Chronique de Concert
Keny Arkana + Naïas (soirée de soutien à CQFD)
Pour quelqu'un d'autre j'aurais pu laisser tomber, pas envie de sortir ce soir-là. Mais pour la petite Keny Arkana, artiste admirablement intègre et rappeuse pétaradante qu'on soutient ici depuis ses débuts pour ce qu'elle fait, et ce qu'elle représente, et surtout pour une soirée de soutien des vaillants journalistes de CQFD, j'ai pris sur moi pour y aller. De même pour la chronique, que personne n'a apparemment décidé de faire : une belle soirée dans un Espace Julien absolument blindé, vaut bien un compte-rendu, même une semaine après !
Par contre pour Naïas je passerai rapidement : ça sonne c'est vrai, ils sont probablement doués et pros mais dans un style qui ne me parle pas, que je suis même en peine de définir. World pop arabisante ? En tout cas ils chauffent bien la salle quand on arrive (après en avoir manqué la plus grande partie), et c'est tout ce qu'on leur demandait. Ca a bien la pêche, quoi. Comme on ne comprend pas dans quelle langue sont les chansons malgré l'air très inspiré du chanteur, on papote entre collègues en attendant la suite...
Pour Keny Arkana, je comprends rapidement que j'ai quelques petits soucis : j'ai raté au moins un, voire deux albums. Et vu la rapidité de sa diction et la richesse de ses textes, c'est mieux de les connaître un peu avant de la voir les vociférer sur scène - même s'il reste l'énergie, bien sûr. Autre petit problème, je me rends compte que certaines de ses révoltes (pas toutes, hein) commencent à être datées, pour faire simple : tout ce qui concerne l'époque Sarkozy. Elle a d'ailleurs enlevé certains textes de l'époque que j'aimais mais qui ne feraient plus autant mouche aujourd'hui (Nettoyage au Karcher, Désobéissance Civile...).
Personnellement je ne peux pas être aussi révolté contre un gentil qui tire mollement les choses dans le bon sens depuis 2012 (en tout cas qui fait beaucoup moins de choses choquantes), que contre un méchant qui les tirait violemment dans le mauvais sens de 2007 à 2012. Mis à part à propos du Ministre de l'Intérieur qui fait à peu près la même chose (et donne moult bonnes raisons de révolte à notre pasionaria locale)... Pour ma part je vais encore toujours aux Cercles de Silence quand je peux, ils sont trois fois moins fournis qu'avant et j'y suis souvent à peu près le plus jeune : on peut pas dire que la défense des sans-papiers fasse recette en 2013 !
Autre partie de sa révolte, le côté altermondialiste / indignés : elle y croit sincèrement mais le fait est que ça n'a pas pris en France, encore moins à Marseille où je revois encore les pauvres troupes qui tentaient de se réunir à la fontaine des Danaïdes. Une amie dans la salle, très engagée, note avec dépit qu'il y avait pas grand monde aux réunions organisées il y a quelques mois ou années sur le sujet, par rapport à tous ceux qui braillent joyeusement le refrain d' Indignados. Et enfin, certaines de ses chansons gagneraient à être un peu resserrées, celles qu'on a appelé entre nous "de développement personnel" (fais ci, fais pas ça) : bon, c'est un sujet qui la touche et ça sert sans doute à des jeunes qui l'écoutent...
Quant à sa chanson J'me barre, qui raconte sa fuite du foyer où elle avait été placée, ça doit bien faire 15 ans que ça lui est arrivé : même si elle est toute petite (en taille) elle commence à être un peu vieille pour la chanter... Mais enfin cette chanson a sûrement aidé beaucoup de jeunes désorientés, et en aide peut-être encore, alors elle a sans doute encore son utilité ! Bref avec Keny Arkana on touche au coeur du problème de la musique engagée : c'est souvent un détonateur nécessaire, mais ça peut vite être daté et enfin, ça ne peut pas exister que par soi-même et pour soi-même - or les gens, et ceux de son public y compris, sont quand même pour la plupart des mollusques qui acceptent presque tout au quotidien, du moment qu'ils peuvent se payer le dernier smartphone et de l'essence pour leur bagnole, ou leur scooter...
Une fois ces quelques réserves "de vieux con" exposées, on peut parler (bonne) musique : Une rappeuse qui tourne avec un vrai groupe guitare basse batterie, c'est quand même un bonheur au niveau du son ! On s'accommode de son DJ adipeux et pas très fin, ni des doigts ni du micro (il fait une longue digression pas terrible à un moment donné), parce que par ailleurs c'est très rock quand même. La qualité de son groupe participe sans doute à l'ambiance qui est instantanément très bonne, et agitée, sur son Syndrome de l'exclue (titres approximatifs !). Des fillettes surexcitées de joie de voir, sans doute leur premier grand concert, ont mis une grosse ambiance dans notre coin de la salle.
Plusieurs très bons morceaux à mon goût, ponctuent le concert, particulièrement la très actuelle Capitale de la Rupture qui envoie Euromed couler par le fond (hyper rythmée et enragée, un vrai pied en live !), Indignados et Peur de la Liberté aussi fonctionnent bien à l'énergie, tandis que quelques chansons calmes et souvent touchantes font des pauses bienvenues (Pachamama, 5e soleil qui ont aussi une dimension écolo qui me parle très fort). Et puis bien sûr, il y a les chansons noires comme La Mère des Enfants Perdus, qui gardent leur force perturbante intacte depuis qu'on écoute la petite...
Au rappel, elle commence par la jolie Tout tourne autour du soleil (une de ses chansons "développement perso" justement, mais quand même une vraie performance de sortir tout ce texte sans personne pour donner la réplique !), avant d'enchaîner, déchaînée comme la salle qu'elle a proprement retournée à cette occasion, avec La Rage du Peuple, son tube absolu en profitant pour se jeter dans le public à plusieurs reprises. Mission accomplie pour un concert carré et motivé à domicile : la petite assure toujours le steak ! Et accessoirement elle a attiré sur son nom assez de monde pour faire salle comble, ce dont les gens de CQFD avaient sans doute bien besoin.
Même si sa première partie ultra-courte (30 minutes !) mais du coup ultra-punchy et pertinente, avant Manu Chao au Dome il y a quelques années, reste mon meilleur souvenir d'elle en live, Eurockéennes y compris... A la prochaine, miss ?
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et une petite de Naïas là
Critique écrite le 04 juin 2013 par Philippe
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> Réponse le 05 juin 2013, par Pirlouiiiit
Morceau de chronique puisque entre temps Philippe en a pondu une ... rnLevé à 3h55, grosse journée de boulot à Bordeaux, retour de Marignane à 19h30, à peine le temps de passer me changer chez moi et prendre mon appareil que me voilà devant l'Espace Julien. Beaucoup de monde devant ... le concert affiche bien evidemment complet. Tant mieux pour le journal (basé à Marseille et/mais de portée nationale) C.Q.F.D. au profit duquel est donné ce concert. C'est Naïas qui ouvre la soirée devant un public venu en grande majorité pour Keny. Il n'aura cependant aucun mal à capter l'attention d'autant qu'il met tout le monde dans l'ambiance en commencant par les Bienvenus, très beau morceau pour lequel ils viennent de sortir un non moins joli clip. Si les Mathieu Goust (Batterie), Noël... La suite | Réagir
> Réponse le 07 juin 2013, par Philippe
Never explain, never complain ? J'en suis pas toujours capable... Une fois n'est pas coutume, une "auto-réaction" : cette chronique s'est fait descendre en flamme dans des "salons privés" de facebook (dont personne, et notamment "BlS" ou "FB", n'est venu s'exprimer ici, hélas). Principal motif d'indignation : le paragraphe un peu lapidaire sur Naïas. J'y ai clairement dit que j'avais raté presque tout et que je n'avais pas écouté grand chose. Donc c'est vrai, il n'apportait donc pas grand-chose en soi MAIS c'est quand même important de faire part de la présence du groupe, par rapport à concertandco (référencement, historique des dates du groupe, placement d'une photo souvenir...). Et en plus Pirlouiiiit les a très bien chroniqués, lui, en réaction. Plusieurs années après, croyez-en... La suite | Réagir
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