Chronique de Concert
King Gizzard and the Lizard Wizard
Si on devait effectuer un test ADN sur la musique de King Gizzard and the Lizard Wizard, on trouverait forcément des cellules souches de Violent Femmes, King Crimson, Iron Maiden ou encore Jethro Tull. On peut alors légitimement se demander si ces influences si disparates peuvent cohabiter et générer autre chose qu'un monstre informe et inaudible ? La réponse est affirmative ! Un titre à la flûte traversière peut ainsi succéder à un riff qui aurait toute sa place au Hellfest puis être suivi d'un morceau très oriental, mais il est impératif de savoir le faire magistralement. Qui peut encore se permettre de mélanger autant de références sans perdre son auditoire progressivement : c'est définitivement la force et le talent de King Gizzard and the Lizard Wizard !
Auteurs d'innombrables albums en quelques années (5 ont été publiés rien qu'en 2017), les Australiens savent également occuper la scène. Il semble loin le temps où ils se produisaient à la Flèche d'or début 2016. C'est en effet en lettres rouges que s'affiche désormais le très long patronyme du gang australien et face à un parterre très fourni. Pendant 1 heure 30, les auteurs de "People-Vultures", et son clip drôlissime, offriront au public un show énorme. Les deux batteurs en combinaison rouge livrent un travail de pachydermes, paradoxalement le bassiste ne bouge pas d'un centimètre à la gauche du drummer à double kit et le 3ème guitariste reste très en retrait. Le spectacle est assuré par Ambrose Kenny Smith, un rejeton de Bez (Happy Mondays) et Joel Gion (Brian Jonestown Massacre) aux maracas, tambourin, claviers et choeurs. Joey Walker, guitare, chant et so 80's, semble revenir d'un jogging avec Jane Fonda. Il donnera la réplique au frontman incontournable du gang, Stu Mackenzie. Ce dernier, looké tel un surfeur, agitant sa tignasse bouclé et sa 6 cordes tel un forcené, n'aurait pas dépareillé au sein de Flotsam & Jetsam. Il a choisi une toute autre voie en tirant le meilleur du passé pour proposer la bande-son d'un film cosmique ahurissant et entêtant.
Quel que soit le style musical abordé, on les accompagne, on est captivé et on n'est jamais rassasié ! Les bières et les corps s'élèvent durant 90 minutes de pur plaisir où les 17 titres joués avec fulgurance et plaisir nous laissent avec un sentiment de plénitude sonore et visuelle. Ces nouvelles références du rock ne rempliront jamais de stades mais sauront toujours trouver un auditoire passionné indifférent aux effets de mode. Et c'est cela qui est fondamental.
A lire, une Interview avec Stu Mackenzie du groupe King Gizzard & The Lizard Wizard à l'occasion de la sortie de l'album Flying Microtonal Banana...
Photos : Jérôme Simon
Critique écrite le 16 octobre 2019 par Samuel C
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