Chronique de Concert
Katerine (+ Tante Hortense)
A quel degré ce public (un peu plus bobo/branchouille que d'habitude dans cette salle) perçoit-il l'univers du poète en sous-pull rose ? Se sent-il délicieusement flatté d'être "trop VIP" ? Ce type qui coupe le son et le remet leur évoque-t-il des soirées hyper-géniales trop top à Ibiza (ou à la Pointe Rouge) ? Ventilo aurait-t-il chaudement recommandé de venir s'encanailler dans cette salle méconnue du 15 arrondissement ? Ou ce public aime-t-il la provocation (assez consensuelle) de ce type qui nous emmerde, nous entretient volontiers de ces problèmes éjaculatoires et de la relation qu'il entretient avec ses poils ?
Dernière hypothèse, la plus improbable : le public est-il venu retrouver le rock sauvage, foutraque et noisy des Little Rabbits tel qu'on l'avait laissé sur l'explosive B.O. d'Atomik Circus ? Car si les Little Rabbits ont officiellement arrêté leur collaboration de 15 ans en octobre 2005 pour de nouveaux projets, le premier est bien d'être le backing band du "dandy lunaire", pour reprendre l'expression consacrée, et lui donner un son plus rock que sur le très horripilant -et très bon- album Robots Après Tout. La réponse se trouvera peut-être dans la salle, on verra bien à quoi le public réagit ! Pour ma part je confesse un peu de tout ça (à part Ventilo) : ce type m'énerve, m'amuse, me fait danser, m'agace, m'intrigue... impossible de ne pas y être.
J'arrive pendant le concert de Tante Hortense, groupe gentiment décalé de chanson. on y reconnait Tof de Homosuperior / Carnasse / Cockring / Opossum... (tu te rends compte, ce type a joué avec Anaïïïïïïs ?!). C'est assez mélodique, ça ne semble cependant pas tout à fait mûr, la voix rappelle vaguement Dominique A, c'est agréable mais pas passionnant. Quoi qu'il en soit et après une queue historique au bar, voici qu'arrive Katerine, chemise rose et pantalon vert olive, fleur dans les cheveux, un vrai Deschien comme d'ailleurs les autres membres du groupe, tous habillés comme des Wampas ...
Etres humains est enchaîné en medley avec Excuse moi (réglons ce problème d'éjaculation dans les cheveux tout de suite, ce sera fait), puis Qu'est-ce qu'il a dit... Tout ça n'est pas encore très excitant, c'est un peu dur d'y rentrer à froid. Heureusement le Train de 19 h est donné dans une version rock un peu psychopathe. Le premier moment de plaisir, curieusement, est 78-2008 qui prend une vraie dimension atmosphérique sur scène, ça sonne un peu comme du Air.
Mais nous voilà déjà à l'irrésistible sur album 100 % VIP, que je trouve hélas moins funky en version rock qu'avec ce son cheap et mortel de boite à rythme/boucle de guitare sur album... C'est presque décevant ! Quand à 20.04.2005 qui raconte la rencontre entre PK et une femme politique qui monte, elle est assez effrayante et pousse bien en live ! Je suis quand même ulcéré d'entendre répéter à plaisir le nom de cette fille-à-papa (un peu comme tous ces slogans anti-FN qui finissent presque par sonner publicitaires à force ...). Moi aussi je l'ai croisée un jour sans faire exprès, la radasse, elle m'a même dit bonjour (horreur, putain mais tu le crois ça ?!), c'était Place Castellane, à peu près un an avant Katerine, où j'étais justement venu manifester - contre elle...
On revient à du plus calme avec Après moi, sympathique même si à ce stade je comprends ce qui m'énerve depuis un moment : les gens rient trop à chaque blague, ça sonne faux. Rien de tel qu'un Mathias Malzieu qui avec son public très nature fait un bide pour deux blagues, tandis que Philippe Katerine est teeeeeeeellement drôle et spirituel qu'on se maaaaarre à chaque fois, on dirait des rires pré-enregistrés ... Mais tout ça me direz-vous, c'est du Patati Patata : il est bien obligé de hurler pour se faire entendre puisque tout son groupe se met à parler en même temps. Ensuite viennent 2 chansons que je ne connais pas, une un peu trip hop, une très rock noisy (le public semble un peu désarçonné à part quelques personnes qui semblent enfin s'éclater, des rockeurs perdus sans doute ?).
Katerine présente ensuite son groupe, vendéens assumés et revendiqués, tout à son service, avant d'envoyer celle que tout le monde attend : Louxor J'adore, qui est bien sympa voire enthousiasmante (même si là aussi le côte son bricolé de l'album manque un peu). De toutes façons quoi qu'on penses de ses orchestrations, c'est avec une candeur sincère que Katerine nous déclame Je vous Emmerde, voilà qui règle le problème. La chanson sonne très funky, c'est agréable, moins cependant que Borderline qui sonne ici tout à fait punk-rock (un moment de pur plaisir régressif, avouons-le). C'est déjà la fin de la première partie, serait-il réellement un branleur à tous les sens du terme ?
Non, finalement il revient vite (et longtemps) avec trois rappels en tout. Le Jardin botanique qu'il interprète seule à la guitare, est une agréable balade bossa, curieusement sans aucune grossièretés. Puis le groupe revient costumé en joyeuse secte pour nous donner Numéros, très mélancolique, avant de revenir à la potacherie avec un Mort à la Poésie de bon aloi. Rendez-vous est pris le 7 avril 2009 pour voire Philippe nu sur le Pont Neuf, chiche. Une chanson drôle sur un poulet de batterie mort et les voilà repartis.
Et revenus aussitôt pour honorer l'insubmersible Jeannie Longo. Le chanteur fume une clope en entier (à capella) en faisant plein de blagues avant que le groupe enchaîne avec un morceau noisy incompréhensible et long (le public attend patiemment la fin de ce passage énigmatique) qui se finit de façon pétaradante. Là ça paraît vraiment fini - pis c'est pas tout ça faut qu'on rentre à Aix - les impatients partent bêtement comme toujours.
Et ratent le dernier retour, Katerine torse nu avec un boa rose, qui interprète la nauséeuse Titanic a capella avant d'en profiter pour une rapide conférence sur la masturbation et le caca (je confesse avoir ri de bon coeur à l'expression "caressez vos étrons, ce sont vos enfants !"). Revoilà heureusement tout son groupe habillé des désormais célèbres perruques blondes, sous-pull roses et slips verts. Ils nous refont le coup du Louxor et c'est carrément bon, on sent le Moulin vaciller sur ses bases, la salle entière lève les bras et communie sans retenue. Objectif finalement atteint, donc : il peut enfin nous regarder danser !
En conclusion, l'excentrique Katerine garde un part de son mystère. Sans doute trop provoc ou pas assez, il a cependant son univers et c'est à souligner, son look de vieille tante précieuse est assez attachant. Je pense cependant qu'un slam dans le public au Louxor final ferait bien l'affaire pour compléter le personnage, qui se présente comme outrageusement sexuel mais limite ses contacts a quelques tapes dans les mains du premier rang... Ca aurait plus de gueule quoi !
Par ailleurs je l'ai imaginé un moment seul avec un synthétruc à envoyer ses sons et je me demande si ce ne serait pas presque aussi bien, au moins pour les chansons les plus régressives qui sont paradoxalement desservies par un son trop élaboré en live. Cela étant, sur un concert certes inégal, on a passé quelques excellents moments en sa compagnie, qu'il en soit donc remercié !
Photos Pirlouiiiit qui a passé un agreable moment mais gardera peut etre un meilleur souvenir du concert au Poste a Galene
Critique écrite le 14 mai 2006 par Philippe
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