Chronique de Concert
Kunamaka + La Reine Mab + Kitch + Koala Milk + Lockfist
La Coopérative de Mai - Clermont-Ferrand 20 décembre 2001
Critique écrite le 21 décembre 2001 par Pierre Andrieu
Lockfist démarre la soirée et, dès le premier morceau, je commence à regarder la porte de sortie avec envie. Ce n'est pas de leur faute : j'aime pas la batterie, la guitare est trop lourde, je ne parle même pas de la basse, le chant est constitué de 99,9 % de cris de bête assez éprouvants. Leur Hardcore metal cantalien me laisse froid, c'est comme ça ! Pourquoi tant de violence ? Aimez-vous les uns les autres, jouez de la guitare sèche, chantez "Noël, joyeux Noël, bon baiser de Fort de France" de la Compagnie Créole autour d'un feu de camp, mettez des fleurs dans vos cheveux, allez à San Francisco... Même le morceau de Grindcore, un genre assez drôle, ne me fait pas bouger un orteil. Pourtant, j'avais bien aimé (enfin, pendant un quart d'heure, soit 30 morceaux), le groupe Vomit For Breakfast au Chaudron, il y a deux ans. Leurs morceaux de 20 secondes joués à une vitesse supersonique étaient hilarants. Mais que vois-je ? Non ? Si ! Les membres du conseil régional des jeunes avec leurs belles chemises bien repassées et leurs beaux t-shirts "Auvergne" pogotent comme des fous, ils se jettent les uns sur les autres, c'est de la folie ! Heu, non, je déconne...
Les deux premiers morceaux du groupe Kitch sont assez réussis : une sorte de noisy rock bien envoyé. Les deux guitaristes, le batteur et le chanteur, assez jeunes, sont convaincants. Et puis, patatra, voilàtipas qu'ils nous infligent deux slows de hard rock pour les filles (c'est eux qui le disent). C'est mielleux, mou, insipide, en un mot, chiant comme la mort. Oui, il y a quatre mots. Kitch, je vous demande de vous arrêter ! Le chanteur, qui a sans doute fêté un peu tôt la victoire, est assez énervant dans sa gestuelle. Il veut faire le type déjanté, mais il n'y va pas à fond, il emmerde seulement les deux guitaristes en les caressant et en les embrassant. Ils rejouent un morceau noisy puis c'est reparti pour la mollesse. Leur concert laisse une impression mitigée. Il faut arrêter les titres lents, sinon vous allez au devant de graves déconvenues !
Le groupe Kunamaka a été égal à lui-même : très bon. Même quand on commence à connaître leurs morceaux, on est surpris par ces changements incessants de styles, de rythmes, de registre vocal. C'est un véritable festival. Le chanteur raconte toujours n'importe quoi, n'importe comment, à n'importe quel moment : bravo !
Le bassiste est branché sur je ne sais quel courant, il se contorsionne pour sortir des notes bizarres de son instrument de travail. C'est marrant à regarder, et à entendre. Tom Reck, qui a l'intégrale des Bee Gees en vinyl à la maison, (ça le repose entre un petit Husker Du et un petit Fugazi) me signale que le groupe vient de nous faire une reprise des inénarrables auteurs de "Staying alive".
Bonne reprise : fort heureusement, on ne reconnaît pas le morceau original ! S'ils pouvaient en vendre autant que les castrats casse-couilles américains, le monde serait bien fait ! Hélas... Vivement un concert de Kunamaka en tête d'affiche car, une demi-heure, c'est un peu court pour ce type de groupe.
Koala Milk m'a laissé de marbre avec son rock français pas très original. Le peu de paroles qu'on arrive à saisir ne donne pas envie de lire le livret du CD. Ne soyons pas méchants : ils sont encore jeunes, c'est pêchu, ils y croient, les gens ont l'air d'aimer... A signaler, un infect son de clavier FM que Peter Frampton aurait aimé, s'il n'était pas sourd. Quelques titres peuvent provoquer des pogos en concert, si on a envie. Sinon, on peut rester assis. Voilà...
La Reine Mab a fermé le bal en beauté, ce groupe d'électro rock m'a laissé une bonne impression. Ils n'ont rien inventé mais c'est bien fait. On se laisse très vite emporter par leurs boucles électro et leurs guitares puissantes. Le guitariste et le bassiste ont chacun devant eux un kit pour produire des sons et des boucles bien envoyés, le chanteur hurle dans une sorte de micro déformant, tout en gesticulant sur ses machines infernales.
Avec les projections en arrière plan, et les beats frénétiques, on approche de la transe. Un bon groupe pour péter les plombs en fin de soirée !
Critique écrite le 21 décembre 2001 par Pierre Andrieu
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