Chronique de Concert
Koonda Holaa + Steve Mackay + Brian Wolff + Chantal Morte
En tant que média, on reçoit chaque jour toutes sortes de communiqué de presse. De temps en temps, on se fait harceler car un artiste culte passe dans le coin, et même si on en a jamais entendu parler, voire au contraire si on a trouvé catastrophique son come-back, l'attaché de presse ne nous lâche pas tant que l'on n'aura pas compris la porté historique de la chose. Et parfois on reçoit le programme d'une salle et parmi les diverses dates on lit le nom de Steve MacKay. Là notre cœur arrête de battre, on halète. Car même si son nom n'a jamais été sur le devant de la scène, il s'agit rien de moins du saxophoniste qui a enregistré et tourné (encore actuellement) avec The Stooges et des Violent Femmes, soit deux groupes majeurs de l'histoire du rock... C'est à l'Enthropy que ça se passe, une salle qui privilégie le boulot (3 à 5 concerts par semaine..) aux effets de manche. Les marseillais ne manqueront pas le rendez-vous, la salle est chargée ras-la-gueule, refusant même du monde. Et tous les présents vont vivre une putain de soirée, confirmant que la vraie vie musicale se tient bien dans tous ses petits lieux, ignorés voire méprisés, que l'effervescence qui s'y tient est inversement proportionnelle aux subventions qu'ils reçoivent...
Brian Wolff débute le programme. Il débarque avec un tuba bardé de scotch et quelques micros, des machines. Je redoute le truc expérimental inaudible, tellement free que ça me hérisse le poil. Ben absolument pas. C'est barré certes, mais le gars délivre une espèce de cold wave à la New Order des plus excitante. Avec un tuba ? Ben ouais. En fait l'instrument subit saturation et bidouillage de la art des machines, ce qui conjugue le son organique du cuivre à la froideur cold-wave des machines. Il chante parfois dans son embout, la voix déformée, grave, renforce l'impression robotique. La salle est totalement dedans, ça danse esquiché comme des sardines, mais le bonheur est total. Quel pied ! Et la soirée ne fait que commencer...
Les claques continuent avec Chantal Morte. Duo banjo/machine/percus métalliques bizarre (ouaip, je sais, c'est pas précis), ils m'ont littéralement scotché. La base est un espèce de blues obsessionnel (du côté de Sixteen Horsepower) mais mutant, avec distorsions, machines cold wave. La voix est envoûtante, lente, elle psalmodie presque, se répète dans des boucles hypnotique. On assiste à une espèce de transe basée sur la lenteur et la répétition (voix, banjo, percu). Ça m'évoque Clan Edison, mais en plus sombre, car bien moins électrifié. Pas d'orage ici mais plutôt une chape pesante et obsessionnelle. Deuxième groupe, deuxième gifle. Raah, c'est bon.
Pendant tout ce temps Steve MacKay se ballade dans al salle et discute avec tout le monde. On est bien loin du comportement de pseudo-stars arrogante, le mec du saxo de Fun House (putain, rah, putain), cette légende vivante, est un mec cool ! Il monte sur scène pour le troisième round avec Koonda Holaa un dreadeux barbu, tout droit sorti du désert californien et qui a joué avec Lydia Lunch et les Residents (rien que ça). Guitare et voix gutturale, il part sur un blues psyché du meilleur effet, avec des envolées au sax. MacKay ne se mets absolument pas en avant, et aura un putain de sourire toute la soirée. La ferveur dans la salle est inouïe, le bonheur est contagieux. On est partagé entre ambiance mystique, le toucher et la voix de Koonda Holaa sont envoûtante, et une envie de danser enthousiaste. Ils seront vite rejoint par Brian Wolf et Chantal Morte et on assiste alors à un boeuf jubilatoire. Entre expérimentations psyché, sens d'un blues groovy et transe collective. Un moment rare pour une soirée tout bonnement extraordinaire.
Brian Wolff : www.wolffandtuba.com
Chantal Morte : www.myspace.com/chantalmorte
Koonda Holaa : www.myspace.com/koondaholaakamilsky
Steve MacKay : www.myspace.com/saxmanmackay
Critique écrite le 11 décembre 2010 par Mystic Punk Pinguin
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