin Saunderson.
Justement Kevin Saunderson, première légende en lice, aborde un set mélangeant house, deep-house et techno aux sonorités très modernes.
Utilisant un mac et probablement sur DJM 900 avec vinyles encodés, Kevin Saunderson démontre que l'on peut être de l'ancienne école et s'adapter aux techniques actuelles. Pourtant tout est là, les synthés, les rythmiques, seules les sonorités des boites à rythmes ont évolué et c'est génial. Alors que Madonna cartonnais avec un guitariste de génie, venu de la disco et du groupe Chic, Nile Rogers, et imposait un standard qui allait fonctionner durant une décennie (et même plus à voir le succès du dernier Daft Punk !), il est flagrant que eux plaçait les bases d'une musique qui s'épanouirait 30 ans plus tard.
C'est encore plus flagrant avec le maître, Juan Atkins, lui, le vrai père fondateur de la tendance techno, avec un son plus sec, parfois plus minimaliste, mais surtout avec plus de BPM... Cette musique jugée pour dingue, dénoué de toute rythmique et aux sonorités ultra répétitives, parfois même jugée trop dure, passe aujourd'hui comme une lettre à la poste. Comme pour Kevin Saunderson, les machines vintages comme probablement les TR707 ou 808, sont biens présentent, il faut dire que lui les utilisent en live.
Les BPM montent et on a même droit à des sons acides. On s'éclate sans réserve tout en constatant l'avance que pouvait avoir Juan Atkins sur son temps. Cet homme qui pilote ses machines comme on pilote un char est un pur visionnaire. Certes, lui aussi a modernisé les sonorités, mais sa musique moins "housy" a mieux traversé le temps et son approche musicale semble intemporel.
On finit avec Derick May, pour un set incroyable, plus électro tech et minimal parfois que ses compères, histoire de démontrer que leur influence se situe bien sur un changement de paradigme majeur.
Le temps de rappeler aussi que si les éclairages, au demeurant superbes mais véritable casse-tête pour un photographe (mais ce fût visiblement le souhait des artistes préférant une ambiance limite claustrophobe tellement appropriée à ce genre musical), le soundsystème du Cabaret Aléatoire a largement été au niveau de l'évènement.
Pour conclure aussi que ce fut une soirée incroyable et faut-il vous conseiller d'aller voir ces 3 en concerts ? La probabilité de les revoir dans une même soirée est mince et me rappelle combien cette soirée fut exceptionnelle...
Critique écrite le 15 décembre 2015 par Marcing13
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