Chronique de Concert
Kaki King
Poste à Galène - Marseille 27 septembre 2011
Critique écrite le 06 octobre 2011 par Jacques 2 Chabannes
(Impair et manche !)
(Appel à Témoin Anonyme)
Dernièrement, "on" m'a reproché vertement (via mail) d'en faire "trop", des "tonnes", de "beurrer les tartines" à foison, et de "digresser pas mal", aussi... Aussi ! (Durant mes chroniques). En gros, j'en ferais "trop", trop "long", et trop "fouillé", en plus ; il serait donc plus que temps de me borner à décrire le sujet, juste, en lieu et place du sujet à décrire... En gros ! Comme je ne suis pas du genre à changer pour inonder mes chroniques de détails sur ma "vraie" vie personnelle de tous les jours (personnages réels et ennuyeux, inclus !) pas plus à envoyer un vague format "carte postale" barré de mots d'argot et expressions à la mode, j'ai donc logiquement changé mon fusil d'épaule, comme suit...
20 h (au bord du bar, bien en place, fidèle au POSTE !) :
Elle a beau rouler exclusivement au Perrier, cette brune au talent "dénudé" de jupe courte, elle bute néanmoins sans cesse sur le nom de l'artiste du soir - comme le ferait un frelon obtus sur une vitre humide de chaleur Aoûtienne du Var, ou du Lubéron - et l'amoche ainsi sans trembler ou (paraître) regretter. "Kako kiné", "Kakou Kline" et "Kak ô Kine", seront ainsi jetés pêle-mêle en une brassée de secondes, à peine, sans que le gars musculeux du regard qui l'accompagne, ne daigne vouloir la "reprendre", ou infirmer l'info atrophiée de bouche pulpeuse. Au bout du compte, l'important, c'est qu'elle finisse par s'"ouvrir" en fin de soirée, à défaut de la "fermer" au début, au risque d'enchaîner les conneries et lieux communs qui fissurent gaiement le plexus : "J''sais pas comment elle fait pour jouer de la guitare assis, "Kako Kline", moi, y faut qu'je bouge tout le temps, moi. Alors, rester assise comme ça pendant des heures sur un tabouret... Sans bouger ? Ça, non, j'ai besoin de bouger, moi, tout le temps, de m'éclater ! C'est çà la musique, quand ça bouge, pas vrai ? J'pourrais bouger toute la nuit... Moi ! Pas toi ?" (Et le malheureux d'acquiescer et même de renchérir de banal, sous peine de devoir perdre de vue ce qu'il rêve de déshabiller nuitamment par la suite...).
21h (calme plat, public en attente tranquille...) :
C'est l'heure du début du show, mais, rien ne se passe (notre amie "fille", mis à part, qui s'émerveille de nouveau à (très) haute voix : "Putain tout c'qu'y Z'ont comme bières ici ! J'savais même pas qu'y en avait autant... Putain ! Si "Cricri" était-là, y bougerait pas du bar : rien à foutre du concert de "Kaki Kin" (dommage, elle y était presque, cette fois...) il leur tomberait la réserve de mousse avant d'monter sur scène pour jouer du AC/DC à la guitare... Putain !" (Le tout suivi d'un rire si gras, qu'il semble coller au corps de son "garde du sien", pour l'ensemble de la soirée !).
21 h 40 (plein des avis "vides" et des rires, plus loin, ainsi que des interrogations concernant l'artiste du soir... Aussi !) :
Elle entre, la kaki, nous soupèse vite du regard sous mèche, s'assied sur sa chaise, empoigne sa guitare, puis lâche instantanément ses mains à l'abordage de l'instrument de bois : quelque chose qui me semble très proche de certaines impros d'Ani Difranco, avec une belle attaque des phalanges, en sus.
21 h 45 (la foule se déhanche, se dresse sur ses pointes, tire de hauteur sur son cou...) :
Kaki demande aux gens de "petite taille" de se "positionner devant !". Une demande, un rien discriminatoire - du genre : "éloignez vite les grandes asperges de ma vue, ou je fais un malheur !" (Elle est toute petite, "elle"!) - qui me heurte un peu, avant que je ne réalise le pourquoi du comment de sa demande : vu la taille de la chaise sur laquelle elle repose, je ne vois que nibe, alors que je n'émarge pourtant pas au registre des nains de Donjon.
Après un morceau véritablement impressionnant de maîtrise technique - et deux mains pleines de doigts qui courent et s'activent : 20, au bas mot ! - elle hèle l'ingénieur du son de la voix et du geste : afin que celui-ci ne rééquilibre un son de gratte "pourri ! Pas votre faute vraiment, ok, mais... L'universelle du son de merde sur la route, quoi ! Je sais, rien à faire pour que cela change vraiment... Je sais !".
21 h 50 (on entend un peu mieux les cordes graves résonner "à vide" : si importantes, lorsque l'on joue en permanence en "open", comme elle) :
C'est un véritable fantasme masculin, que d'imaginer les petites mains équipées de doigts de la Kaki se balader partout, partout, partout sur votre corps complice...
21 h 53 :
On m'avait sans cesse répété - lors des pénibles cours de guitare de mon adolescence - que c'était bien plus "impressionnant", lorsque l'on voyait à peine les doigts de la main gauche bouger, se déplacer et lustrer du manche à gogo - à l'inverse des musicos de Hard Rock des 80's et 90's, en gros, qui se faisaient lustrer le manche en faisant plein des effets de gogos, eux ! - quoique, avec "elle", "ça" va très vite, aussi, en plus... Aussi ! Sur Bone Chaos in The Castle ça atteint même une vitesse de croisière stupéfiante, jusqu'à vous donner envie de raccrocher votre "6 cordes" au clou et à jamais, rien moins.
22 h (l'heure de la fameuse "bascule" vocale...) :
Quand elle "chante", ses mains paraissent plus calmes, plus détendues : quelques courtes poussées de fièvre "digitales", exceptées, qui vous replongent illico dans le doute (elles) ou l'addiction...
Une chanson moignonne comme tout, soit, mais qui ne la différencie en rien des kyrielles de chanteuses "US indé gentillettes au spleen acoustique automnal post adolescent" qui sillonnent les salles et scènes depuis plus de 25 années (de type : Shannon Wright, Kristin Hersh, Alela Diane, Mariee Sioux, et nombreuses autres consurs dépressives de la plume...).
22 h 5 (pupilles de nouveau "présentes", sur attention décuplée en "interne"... ) :
Elle vient de la griffer au corps, sa gratte... Carrément ! Tandis que sa main gauche (elle) attaque la gamme à revers : poignet posé sur la tranche du manche... Carrément ! L'espace scénique tout entier est désormais emplis de notes pliées, tirées, griffées, grattées, pincées ou triturées, puis saupoudrées d'une poignée d'harmoniques célestes, pour finir, et couronner le tout.
22 h 15 (on aperçoit enfin ses yeux sous mèche) :
Apparemment exaspérée, elle s'appesantit sur LA relation unique qui semble lier le citoyen Français lambda d'avec ses chaussures, la fixation que celui-ci semble opérer sur cet accessoire de mode pédestre : nous recommandant aussitôt de plutôt employer le même soin à nettoyer au quotidien derrière nos chiens, afin que les rues de notre ville soient de nouveau "présentables", "accessibles" : "bienvenue à Marseille !" (Lui lance gaillardement une partie de mon être qui ne ce sera jamais vraiment habitué à cet état de fait, à cette saleté environnante qui contribue à une fréquentation touristique anémique et qui renforce encore une réputation "sulfureuse" amplement méritée d'historiques écarts...).
22 h 25 (je viens de perdre mon stylo et le cherche en maugréant au milieu d'une forêt de jambes et pieds odorifères, récemment souillés de ville...) :
Elle oscille sans cesse entre corps et manche - pas de mauvaises pensées, SVP ! - enfin, le rythme au corps et le manche étoilé de pleins des notes ! Ses mains sont des serres, prolongées d'ongles longs et courbés qui fondent sur les cordes, s'y accrochent, puis tirent le tout vers le haut à vitesse supersonique avant de disparaître dans le ciel avant que l'on n'ait eu le temps de respirer, juste...
22 h 30 :
Quand elle s'obstine à CHANTER : le charme opère plus difficilement. Un je ne sais quoi de "déjà entendu des milliers de fois" qui soporifique des paupières, tandis qu'à l'étage, bien coincée en bordure du "bocal à fumée vitré", notre brune du début a renoncé à épeler convenablement le nom de notre jeune Américaine (voire, même, à se souvenir de sa présence en contrebas) pour se borner à fumer, rire d'éclats et parler à grand renfort de gestes, bien assise sur son séant désormais aux trois-quarts dénudé d'activité sur canapé... Vu d'en bas !
22 h 33 :
En ce qui concerne Kaki King, donner une impression d'ensemble ne me semble pas suffisant, non. Nous devrions plutôt lui décerner DEUX notes : l'"artistique", et la "TECHNIQUE" ; tout en sachant très bien que la "technique" sera haute, "salée", impressionnante, intouchable, tandis que l'artistique, elle, oscillera sans cesse d'un extrême à l'autre, d'un plein à un creux, d'une envie à... L'ennui ?
22 h 40 (la tension retombe. La brune du dessus lisse son petit bout de tissu "jupe", manque de se péter la cuisse galbée en descendant les escaliers, puis se prépare à aller évacuer sa tension ailleurs, jusqu'au bout de la nuit, au bras de son fidèle "organe" mâle, tout à coup apaisé de promesses cutanées...) :
Notre virtuose attrape une petite guitare acoustique "12 cordes", façon Mandoline - qui nous ramène illico presto vers les rivages embrumés de fumée et sueur des virtuoses des années 70 : époque Jimmy Page ou Bert Jansch (ou Lindsay Buckingham, plus récemment !) mais se contente de frayer vers les rivages "neutres" et folkloriques Gaéliques empesés (Ballad of The Beaconsfield Miners).
Quand elle parle de ses chiens ou de ceux de ses géniteurs, par contre, je m'ennuie ferme ! Plus encore, lorsqu'elle se remet à chanter d'un filet de voix quasi infantile : une petite bluette inodore, qui me ramène vers certaines soirées étudiantes passée en Cité "U" ou subies sur la plage, avec une jeune Anglo-Saxonne un rien bourrée qui s'accroche désespérément à sa guitare et à son livre de poèmes "pondus mains"... Et ne peut m'empêcher de réprimer un profond bâillement...Never Said I Loved You !
Je laisserais le mot de ma fin à une amie de longue date, qui, crise actuelle, aidant, est désormais obligée de faire des "passes" pour arrondir ses fins de mois ou parfois juste arriver à (sur)vivre, juste : "Une heure et demie passée à regarder un manche fixement... Et tu voudrais aussi qu'on y prenne du plaisir, en plus !??". Je me dois néanmoins d'avouer que "oui !", j'en ai pris ici par instants. Ici, ce soir, oui. Par instants, seulement...
Critique écrite le 06 octobre 2011 par Jacques 2 Chabannes
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