Chronique de Concert
Lenny Kravitz
D'entrée, je suis mal à l'aise : le son est beaucoup trop fort, depuis le milieu du parterre. Rien n'y fera, je ne pourrai pas enlever mes protections auditives de toute la soirée, mes oreilles ne supportant pas les aiguës jouées à ce volume. D'entrée, la formation envoie du bois avec un morceau issu du dernier album. Les vidéos passant sur les écrans représentent de jolies jeunes femmes qui se déhanchent, bref, on est bien dans l'air du temps. La formation a ensuite la bonne idée d'entamer l'un de mes morceaux préférés du bonhomme, à savoir Always on the run. Petits frissons sur ce riff groovy à souhait qui me renvoie près de 20 ans en arrière ... Rappelons au passage que la musique de ce morceau a été composée par Slash et que le sieur Kravitz n'en est donc pas l'auteur.
Cette précision est importante parce que ce qui me saute aux yeux la quasi totalité du concert, c'est le caractère incomplet des titres de Kravitz. Il a souvent un riff sympa, mais le reste est souvent trop plat, sans changement notable. American Woman, reprise soit dit en passant, en est le parfait exemple ; à tel point qu'au bout de 2 minutes je trouve ça plutôt ennuyeux. Lenny entame ensuite son show à l'américaine, à remercier à tour de bras, à en rajouter des tonnes. Je commence à me braquer, étant venu entendre de la musique, pas voir une diva nous sortir le même baratin que celui qu'il débite soir après soir.
Kravitz se déplace comme s'il défilait pour un grand couturier, sourit de manière convenue, bref m'agace au plus haut point. Le comble du spectacle narcissique sera atteint avec Black and white America où la vie du chanteur défilera sur l'écran, agrémentée de photos de sa famille et surtout de lui-même depuis sa naissance. Le titre, pseudo politique, me paraît indigent et son intro bourrée d'écho chiantissime, comme le générique d'Arnold et Willy avec des photos de famille en fond.
Second hic, avoir d'excellents musiciens ne suffit pas à rendre le concert inoubliable, il faut aussi de la sincérité, de la prise de risque. Craig Ross est toujours aussi excellent à la 6 cordes et Gail Ann Dorsey déjà entendue aux côtés de Bowie a toujours une classe folle à la basse. Je trouve It ain't over ‘til it ‘s over hyper emprunté, Mr Cab driver super répétitif et chiant y compris le solo peu inspiré. L'interlude trompette qui suit m'ennuiera à mourir.
Sur Fields of joy, je retrouve la Kravitz touch avec un arpège sympa gâché par le même type de riff syncopé que sur American Woman ou Fly away. Rendons à César, ce titre a été enregistré avant les susnommés et se révèle très agréable. Sur Stand by my woman, l'intro au sax larmoyante m'arrachera juste quelques bâillements , le reste se révélant plus digeste. Believe est entrecoupé de larsens et d'un bourdon persistant, sans doute la faute au son trop élevé, comme quoi, de bons réglages peuvent empêcher bien des ennuis... Passons sur Stand qui ne présente aucun intérêt.
Le long speech qui suit est peut être le tournant du concert, Kravitz semblant véritablement ému par l'accueil réservé par le public. Il le remercie donc longuement, qualifiant son accueil de "bénédiction". Il en fait sans doute un peu beaucoup, mais ça plait, dont acte. Le set est-il ensuite véritablement bousculé ? Sister soi-disant inédit sur scène depuis 20 ans, a été joué la semaine précédente en Espagne. Il s'agira quoi qu'il en soit d'une rareté très réussie. Rock star city life semblera également sympathique, de même que Where are we runnin', même si la fin est plutôt lourdingue. Fly Away est l'archétype du tube vide où passé le riff, on s'emmerde ferme. Le public le chantera pourtant à tue tête, de la bonne musique de stade donc. Le second morceau que j'adore sera ensuite servi, Are you gonna go my way, étant exécuté avec brio. L'ombre d'Hendrix plane, mais ne boudons pas notre plaisir ! Le public saute d'ailleurs partout.
Le rappel sera composé d'I'll be waiting, cucul, gnangnan et plat à souhait, que le public gratifiera d'hurlements de joie et de Let love rule. Cet ultime titre est très réussi, le solo de trombone particulièrement agréable, les envolées qui suivront sur le break me raviront : ça groove enfin ! Il était écrit que ça ne se finirait pas comme ça, Kravitz nous servant sa spéciale : fin de morceau à méga rallonge accompagnée d'un tour de la salle avec gardes du corps veillant à sa sécurité, duo avec un gamin et refrain ad lib. Je quitterai la salle 10 bonnes minutes après le début du morceau, entendant encore le même refrain pendant plusieurs minutes sur le chemin me menant à ma voiture.
Kravitz a donc fait du Kravitz, donnant à son public ce qu'il était venu entendre, peu importe si l'inspiration et la musicalité n'étaient pas toujours au rendez vous. Après tout, cet excellent musicien n'a rien inventé et fait un peu office d'Hendrix ou de Prince du pauvre, s'inspirant allégrement de ses idoles.
Setlist :
Come On Get It
Always on the Run
American Woman (The Guess Who cover)
It Ain't Over 'Til It's Over
Mr. Cab Driver
Black And White America
Fields of Joy
Stand By My Woman
Believe
Stand
Sister
Rock Star City Life
Where Are We Runnin'?
Fly Away
Are You Gonna Go My Way
Rappel :
I'll Be Waiting(with band intros)
Let Love Rule
Critique écrite le 13 juin 2012 par Cabask
Envoyer un message à Cabask
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Cabask
Lenny Kravitz : les dernières chroniques concerts
Lenny Kravitz, Roméo Elvis, XTRM, Danitsa, NATHANIEL RATELIFF & THE NIGHT SWEATS, Theo Lawrence & the Hearts (Paleo Festival 2018) par Lionel Degiovanni
Paléo Festival, Nyon , le 20/07/2018
XTRM
Pour démarrer le vendredi de Paléo, on attaque avec un groupe qui n'inspire pas vraiment confiance. J'ai l'impression d'avoir de jeunes tarés en face de moi lors de ce... La suite
Lenny Kravitz par Cedmcvsdiego
Patinoire Meriadeck, Bordeaux, le 03/12/2014
La patinoire n'est pas restée de glace hier soir lors de la prestation de Lenny Kravitz pour défendre "Strut", son dernier effort sorti en septembre. De "Dirty white boots" en... La suite
Paléo Festival : Xewin + Da Cruz + Niyaz + Imany + La Gale + Irma + Rodrigo Y Gabriela + Dope D.O.D. + Ibrahim Maalouf + Lenny Kravitz + Skip The Use par Galoubet
Nyon (Suisse), le 20/07/2012
Journée pluvieuse... la boue s'inviterait-elle au Paléo ? La mode étant aux bottes plastiques, il y a de quoi se poser des questions...
Show Case au Cosmo: les XEWIN
2 MC (un... La suite
Lenny Kravitz par lebonair
Bercy Paris, le 26/06/2012
26 juin dernier, Lenny Kravitz revenait à Bercy un an après son dernier passage ici. Je m'apprête donc à rentrer dans cette immense salle 18 ans après avoir lâcher l'affaire... La suite
Zénith Oméga - Toulon : les dernières chroniques concerts
Steve'n'Seagulls + Offset Smokers par Janfi
Zénith Oméga, Toulon, le 29/10/2022
La salle Le Live au Zénith Oméga de Toulon organise une pure soirée champêtre avec le groupe finlandais Steve'n'Seagulls. Ce groupe aux millions de vues sur Youtube qui reprend des... La suite
Francis Cabrel par Janfi
Zénith Oméga, Toulon, le 06/12/2021
Pour un lundi j'ai connu pire comme soirée car ce soir je suis au Zénith Oméga de Toulon pour voir et écouter Monsieur Francis Cabrel. Faut dire que j'écoute Cabrel depuis ses... La suite
-M- (MATTHIEU CHÉDID) + DAVID ASSARAF par Kris Tian
Zenith Oméga, Toulon, le 27/03/2019
En allant voir -M-, je me demandais ce qu'il pourrait encore être dit sur lui, sur sa prestation, son jeu de scène, sa -M-usique... Je me disais, "pas grand-chose", car l'on... La suite
Asaf Avidan + Rona Kenan par Ysabel
Zenith Omega - Toulon, le 14/10/2013
Nouvelle aventure et cap sur Toulon ce soir, avec la découverte de la salle du Zenith Oméga : un bel endroit, avec des côtés de scène tout en bois, un plateau ouvert, des lumières... La suite