Chronique de Concert
Kasabian
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 30 janvier 2005
Critique écrite le 31 janvier 2005 par Pierre Andrieu
Kasabian live ? Une montée en puissance rock et groovy d'une heure pile.
Quand il s'agit de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, ils sont forts ces musiciens anglais ! Prenons le cas du groupe anglais Kasabian : ils viennent à peine de sortir leur premier album qu'ils se lancent déjà avec un aplomb tout britannique dans des déclarations douteuses comme : "Les gens sont dépourvus de personnalité, ils sont lugubres. C'est le règne de l'ennui car il n'y a ni âme, ni rythme et plus personne ne semble se faire plaisir. Nous prenons notre musique au sérieux, mais on a aussi le souci de s'éclater avec. Le rock anglais a besoin d'un bon coup de pied au cul ; l'Angleterre a besoin d'un nouveau groupe qui insuffle un peu de vie à la population. Personne ne fait ça en ce moment. Alors, Kasabian va s'en charger. Nous sommes en 2004 et nous allons sonner le réveil de la musique britannique." Non mais de qui se moque-t-on ? Les Ecossais de Franz Ferdinand (qui ne tournent jamais en Angleterre, bien sûr... ), ils font une musique qui provoque la morosité peut-être ? Pour éviter de déclencher inopportunément une nouvelle guerre France/Angleterre, nous mettrons ça sur le compte de la jeunesse et nous jugerons sur pièces : le concert de Kasabian à la Coopérative de Mai. Récit...
20 heures 03 pétantes, après une intro enregistrée intitulée Pinch Roller (nous rappelant avec horreur les claviers incontinents et datés d'un certain Jean-Michel Jarre), les quatre membres de Kasabian font leur entrée sur la scène du club - très bien rempli - de la Coopé, suivi peu après par la vedette du jour : le chanteur Tom Meighan. On s'attend à un départ en trombe avec force basse, guitare et boucles électro percutantes. Et bien c'est raté, les deux premiers morceaux (ID et Cutt off) sont mollassons et anecdotiques ; si ce sont ces titres écrits paresseusement qui sont appelés à révolutionner la musique, il y a du souci à se faire ! On remarque principalement un détail qui tue : en grands professionnels, les Anglais ont réussi à nous concocter le pire son de batterie hard FM/Phil Collins entendu depuis une éternité... En 2005, il faut le faire, avouez-le !
Mais, mis à part un flagrant problème de songwriting et de batterie, on remarque quand même que ces cinq gamins savent jouer et ont la bonne attitude (ainsi que les bonnes coupes de cheveux)... Les deux front men, le guitariste chanteur Sergio Pizzorno et le chanteur Tom Meighan, ont des voix puissantes dont les accents délicieusement arrogants évoquent Bobby Gillespie et Liam Gallagher. En fait, en parfaits stratèges, les cinq membres de Kasabian ont préparé une superbe montée en puissance rock et groovy (avec quelques légères baisses de régime : Butcher blues sonnant en effet comme du Oasis sans inspiration) se concluant par un feu d'artifice de tubes électro rock très Madchester. Dès le troisième morceau, on commence en effet à taper du pied sans le vouloir. Au quatrième, on remue la tête. Au cinquième, on tente un déhanchement... Et puis après, on ne se sent plus (comme le reste du public d'ailleurs) ; on est happé par un tourbillon électro dance rock psyché dont le point d'orgue sera l'enchaînement de la mort L.S.F. (Lost Souls Forever) / Ovary Stripe / Club foot (en final jouissif, avec un riff de basse saturé copyright Mani-aque). Après Ovary Stripe (une jam session droguée à la Stone Roses), pendant le très réussi Club foot, on pense très fort à Primal Scream et à ses hymnes/invitations à la débauche sonico dansante (et plus si affinités). Sans aucun rappel, mais après un salut convivial du combo - visiblement reconnaissant pour l'accueil chaleureux -, les lumières se rallument... Il est 21 heures 03.
A défaut de changer la face du monde de la musique 2005 (pour cela il faudra attendre le prochain album, sait-on jamais ?), Kasabian a réussi - grâce à un savant soundwriting - à composer une poignée de tubes. A force de jam sessions effrénées en répète, le groupe de Leicester a (re)trouvé la formule magique : voix arrogantes + churs entraînants + guitares assourdissantes + basse imparable + batterie énorme + clap clap enregistrés + claviers psyché + boucles électroniques excitantes + déluge d'effets spatiaux = la recette du pétage de plombs sur le dance floor. Après un petit remontant dans les loges, les stars de la soirée reviennent en "civil" dans la salle pour accorder une longue séance de dédicaces, autographes et autres photos à une cohorte de représentantes de la gent féminine visiblement émoustillées par leur démonstration de force. Putain, ils sont forts ces Anglais !
Critique écrite le 31 janvier 2005 par Pierre Andrieu
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