Chronique de Concert
Keith Richards
Live at the Appollo
Non, non il ne s'agit pas d'une chronique du célèbre album live de James Brown datant de 1962, qu'on aime énormément d'ailleurs, mais le récit d'une soirée imprévue dans le fameux théâtre mythique. Votre chroniqueur était en goguette à New York, l'espace de quelques jours, et à peine atterri sur le tarmac de JFK et en mode hyper connecté comme souvent, se rend compte via le Facebook de Keith Richards que ce dernier participe à une soirée en soutien à Merry Clayton à l'Apollo Theater, le lendemain.
Trop beau pour être vrai, je regarde si il reste des places : oui seulement celles à 75$, ce qui m'arrange beaucoup (elles sont mises en vente entre 1500 et 75$ : c'est un gala de charité). Je valide les tickets et c'est donc en mode surexcité que j'entame mon séjour à New York City. Dès le lendemain donc, expédition vers la 125ème rue, en plein Harlem, je vais chercher mes précieux sésames au guichet du temple de la soul. L'Apollo Theater est Le lieu dédié au jazz, à la soul et au rhythm and blues qui a vu passé nombre incalculables de légendes : Aretha Franklin, Sam Cooke, Michael Jackson, Quincy Jones, Stan Getz... La soirée est, entre autres, un hommage à Merry Clayton ou plutôt une levée de fonds car Merry a subi un accident de voiture en 2014 à Los Angeles et elle a malheureusement dû se faire amputer de ses deux jambes. Le système de soins étant ce qu'il est au pays de l'oncle Sam, la prise en charge de ses soins médicaux n'est pas assurée. Et c'est donc pour l'aider que la soirée a été organisée.
Merry Clayton, pour ceux qui ne la connaissent pas, est la choriste qui chante sur "Gimme Shelter" des Rolling Stones. Elle a également sorti plusieurs albums solos. Si vous ne l'avez pas encore vu, je vous invite à regarder l'excellent documentaire oscarisé "Twenty feet from Stardom" de Morgan Neville sorti en 2013, qui raconte le quotidien et le destin de plusieurs choristes de renom : Lisa Fisher, Tâta Véga, Merry clayton...
Rassuré d'avoir en main les précieux tickets, nous allons boire un verre dans un bistrot pas loin de la salle. A peine installé derrière le comptoir, je remarque que la tête de ma voisine de bistrot me dit quelque chose. L'impression de la reconnaître, en effet il s'agit de Cindy Michelle (choriste de Steely Dan et de Bruce Springsteen sur les tournées Seeger Sessions et Wrecking Ball), de l'autre côté du zinc, c'est le guitariste de Keith Richards qui se désaltère. C est très anecdotique comme remarque mais pour moi c'est un peu mon rêve américain qui commence.
On entre dans la salle, très classieuse : velours rouge et ambiance ouatée. Ayant en possession les tickets les moins chers nous nous retrouvons logiquement à l'étage mais la salle est d'une capacité raisonnable (1 750 places selon Wikipedia) et de là où nous sommes placés, nous avons une vue tout à fait correcte sur la scène. La soirée était divisée en trois parties :
- un Tribute à Julian Blond ;
- un hommage à Sonny Rollins (85 balais au compteur et présent ce soir là);
- l'hommage à Merry Clayton.
Pour les deux premières parties, on a eu droit beaucoup de moments très émouvants : des gospels, des thèmes de jazz joués par des pointures si j'en crois l'enthousiasme de mes voisins, ma culture jazz étant faiblarde. Beaucoup de personnalités sont venues animer la soirée : Thelonous Monk Junior, Danny Glover (monsieur Arme Fatale). J'avoue ne pas connaître grand monde dans les musiciens qui sont venus jouer à part Donald Fagen de Steely Dan et Keb'Mo. Sonny rollins est venu recevoir un prix. Voilà ambiance très sympa pendant toute la soirée, on en a pris plein les yeux et les oreilles pendant ces quelques heures. Et même si la qualité des intervenants était haut de gamme, on bouillait d'impatience de voir le Keef en action.
La dernière partie démarre enfin par un extrait du film de Morgan Neville. Une nana vient vocaliser sur un titres des Beatles et enfin le rideau se baisse pour laisser se préparer Keith Richards et les X pensive Winos. La pression monte. Enfin le rideau se lève. Et Keith entame "Gimme Shelter", évident hommage de circonstance. Ce n'est pas super carré mais on s'en fout. Keith est là devant nous, prends ses poses. Bernard Fowler (choriste des Rolling Stones depuis 1985) chante le premier couplet de la chanson, Keith assure la suite. Lisa Fisher arrive pour chanter sa partie, la puissance de sa voix résonne dans toute la salle. On est tétanisé de bonheur. Le morceau se finit, on ne sait pas encore si on aura droit à un deuxième titre.
Keith ne fait pas durer le suspens longtemps et entame "Happy". Sans surprise mais jubilatoire. Encore une fois le groupe joue un peu brouillon mais on imagine qu'ils n'ont pas répété plus que ça pour ce concert. Keith a été invité de dernière minute. Mais quelle joie pour votre chroniqueur d'assister à ce moment dans des conditions pareilles. On se mets à rêver d'une tournée des X pensive Winos dans des salles de cette taille dans la foulée de l'excellent dernier album de Keith.
Mais cela restera du domaine du rêve, les Rolling Stones ayant comme projet d'enregistrer un nouvel album et il y a une tournée sud américaine qui a l'air de se profiler pour le premier semestre 2016, ce qui est une excellente nouvelle part ailleurs. Évidemment que tout est passé trop vite. Deux titres ce n'est pas grand chose mais Keith était en voix, un plaisir évident à jouer et il a rendu un petit frenchy heureux ce soir là. Première soirée new-yorkaise réussie, sortie du théâtre, on retrouve l'ambiance magique d'Harlem des étoiles pleins les yeux.
Le dernier album solo de Keith Richards, "Crosseyed Heart", est en écoute là : www.keithrichards.com/crosseyedheart
Chronique initialement postée sur le site gconcertcesoir.com, www.facebook.com/Gconcertcesoir, twitter.com/Gconcertcesoir...
Critique écrite le 23 novembre 2015 par Xavier Averlant
Envoyer un message à Xavier Averlant
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Xavier Averlant
The Rolling Stones : les dernières chroniques concerts
The Rolling Stones (Sixty Tour Europe 2022) par Electric Eye
Hippodrome de Longchamp, Paris, le 23/07/2022
Il faut s'y faire : c'est la fin pour les Rolling Stones. On aimerait bien en reprendre pour soixante ans, mais comme le décès de Charlie Watts l'an dernier nous l'a... La suite
The Rolling Stones (Sixty Tour Europe 2022) par Gaspard DR
Groupama Stadium, Lyon , le 19/07/2022
Je vais pas vous refaire l'histoire. En vrai, je la maitrise pas. J'ai 17 ans, j'ai vu les Rolling Stones et j'oublierai pas. Retour sur mon premier, et peut-être dernier, show des... La suite
The Rolling Stones & Nothing but Thieves (Sixty Tour Europe 2022) par Jérôme Justine
Groupama Stadium, Lyon, le 19/07/2022
C'est bon, ils peuvent s'arrêter, et moi, mourir serein, bon dans quelques décennies hein ! Je les ai enfin vus, après 25 ans d'essais infructueux sous prétextes de... La suite
Expo The Rolling Stones - Unzipped (Conférence de presse) par Fred Boyer
Orange Vélodrome, Marseille, le 15/04/2021
Le dernier concert marseillais des Rolling Stones (chroniques et photos en bas de cette page... ) s'était terminé par un énigmatique message sur les écrans géants : à bientôt.... La suite