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Chronique de Concert

Léo et Léon et la Diva Nova, Matjé, Runo La Camioneta

Léo et Léon et la Diva Nova, Matjé, Runo La Camioneta en concert

Pay Ta Tong La Ferrière 9 Juin 2019

Critique écrite le par

A La Ferrière, en Vendée, lors de ce week-end de Pentecôte 2019, le festival Pay ta Tong prend vie grâce à une merveilleuse équipe de bénévoles. Ces bénévoles adhérent à l'association Les Espadrilles fondée en 2001 par quelques jeunes ferrièrois avec une volonté forte d'insuffler une nouvelle dynamique culturelle et musicale à La Ferrière.

Depuis 2013, l'accès au festival est totalement gratuit. Le format familial sur deux jours, propose des spectacles de rue et familiaux le samedi et dimanche après-midi. Le dimanche soir 3 formations d'artistes musicaux, viennent ambiancer le site de verdure situé dans le centre de la commune.

Cette année, le festival Pay ta Tong aurait pu être rebaptisé, car il était fortement déconseillé de s'y rendre en " tongues " ; pour cause, une météo plus que capricieuse, qui a joué avec les nerfs de certains, mais n'a pas démotivés les plus téméraires, notamment le dimanche. Les bottes en caoutchouc auraient été des plus adéquates.

Cette soirée était déjà programmée depuis longtemps dans ma tête pour plusieurs raisons. La curiosité déjà ; de nombreuses connaissances m'avaient fait part de leur engouement pour ce festival vendéen.

La programmation du dimanche soir est quasi locale avec Léo et Léon et la Diva Nova  et Matjé , les vendéens, et Soviet'Suprem, la grosse tête d'affiche de cette soirée. Ma fille de 5 ans déjà fan de Léo et Léon et la Diva Nova me fait écouter leur album à chaque trajet en voiture. J'étais ravie de pouvoir enfin les voir. Malheureusement dû à des contraintes familiales, elle était chez son papa ce week-end. Mais nous retournerons les voir très vite ensemble.

Matjé, je l'avais vu l'année dernière à la Fête de la Sardine à la Roche-sur-yon, je n'avais pas pu apprécier le concert dans sa globalité car j'étais bloquée à l'espace restauration très très très occupé.

Le DJ Runo et la Camioneta assure quant à lui les interludes au son des musiques du monde, contente aujourd'hui de pouvoir revoir cet artiste posé à St Hilaire de Riez.
Donc départ vers 18h30 pour se rendre à La Ferrière. La pluie diluvienne nous a pris par surprise sur la route. Avec mon acolyte, nous nous interrogeons sur le maintien du festival au vu des conditions météorologiques. Nous optons pour le coup de fil à un ami , déjà sur place. Il nous confirme que le festival est maintenu, il y a du monde et qu'il y a même un chapiteau. " Fantastique ! " me dis-je dans ma tête, " un chapiteau, quelle ingénieuse idée ! ". Rassurés nous continuons notre périple pour arrivés sous une pluie battante au Pay Ta Tong.

Je ne prends pas le temps d'observer trop l'entrée du site, la pluie n'en fait qu'à sa tête et me pousse à chercher le fameux chapiteau. Effectivement il y a un chapiteau. DJ Runo et la Camioneta a opté pour se domicilier ici, avec sa belle camionnette bleue. Le concept farfelu d'installer ses platines sur le toit de son véhicule, enchantent les festivaliers qui se dandinent au son des rythmes proposés sur les platines.

Je retrouve des amis de longues dates avec leurs enfants. Les enfants ont hâte de voir Léo et Léon et la Diva Nova, malgré la pluie. J'observe l'installation des artistes sur la scène principale. J'observe aussi que le devant de la scène, il n'y a aucun moyen d'être à l'abri. Au fur et à mesure de l'installation du décor, les gens se rapprochent stratégiquement pour éviter d'être trop mouillé, soit près d'un arbre, de la régie, d'un stand.

Lorsque Léo et Léon et la Diva Nova entre en scène, les enfants avec leurs parents se positionnent devant eux, harnachés de leur k-way le plus efficace pour tenir tout le spectacle. Je souris doucement, j'ai envie de faire le parallèle avec les festivals anglais, comme le Gladstonebury festival par exemple. Peu importe le temps, les britishs sont toujours présents. Ce dimanche, la jeunesse vendéenne est bien déterminée à encourager les artistes.

En effet, le show est lancé. Léo et Léon sont accompagnés des deux gracieuses chanteuses de Mariluce dans ce spectacle appelé Léon et Léon et la Diva Nova.

Un spectacle tout en poésie. Le décor est quelque peu interactif puisque chacun des artistes est amené à faire " bouger " certains éléments de ce dernier.

Léo un jeune homme va suivre une sorte de parcours initiatique auprès de Léon, chauffeur de bus la journée et passeur de rêves la nuit. Ils sont accompagnés par la Diva Nova, (elles sont deux, mais ne forment qu'un personnage ; La Grande Dresseuse d'étoiles).

Alors je l'avoue, je ne suis pas aussi courageuse que les enfants et leurs parents. Je pars me réfugier sous un gros arbre pour observer de loin le spectacle. Les airs, je les connais et je les fredonne. Au milieu du spectacle, une accalmie ; je rejoins la bande des courageux petits vendéens.

Les artistes mêlent le théâtre, la musique, la chanson. Une joyeuse mise en scène avec des moments variés allant du rock à la berceuse, du slow à la valse. Je dois dire que la chanson Mon Papa, m'émeut particulièrement, allant même m'arracher une petite larmichette au coin de l'œil. Je suis probablement trop sensible.

Les sujets traités sont variés, les amis, la famille, l'amour, l'écologie. Les voix des chanteuses sont enveloppantes et se mêlent l'une à l'autre avec une très belle justesse. Ils sont drôles, vraiment drôles.

Leur prestation est un mélange d'imaginaire, de comique, de poésie, de vérité engagée. Ce n'est pas qu'un spectacle pour enfant, certains adultes devraient bien en prendre de la graine.

De jolis messages de bienveillance émanent de ce que nous proposent les 4 protagonistes. J'enviais les parents qui partageaient cet instant avec leurs enfants. J'ai été vraiment séduite par ce moment, j'ai très envie de les retrouver, avec ma fille cette fois. Les enfants et les parents applaudissent les artistes pour cette belle prestation.

J'ai l'impression que les artistes sont comblés de voir leur public si enthousiaste et téméraire, prêt à affronter les intempéries pour les soutenir et profiter de cet échange.

Vient le moment de changement de plateau. Effectivement le décor installé à l'occasion doit être démonté, ça risque de prendre un peu de temps. Heureusement, pour ambiancer les festivaliers il y a DJ Runo. Il prend sa mission très à cœur. Les vinyles filent sous ses mains, voici une ouverture musicale au monde. Dj Runo a dans ses bacs des vraies pépites puisqu'il est bien plus qu'un simple Dj, c'est un aventurier. Ses disques, ils les collectent, les chinent au fur et à mesure de voyages et de rencontres à travers le monde. C'est un  Indiana Jones des vinyles puisqu'une fois qu'il a trouvé son diamant, il nous diffuse tous ses trésors musicaux cachés et méconnus, aux notes ensoleillées et chaleureuse d'Amérique latine et de rythmes afros.

Très pédagogue, je remarque qu'il prend sous son aile un jeune homme d'une dizaine d'années pour qu'il l'aide dans sa mission. En plus d'être un artiste aventurier Dj Runo serait-il créateur de vocation chez la jeune génération ? Pour avoir eu la chance d'échanger avec lui et suivre également son actualité sur les réseaux sociaux, je vous invite fortement à le rencontrer du 28 juin au 21 juillet à La Guinguette ensablée - Lieu Culturel et Ephémère - Espace Liberté à Saint-Hilaire-De-Riez (Parking du Dinos Park). C'est de la dynamite culturelle ce concept, puisqu'il met en lien musiciens, artistes peintres, comédiens, sportifs, cuisiniers, danseurs, magiciens, pour proposer aux locaux et touristes une multitude de découverte.

Après avoir grignoté un bon sandwich, déguster une succulente crêpe à l'espace restauration où s'affairent les bénévoles, Matjé et ses compagnons scéniques relancent la " machine ".

Comme il y a beaucoup de ferrièrois sur le site, ils ont pu retourner chez eux pour mettre des vêtements secs. La pluie est partiellement de retour, mais beaucoup moins intense que précédemment. Le chanteur guitariste est entouré d'un accordéoniste, d'un pianiste/kora (instrument à corde du Mali), d'un contre-bassiste et d'un batteur.

C'est un son festif, coloré, une invitation aux voyages. J'en déduis de par ses textes que Matjé a pas mal baroudé à travers le monde auparavant. Au fur et à mesure des titres, cet homme bienveillant présente ses acolytes de scène. Ce qui vaut un beau solo au batteur.

Le groupe enchaîne ses titres, le public, jeunes et moins jeunes, se remue sur les rythmes qui émanent de la scène. Il y a un côté rap / hip-hop je trouve dans la diction et le phrasé de ses chansons. Matjé, j'ai eu la chance de le rencontrer hier sur la zone à projets du Yellow Circus.

Un artiste engagé, qui croit en l'humain, défend les valeurs de la bienveillance des uns envers les autres, dénoncent parfois le système actuel avec le titre Plaies ouvertes. Avec  Mada m'a dit, Matjé partage avec nous son expérience de vie à Madagascar.

Le titre Bal populaire à La Ferrière comme il le chante, fait sonner la fin du set des artistes. Mais après un rappel, les 5 compères reviennent sur scène où ils interprètent une fantastique reprise de Monsieur MC SOLAR ; Bouge de là. Oui oui, il y a un message aussi ici j'imagine. Nous devons nous bouger, il n'est pas trop tard, mais il ne faut pas attendre 10 ans non plus. Se bouger pour des raisons diverses et variées, l'écologie, la culture, nos droits, nos vies.

Pour l'anecdote, Matjé est poursuivi par la panne de micro. La veille au Yellow Circus, lors de son set en solo, petite panne de micro très bien gérée par les techniciens sur place. Il en est de même ce soir à la fin de leur passage, mais la situation est ici aussi très vite prise en main par les personnes compétentes.

Je vous encourage vivement à aller découvrir cet artiste et sa bande si vous ne le connaissez pas. Je n'ai pas de doute, vous serez séduit par son humilité, son charisme solaire et sa présence scénique.

Pour ma part, la soirée touche à sa fin même si je reste curieuse de voir Soviet Suprem. La lourdeur et la moiteur de ma doudoune inondée par la pluie du début de soirée, ont traversé mes habits et rejoignent maintenant mes os. Je grelotte, je tremblote... Je prends quand même le temps d'admirer les affiches des éditions précédentes où bon nombres d'artistes sont passés par là ; Stromae, The Skatalites, Skip the use, Imani ...

Puis passée la sortie, j'admire les assemblages de vinyles positionnés à l'accueil. Sur le trajet du retour, en mode passager, mon téléphone sonne. Une notification d'un célèbre réseau social me montre un live de Soviet Suprem. L'ambiance est festive, le chanteur s'élance sur un slam dans la foule, ça a l'air de bien bouger.


Pour une première au Pay ta Tong, j'avoue que je reste sur ma faim malgré une très bonne programmation. On ne choisit pas la météo, depuis plus de 10 années d'existence c'est la première fois qu'il pleuvait d'après les habitués du festival. Mais je suis quand même convaincue, d'autant plus lors d'un festival familial où l'accueil du public jeunesse est essentiel, qu'il est conseillé d'avoir un plan B en cas d'intempéries pour pouvoir accueillir dans des conditions disons moins aquatiques.