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Chronique de Concert

Lenny Kravitz

Lenny Kravitz en concert

Zénith Oméga - Toulon 5 juin 2012

Critique écrite le par

Parti tard, arrivé pile à l'heure, je tourne pour me garer et n'arrive au Zenith que quelques minutes avant 21 heures. Je ne verrai donc pas la 1ère partie. La tête d'affiche de la soirée se fait ensuite attendre pour faire son apparition sur scène près de 5 minutes après une longue intro par ses musiciens vers 21H40.



D'entrée, je suis mal à l'aise : le son est beaucoup trop fort, depuis le milieu du parterre. Rien n'y fera, je ne pourrai pas enlever mes protections auditives de toute la soirée, mes oreilles ne supportant pas les aiguës jouées à ce volume. D'entrée, la formation envoie du bois avec un morceau issu du dernier album. Les vidéos passant sur les écrans représentent de jolies jeunes femmes qui se déhanchent, bref, on est bien dans l'air du temps. La formation a ensuite la bonne idée d'entamer l'un de mes morceaux préférés du bonhomme, à savoir Always on the run. Petits frissons sur ce riff groovy à souhait qui me renvoie près de 20 ans en arrière ... Rappelons au passage que la musique de ce morceau a été composée par Slash et que le sieur Kravitz n'en est donc pas l'auteur.



Cette précision est importante parce que ce qui me saute aux yeux la quasi totalité du concert, c'est le caractère incomplet des titres de Kravitz. Il a souvent un riff sympa, mais le reste est souvent trop plat, sans changement notable. American Woman, reprise soit dit en passant, en est le parfait exemple ; à tel point qu'au bout de 2 minutes je trouve ça plutôt ennuyeux. Lenny entame ensuite son show à l'américaine, à remercier à tour de bras, à en rajouter des tonnes. Je commence à me braquer, étant venu entendre de la musique, pas voir une diva nous sortir le même baratin que celui qu'il débite soir après soir.



Kravitz se déplace comme s'il défilait pour un grand couturier, sourit de manière convenue, bref m'agace au plus haut point. Le comble du spectacle narcissique sera atteint avec Black and white America où la vie du chanteur défilera sur l'écran, agrémentée de photos de sa famille et surtout de lui-même depuis sa naissance. Le titre, pseudo politique, me paraît indigent et son intro bourrée d'écho chiantissime, comme le générique d'Arnold et Willy avec des photos de famille en fond.



Second hic, avoir d'excellents musiciens ne suffit pas à rendre le concert inoubliable, il faut aussi de la sincérité, de la prise de risque. Craig Ross est toujours aussi excellent à la 6 cordes et Gail Ann Dorsey déjà entendue aux côtés de Bowie a toujours une classe folle à la basse. Je trouve It ain't over ‘til it ‘s over hyper emprunté, Mr Cab driver super répétitif et chiant y compris le solo peu inspiré. L'interlude trompette qui suit m'ennuiera à mourir.



Sur Fields of joy, je retrouve la Kravitz touch avec un arpège sympa gâché par le même type de riff syncopé que sur American Woman ou Fly away. Rendons à César, ce titre a été enregistré avant les susnommés et se révèle très agréable. Sur Stand by my woman, l'intro au sax larmoyante m'arrachera juste quelques bâillements , le reste se révélant plus digeste. Believe est entrecoupé de larsens et d'un bourdon persistant, sans doute la faute au son trop élevé, comme quoi, de bons réglages peuvent empêcher bien des ennuis... Passons sur Stand qui ne présente aucun intérêt.



Le long speech qui suit est peut être le tournant du concert, Kravitz semblant véritablement ému par l'accueil réservé par le public. Il le remercie donc longuement, qualifiant son accueil de "bénédiction". Il en fait sans doute un peu beaucoup, mais ça plait, dont acte. Le set est-il ensuite véritablement bousculé ? Sister soi-disant inédit sur scène depuis 20 ans, a été joué la semaine précédente en Espagne. Il s'agira quoi qu'il en soit d'une rareté très réussie. Rock star city life semblera également sympathique, de même que Where are we runnin', même si la fin est plutôt lourdingue. Fly Away est l'archétype du tube vide où passé le riff, on s'emmerde ferme. Le public le chantera pourtant à tue tête, de la bonne musique de stade donc. Le second morceau que j'adore sera ensuite servi, Are you gonna go my way, étant exécuté avec brio. L'ombre d'Hendrix plane, mais ne boudons pas notre plaisir ! Le public saute d'ailleurs partout.



Le rappel sera composé d'I'll be waiting, cucul, gnangnan et plat à souhait, que le public gratifiera d'hurlements de joie et de Let love rule. Cet ultime titre est très réussi, le solo de trombone particulièrement agréable, les envolées qui suivront sur le break me raviront : ça groove enfin ! Il était écrit que ça ne se finirait pas comme ça, Kravitz nous servant sa spéciale : fin de morceau à méga rallonge accompagnée d'un tour de la salle avec gardes du corps veillant à sa sécurité, duo avec un gamin et refrain ad lib. Je quitterai la salle 10 bonnes minutes après le début du morceau, entendant encore le même refrain pendant plusieurs minutes sur le chemin me menant à ma voiture.



Kravitz a donc fait du Kravitz, donnant à son public ce qu'il était venu entendre, peu importe si l'inspiration et la musicalité n'étaient pas toujours au rendez vous. Après tout, cet excellent musicien n'a rien inventé et fait un peu office d'Hendrix ou de Prince du pauvre, s'inspirant allégrement de ses idoles.



Setlist :
Come On Get It
Always on the Run
American Woman (The Guess Who cover)
It Ain't Over 'Til It's Over
Mr. Cab Driver
Black And White America
Fields of Joy
Stand By My Woman
Believe
Stand
Sister
Rock Star City Life
Where Are We Runnin'?
Fly Away
Are You Gonna Go My Way
Rappel :
I'll Be Waiting(with band intros)
Let Love Rule


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