Chronique de Concert
Kid Francescoli
Ce soir donc, concert gratuit donné devant 200 copains au POste pour fêter cette nouvelle naissance. Et comme je ne fais pas parti des 200 amis de Matthieu Hocine, le chanteur du groupe, je les découvre pour la première fois.
Ahh, la pop, les guirlandes 6 cordes, les arrangements subtils, les petits bruits bizarres ici et là, ah, la nostalgie camarade de nos années passées dans les jupes si rassurante de maman... C'est vrai quoi, qui voudrait grandir dans ce monde ?
J'étais déjà pas dans un état enthousiasmant, pile poil à l'exacte opposé de la majorité de la bruyante assistante, mais avec le Kid qui me serine des petites mélodies chamalow, putain, je suis rapidement tombé dans la mélancolie. Au premier morceau, je remonte de 10 ans en arrière, avec l'impression d'écouter Lush, l'un de ces nombreux groupes anglais qui, au début des années 90, mixait tout sur la même ligne. La voix était ainsi noyé comme un instrument au même niveau que la guitare et les synthés en nappe.
Je n'arrive pas à apprécier les paroles en anglais de Matthieu, tant son chant se veut discret et ses amis dans la salle un rien gonflant. Peut être pas envie d'avoir autant de copains comme ça, finalement.
Par la suite, les 4, 5 morceaux se construisent comme une variation subtil autour de cette matrice pop qui se situe à l'opposé de la ligne claire que pourrait incarner Belle et Sébastian, par exemple.
Et puis vient Villa Borghese au milieu du set (je connais le titre parce qu'il était écrit en gros sur la line up et que, pour une fois, j'étais devant...). Là, on change de registre. Ennio MOrricone, la Toscane, un morceau instrumental de toute beauté qui donne vraiment des frissons. Allez, le Kid, c'est par là qu'il faut creuser.
Dernière clé de ce concert, la reprise de Golden Years de Eno. Merde, elle est là la matrice de ce groupe, bien que ce morceau soit déjà plus rock que leur production (c'est dire). Et oui, bien sûr, mon cher Kid, je comprends mieux maintenant les petits films qui passent derrière chacune des chansons. Tout ça vient de plus loin que Lush, superman des années 50, les émissions américaines des années 60, des vieilles photos, tout un imaginaire d'avant... ma naissance...
Ouais, c'est vraiment plus ancien que la nostalgie, là, c'est carrément pré-utérin... Durant le dernier morceau, j'ai envie d'entendre les whites stripes, juste en contrepoint, histoire de ne pas tomber dans une baignoire de guimauve déprimante... Allez, le Kid, sort du ventre de maman, y a de la lumière et aussi de l'électricité et aussi du stress et plein de choses chiantes, mais ouais, c'est la vie quoi... On peut pas toujours vivre dans une bulle de souvenirs.
Alors, d'accord pour ce premier album tout en légèreté pop, toutes ces petites trouvailles, ces gouailles juvéniles, ces petites jupes avec un joli cordon qui dépasse. Franchement dans le genre, t'es plutôt doué le Kid... Mais je sais, grandir, c'est vraiment pas la chose la plus sympa à vivre... Allez, on se retrouve à ton adolescence ?
Je les regarde attentivement, les 4 popeux. C'est marrant, ils ressemblent physiquement à leur musique : jeune, doux, un peu naïfs, souriants...
Photos Pirlouiiiit
Critique écrite le 28 octobre 2006 par stéphane Sarpaux
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