Chronique de Concert
Left Lane Cruiser, Théo Charaf, Jerron Paxton (Les Nuits de l'Alligator 2022)
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand 17 février 2022
Critique écrite le 23 février 2022 par Pierre Andrieu
Retour des concerts debout à La Coopé, suite... Avec ce soir, Les Nuits de l'Alligator et une prog royale, comme toujours pour ce super festival itinérant : les très belles découvertes Jerron Paxton et Théo Charaf, puis les vieux baroudeurs Left Lane Cruiser, toujours au taquet. On est jeudi, c'est gratuit (comme hier pour Johnnie Carwash et Unschooling), et donc il y a un monde fou dans le club et sur l'esplanade de la rue Serge Gainsbourg !
Jerron Paxton
Le soirée commence fort avec Jerron "Blind Boy" Paxton, qui se pointe en solo avec sa guitare et son micro vintage. Le temps d'une première partie, le jeune américain, qui n'est pas aveugle mais seulement mal voyant, déroule tout ce qu'il sait faire avec ses cordes vocales et ses deux mains : il chante divinement tel un bluesman des années 20, et joue de tous les instruments avec maestria et naturel : guitare folk, banjo, violon, piano, harmonica... On se croirait dans un bar louche du sud des États-Unis : dans le public tout le monde parle fort, voire gueule (c'est assez chiant), mais à la fin de chaque morceau personne n'oublie de faire un véritable triomphe au mec qui est sur scène (donc, ça passe). C'est dans cette ambiance assez rock 'n roll que Jerron Paxton prouve qu'il a la classe internationale et que le blues est toujours number one, comme le dirait Jon Spencer.
Théo Charaf
Dans une ambiance qui est plutôt à la fête alcoolisée, donc pas très appropriée, Théo Charaf déboule ensuite avec ses morceaux très sombres de folk blues intimiste. Les morceaux sont très bons, bien chantés et le clin d'œil au premier membre du tristement célèbre club des 27, Robert Johnson, est bien envoyé. Le problème, c'est que le gens qui sont au bar et dans le fond de la salle sont irrespectueux au possible et bavassent très fort ; comme Théo Charaf ne se démonte pas et joue à un volume sonore relativement faible, il faut vraiment tendre l'oreille. Ou se rapprocher de la scène, ce qu'on finit par faire, pour mieux apprécier les chansons du Monsieur. Qui, on le répète, tiennent parfaitement la route ! Clap de fin, sur un titre plus musclé joué à la guitare électrique, qui permet au songwriter français de prouver qu'il a plusieurs registres... Hâte de revoir ça sur scène, au Binic Folks Blues Festival, par exemple.
Left Lane Cruiser
Pendant le changement de plateau, on installe un copieux pack de douze canettes d'Heineken entre le kit de batterie et le siège du guitariste, signe que le fameux duo de trash blues, Left Lane Cruiser n'est pas devenu straight edge pendant le confinement, ouf ! Quelques minutes plus tard, c'est parti pour une monumentale branlée à base de riffs titanesques, de beuglements acharnés et de batterie cognée façon bûcheron. Oui, clairement, Left Lane Cruiser ne change pas et joue toujours la même chanson. Tant mieux, car elle est bonne cette putain de chanson viscéralement ancrée dans le blues du Mississippi et dans son rejeton, le rock and roll.
Ce déluge de distorsion savamment rythmé fait office de défouloir, c'est sans doute pour ça que les fans du groupe parlaient pendant les deux premières parties : ils attendaient de pouvoir se ruiner les tympans, les cordes vocales et les cervicales en headbanguant comme des bourrins, tout en hurlant comme des possédés. Là, c'est autorisé, et même conseillé ! Dans son line up originel, avec les deux dangereux malades, authentiques forçats de la route, Frederick J. Evans IV (chant et guitare) et Brenn Beck (batterie), Left Lane Cruiser ne déçoit pas, bien au contraire !
Photos : Garcia Torcuato www.facebook.com/torcuato.garcia.94
Critique écrite le 23 février 2022 par Pierre Andrieu
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